Cette loi sur l’enseignement supérieur promulguée le 26 janvier 1984 s’est plus imposée au ministre de l’Education nationale Alain Savary qu’il ne l’a vraiment voulue. Sa gestation fut longue et difficile, ainsi que son application. Initialement, Alain Savary n’avait en effet aucune intention de faire une nouvelle loi sur le supérieur succédant à celle d’Edgar Faure qui avait bouleversé le paysage universitaire une quinzaine d’années plus tôt. Mais il fut conduit finalement non seulement à l »’actualiser » comme il en avait le dessein, mais à la remplacer. L’élaboration de cette loi dura plus de deux ans, et son application demanda plus d’une soixantaine de décrets…Ainsi va le monde.
Cette loi du 26 janvier 1984 a d’abord pour ambition d’aller dans le sens d’une certaine unification de l’ensemble du supérieur en intégrant toutes les formations post-secondaires rassemblées dans un grand service public d’enseignement supérieur (article premier).
Tout en se fondant sur les principes institués par Edgar Faure en 1969, la loi crée les EPSCP, nouvelle catégorie d’établissements publics à côté de ceux déjà existants (à caractère administratif, industriel ou commercial) : les « Etablissements publics à caractère scientifique, culturel et professionnel » (titre III de la loi). L’objectif de cette création est d’augmenter l’autonomie administrative, pédagogique et financière des différentes structures d’enseignement supérieur (Universités, écoles et instituts extérieurs aux Universités, ENS et « grands établissements scientifiques »). Un objectif proclamé récurrent depuis…
Par ailleurs, les conseils chargés de régir la vie universitaire sont remodelés, la représentation des différents partenaires variant relativement aux finalités de chaque conseil (conseils d’administration, scientifiques, des études et de la vie universitaire) avec de vives controverses, également récurrentes.
Le second objectif majeur est la réduction de la »sélection naturelle » universitaire par une certaine réorganisation des études, avec une attention toute particulière accordée au début des cursus (un thème récurrent là aussi depuis, avec des résultats assez incertains). Il est prévu que désormais le premier semestre du premier cycle soit consacré à une prise de contact non plus avec une seule discipline spécialisée mais avec des champs disciplinaires, dans l’intention de permettre aux étudiants un choix mieux fait »en connaissance de cause ». Près de 500 postes et 23 millions de francs de crédits d’équipement sont effectivement destinés à cette réforme du premier cycle. Mais en réalité, ce projet bouleversant bien des habitudes ne sera pas mis vraiment en application sur le terrain…