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CAPES: la crise de recrutement s’aggrave – Le blog de Claude Lelievre
Le blog de Claude Lelievre

CAPES: la crise de recrutement s’aggrave

Comme le souligne le SNES dans son récent dossier de presse «  les résultats de l’admissibilité de la session 2012 ne présagent rien de bon […] ; la crise s’installe et s’aggrave : non seulement le nombre de postes au concours est en baisse, mais ils ne seront pas tous pourvus comme l’indique la proportion admissibles/postes ».

Comme le montrent les résultats, la proportion admissibles/postes est en effet restée faible ( voire s’est affaiblie ) pour 8 disciplines : lettres classiques ( 0,54 pour 2012 contre 0,57 en 2011 ), lettres modernes ( 1,24 contre 1,28 ), sciences économiques et sociales  ( 1,70 contre 1,81 ), allemand ( 1,10 contre 1,30 ), anglais ( 1,37 contre 1,45 ),mathématiques ( 1,25 pour 2012 contre 1,10 en 2011 : léger progrès ici, mais situation toujours difficile ), éducation musicale ( 0,95 en 2012 comme en 2011 ), documentation ( 1,25 contre 1, 68 ).

Contrairement à ce qu’avait soutenu Josette Théophile ( la DRH du ministère de l’Education nationale )  à l’issue des résultats  très inquiétants de la session 2011 où 826 postes n’avaient pas été pourvus pour le seul CAPES, il ne s’agit donc pas d’une simple « transition ponctuelle » ( liée au changement des dates des concours, avait-elle ‘’précisé’’ ).
Au total, pour le concours externe 2012 des CAPES disciplinaires, il y a 6314 admissibles pour 4847 postes ( soit une proportion admissibles/postes de 1,30 ) contre 7492 admissibles pour 4881 postes au concours externe 2011 des mêmes CAPES disciplinaires ( soit une proportion admissibles/postes de 1,53 ).

Comme le souligne à juste titre le communiqué du SNES, « on retrouve les CAPES dont tous les postes n’avaient pas été pourvus en 2011 avec une aggravation pour certains d’entre eux ( notamment l’allemand et la documentation ) et une légère amélioration pour les mathématiques, mais qui ne couvrira pas tous les besoins de cette discipline ».

Le SNES interpelle sur ce point les candidats à la présidence de la République en faisant valoir que « l’urgence est bien de réussir à  recruter davantage de personnels d’enseignement, d’éducation et d’orientation, en programmant l’augmentation des recrutements « ; tout en précisant que « pour augmenter l’attractivité du métier d’enseignant, il faut mettre en place des pré-recrutements, véritable rémunération des étudiants qui s’engagent dans les voies de l’enseignement, permettant ainsi de sécuriser leur parcours et de diversifier l’accès au métier »

On le sait, François Hollande est depuis longtemps favorable à l’établissement d’un plan pluriannuel de recrutement; et il s’est d’ores et déjà prononcé ( lors de son discours sur « l’Ecole et la Nation  » de jeudi dernier ) pour un pré-recrutement:  » afin de remédier à la crise de recrutement – qui est réelle tant les vocations ont été découragées […] nous ferons en sorte de financer des études longues, avec une filière de pré-recrutements, pour former des enseignants le plus vite possible, dès la licence, de façon à orienter les vocations et à aider les jeunes à financer leurs études »

Commentaire (1)

