Ce livre peut être en effet une carte et une boussole pour les deux principaux chantiers de la « refondation de l’Ecole » enfin à l’ordre du jour : les programmes et les évaluations. Car « Ce que l’école devrait enseigner » de R-G Gauthier (IG et membre du CSP), publié chez Dunod, mérite son sous-titre : « Pour une révolution de la politique scolaire en France ».
La »révolution » ce serait de mettre la question de « ce que l’école doit enseigner » (couplée avec celle de l’évaluation de ce que doivent et peuvent maîtriser effectivement les élèves) au centre de la politique scolaire. Et ce serait en effet une »révolution copernicienne » si on en juge par l’état des lieux décapant effectué par Roger-François Gauthier.
Les titres (interrogatifs) des chapitres peuvent donner un aperçu du chemin emprunté : « Les programmes scolaires sont-ils illisibles ? » ; « Est-il possible de s’entendre sur les savoirs à enseigner ?» ; « La finalité de l’école : question centrale ou superflue ? » ; « En quoi la machine à évaluer est-elle devenue folle ? » ; « Et si on faisait une place au libre désir d’apprendre » ?; « Les disciplines, qui sont la partie, doivent-elles commander au tout, qui est la culture de l’élève ? » ; « Contenus d’enseignement : à qui revient le pouvoir ? » ; « Quels enseignants ? » ; « Que faire en France (2014-2024) ? »
Et, pour faire bonne mesure, un extrait pour donner la » tonalité’‘ de cet ouvrage important et novateur. Le début du Préambule. « Qu’est-ce que l’école doit enseigner ? Cette question peut être posée selon deux visions diamétralement opposées. Vision n°1. La façon dont l’école organise le cheminement des élèves, leur orientation, leur affectation entre les écoles, leur répartition entre les places offertes par la société est une question centrale ; il faut sélectionner et affecter les gens là où ils peuvent trouver place, mais aussi faire émerger une élite, de gens à l’esprit agile et capable d’apprendre : c’est essentiel à l’ordre du monde ; quant à la question de savoir ce qu’ils apprennent dans cette école chargée d’abord de classer et de pourvoir, les réponses sont assez simples et, au fond, d’intérêt plutôt secondaire. Vision n°2. Les choix qu’effectue une société sur ce qu’enseigne son école ne sont pas anodins. Selon ce que l’école enseigne ou non, la population passée par cette école n’aura ni les mêmes valeurs, ni les mêmes capacités sociales ou économiques, ni la même vision du monde . Tout est possible, selon ce qu’on veut : une population portant haut des valeurs démocratiques ou au contraire facile à asservir ; une population absorbée dans une compétition entre individus ou laissant au contraire place à la coopération et l’entraide ; une population répartie en castes étanches ou permettant des transitions fluides aux divers âges de la vie… »
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