Il a eu lieu pour le collège non pas – comme on le croit souvent- à partir de l’institution du »collège unique »en 1975, mais avant alors que Georges Pompidou (pourtant agrégé de lettres classiques) était président de la République.
Le ministre de l’Education nationale Edgar Faure annonce à l’Assemblée nationale le 24 juillet 1968 que« le premier cycle secondaire, dans ses deux premières années, c’est à dire la sixième et la cinquième, devra comporter un enseignement totalement unifié. Ce sont des années d’orientation et d’observation, et il n’est vraiment pas possible de marquer dès le début une démarcation. Cela doit logiquement nous conduire à reporter l’enseignement du latin à la classe de quatrième ».
La suppression du latin en sixième est approuvée par les trois fédérations de parents d’élèves et deux des principaux syndicats d’enseignants (le SNES et le SGEN). Mais elle est vivement contestée par la Société des agrégés, la « Franco-ancienne » et le Syndicat national des lycées et collèges (le SNALC).
En juin 1969, Georges Pompidou est élu Président de la République. Il écarte Edgar Faure, qu’il n’apprécie guère ; et il nomme Olivier Guichard à la tête du ministère de l’Education nationale. Beaucoup croient que les mesures décidées par Edgar Faure vont être rapportées, puisque le nouveau chef de l’Etat s’est clairement prononcé au cours de la campagne des présidentielles dans une lettre à « l’Association pour la Défense du latin » datée du 7 juin 1969 : « La question que vous avez bien voulu me poser dans votre lettre du 22 mai est de celles qui touchent en moi aussi bien l’ancien professeur de lettres classiques que l’homme politique. J’ai toujours pensé qu’il ne saurait être question d’imposer à tous l’étude du latin » avait écrit Georges Pompidou ; « en revanche, il est des lycéens qui tireront un réel profit dans la connaissance de notre langue et de notre civilisation d’une initiation précoce à la langue latine, à ses mécanismes, à l’histoire dont nous sommes les héritiers : je souhaite donc que la possibilité d’une telle formation soit maintenue ou rétablie ».
Mais quelques jours seulement après son installation au ministère de l’Education nationale, Olivier Guichard crée la surprise. Le ministre, qui est un ancien « khâgneux » et se déclare un « littéraire pur », s’affirme « convaincu profondément de l’utilité du latin » ; mais il ajoute : « J’ai repris en le modifiant et en le complétant un arrêté qui avait été signé par M. Edgar Faure. Une augmentation de l’horaire de français de la classe de cinquième permettra de donner à tous les élèves une initiation au latin, notamment par le biais de l’étymologie. Je suis assuré que cette mesure est plus favorable aux options de latin en quatrième que l’étude du latin sous forme pure et simple d’option en classe de cinquième ». La messe est dite, et le latin reporté à la classe de quatrième.
Cependant les tenants de l’enseignement classique ne l’entendent pas de cette oreille. Le 5 juillet 1969, le « Comité de liaison pour la défense du latin » proteste et rappelle la contre-proposition qu’il a formulée pour aller dans le sens de l’unification du cursus de tous les élèves de sixième et cinquième afin qu’il y ait une observation et une orientation véritables : « Le Comité réaffirme qu’il est non seulement possible mais souhaitable d’organiser une initiation au latin pour tous, au plus tard en sixième ». Et l’« Association pour la défense du latin » rend publique la lettre qu’elle avait reçue le 7 juin de Georges Pompidou, alors candidat à la présidence de la République.
Mais le président de la République Georges Pompidou a finalement accepté la solution du ministre de l’Education nationale et s’y tient ; et ce fut un point de non-retour. Comme le rapporte Olivier Guichard, « le sujet du latin était cher à un homme qui l’avait longtemps enseigné et croyait à son utilité dans l’apprentissage d’une langue qu’il aimait plus encore : la nôtre. Pour ma part, le latin avait été ma discipline préférée. Nous eûmes sur ce sujet une querelle d’amoureux. Lui, au fond, aurait voulu rendre le latin obligatoire pour tous de la sixième à la quatrième. C’était une position irréaliste et il le savait. Je pensais que le latin ne perdrait pas un élève en perdant deux années d’enseignement ; mais que l’on gagnerait en sixième une orientation plus séduisante, si elle était bien faite, et en tout cas mieux débarrassée de certaines traditions de classes »..
Entre nous quel est l’objet de votre message ?
Par ailleurs, le latin ne me semble pas en difficulté (contrairement aux sciences) et mes enfants (17, 13, 12) ont soit suivi, soit suit actuellement, soit souhaite suivre l’enseignement du latin au collège même si c’est pour ensuite découvrir le Grec… Et cela alors qu’ils ont beaucoup plus d’aptitudes pour les mathématiques que pour le français et autres langues. En effet, plus que la grammaire latine, c’est surtout l’aspect culturel et civilisation qui les attire et leur plait.
Ensuite commencer en 6ème, en 5ème ou en 4ème peut importe à mon avis, mais mon plus jeune (qui est en CM2) ne comprend pas pourquoi il lui faudra attendre la 5ème pour commencer le latin…
Mais, je rebondi et répète, je suis plus inquiet par la place de plus en plus minime laissée à l’enseignement des sciences…
Le fait qu’on ignore actuellement que 85% de nos bibliothèques d’Europe sont rédigés en latin et que la littérature latine dite « classique » (de Plaute à Tacite) ne représente que 0,01% de cette immense source de savoir, prouve que les Francs d’Occident, qui se disent d’ailleurs maintenant Gaulois et non plus Germains, n’ont jamais digéré que le titre d’empereur fût passé à l’Est, et que leur peuple est bien endoctriné de balivernes. Napoléon ayant essayé d’imposer le français et détruit l’Empire, et Hitler ayant entamé l’attaque contre le latin, nous voici dans de beaux draps, car leur successeurs ne sont pas moins barbares (sur ce plan-là du moins)…
Et tamen, sermo Latinus adhuc est vivus. Venite ergo ad Scholam Novam in Belgio sitam !!!