  1. Rémi Boyer

    Bonsoir Claude,
    La crise des vocations telle que nous l’observons progressivement vers le métier d’enseignant, chacun en connaît les causes. Cependant, c’est peut-être aussi un changement d’époque, de positionnement, qu’opèrent les étudiants, préférant finalement tester ce métier avant de s’y engager (ou de s’en détourner définitivement) par la voie d’un concours réputé difficile, aux savoirs académiques souvent éloignés des pratiques de terrain.
    Il est peut-être temps de se poser collectivement la question : est-il souhaitable d’enseigner la même discipline au même niveau pendant 41.5 années ? Est-il souhaitable d’enseigner toute une vie dans le 1er degré, connaissant les troubles musculo-squelettiques dont souffrent les enseignants après 35 ans, et surtout après 50 ans ? Peut-il être souhaitable d’imposer une mobilité du collège vers le lycée, ou inversement, tous les dix ans au moins pour un enseignant du 2nd degré afin d’éviter les phénomènes d’usure professionnelle souvent rencontrés ? Il y a peu, c’était 37.5 années, et les instituteurs avant la réforme de professeur des écoles pouvaient partir en retraite à l’âge de 55 ans, qui est très proche maintenant du milieu d’une carrière…puisque l’entrée dans le métier a été porté au niveau d’un Master.
    Après avoir tant seriné aux étudiants et aux salariés que nous étions dans l’ère de la formation tout au long de la vie dans les années 90-2000, ils ont tous compris que la mobilité tout au long de la vie leur permettra d’enrichir leur professionnalisation, puisque nombreux sont les jeunes enseignants à entrer dans le métier de prof avec à l’esprit qu’ils n’y resteront pas toute leur vie. Ceux qui nous contactent indiquent s’être fixé un objectif de 5 à 10 ans maximum dans ce métier qu’ils trouvent pénible, avec un manque criant de reconnaissance et d’empathie de la part des personnels d’encadrement, de proximité ou non, et des personnels académiques, vis-à-vis de leurs difficultés. Beaucoup ne sont pas formés à la GRH, alors que la réforme de l’évaluation exigera d’eux un tel positionnement, et dans quelles conditions ? Nous en venons à croire que la rénovation de la GRH ne s’est faite que sur le papier, et que seuls les services de GRH mettent en œuvre de la GRH, les autres ne s’estimant pas concernés.
    Alors dans ces conditions, si l’on sous-estime l’importance de l’accueil positif et constructif que suppose d’épauler de nouveaux enseignants, bien au-delà de la rénovation de la formation pratique qu’il faut leur dispenser, comment croire que l’on puisse réellement redonner de l’attractivité au métier d’enseignant ?
    Actuellement, ce que nous répétons depuis notre création en 2006 commence à se profiler : le métier d’enseignant manquant cruellement de perspectives professionnelles, réduites actuellement à des changements de niveaux ou de discipline – puisque tout ce qui leur est accessible autrement est peu à peu sacrifié sur l’autel des réductions budgétaires – ou à devenir personnel de direction toujours au contact d’élèves, de l’atmosphère scolaire (et de ses décibels…), l’exigence d’un Master en fait réfléchir plus d’un : à égalité de diplôme, devenir ingénieur est mieux payé, si l’on compare les salaires obtenus au bout de dix ans d’ancienneté. Comme la France manque d’ingénieurs, il se peut que bon nombre de ceux qui avaient des aptitudes pour devenir enseignants s’en détournent encore dans les années qui viennent, car une réforme de la formation ne règlera pas tout immédiatement, tel un navire sur sa laisse.
    Redonner de l’attractivité au métier, pour inciter les étudiants à revenir plus nombreux vers l’enseignement, c’est aussi faciliter l’entrée et la sortie du métier de professeur, en termes de passerelles vers d’autres fonctions salariées, notamment administratives, et, surtout, car aucun Ministre de l’Education n’en a eu l’idée ni l’audace jusqu’ici, de faciliter la mobilité des enseignants tout au long de l’année, comme le prévoit déjà la loi du 3 août 2009 pour tous les fonctionnaires.
    Il faut cesser cette politique qui consiste à stigmatiser toute une profession d’abandonner ses élèves en cours d’année pour réaliser la mobilité de son choix, au moment où l’on en ressent la nécessité. Il faut cesser cette politique d’infantilisation que ressentent ces milliers d’adultes chargés pourtant de se comporter comme tels face à des enfants, des adolescents. Il faut que, dans cette Ecole, chacun grandisse dans son comportement, et accueille la demande de « l’autre » dans un esprit constructif, humaniste. Voilà ce qui manque à notre système, aux relations professionnelles entre les personnes: l’empathie, et l’humanisme.
    C’est cette voie que nous proposons, car il n’est rien de pire qu’un métier dont il n’est pas facile de sortir, et dont il est difficile, avant d’y entrer, d’entrevoir ses réelles portes de sortie.
    Cordialement.

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