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PISA 2015: quels ministres? – Le blog de Claude Lelievre
Le blog de Claude Lelievre

PISA 2015: quels ministres?

Les ministres de l’Education nationale sont loin d’être tout-puissants (et donc unilatéralement  »responsables » des résultats scolaires…). Mais ils en sont  »comptables » (selon nos interpellations habituelles, comme on le fait ordinairement envers -par exemple – le  »ministre de l’Intérieur » pour l’ordre et la façon dont il est assuré).

Les élèves testés pour « PISA  »2015 » », dont nous avons les résultats en ce mois de décembre 2016, sont nés en l’an 2000. Ils sont donc arrivés, en principe, au cours préparatoire en 2006 et en troisième en 2014 (parcours  »normal » ou  »moyen »).

Durant cette période, on a eu les ministres de l’Education nationale suivants :

Gilles de Robien : de juin 2005 à mai 2007

Xavier Darcos : de mai 2007 à juin 2009

Luc Chatel de juin 2009 à mai 2012

Vincent Peillon de mai 2012 à avril 2014

Benoît Hamon d’avril 2014 à août 2014

Najat Valaud-Belkacem depuis fin août 2014.

On peut donc noter que les élèves testés pour PISA 2015 ont effectué la totalité de leurs parcours élémentaires sous les trois ministres de droite (Gilles de Robien, Xavier Darcos, Luc Chatel), et seulement leurs trois dernières années de scolarité sous trois ministres de gauche (Vincent Peillon essentiellement), étant entendu que les politiques scolaires qu’ils ont pu mener n’ont pu être mis en oeuvre qu’avec un certain  »effet retard » dans leurs applications plus ou moins effectives.

Si l’on tient compte de  »cet effet retard » incontournable pour chacun, on peut dire que les élèves testés pour « PISA 2015 » ont eu une scolarité essentiellement sous la houlette des trois ministres de droite, Gilles de Robien étant d’ailleurs arrivé au ministère de l’Education nationale un an avant l’entrée au Cours préparatoire de la cohorte des élèves testés pour PISA 2015.

Par ailleurs, si on se focalise (comme beaucoup le font actuellement) sur l’enseignement primaire et les  »fondamentaux », il convient sans doute de rappeler quelle a été à ce sujet la politique menée en leurs temps par les ministres de l’Education nationale de droite.

Gilles de Robien s’est illustré par la promotion unilatérale de la  »méthode syllabique » en lecture. Le 23 novembre 2005, il déclare devant l’Assemblée nationale que : « l’apprentissage de la lecture doit commencer par la reconnaissance des sons qui forment une syllabe pour ensuite former un mot ». Le 7 décembre 2005, il invoque le secours des neurosciences  à l’appui de sa position : « les spécialistes des neurosciences expliquent que le cerveau est constitué de telle façon que c’est avec les méthodes syllabiques que l’on apprend le mieux à lire ». Hélas, trois fois hélas, le cognitiviste Franck Ramus fait publier dans « Le Monde de l’éducation » de mars 2006 un texte approuvé par la plupart des scientifiques qui ont été évoqués par Gilles de Robien pour le soutien de sa cause : « Dans le débat sur  »les méthodes de lecture », la science a bon dos. Invoquée à la fois par le ministre de l’Education nationale et par ses opposants, elle semble se plier aux différents points de vue ».

Le soutien au ministre de l’Education antionale n’est pas non plus sans faille dans le camp de la droite. Dès décembre 2005, Xavier Darcos formule de sérieux doutes sur l’immixtion du ministre dans la pratique pédagogique des enseignants. Le 13 février 2006, dans « Libération », François Fillon est catégorique : « outre que cette querelle est tranchée depuis longtemps, c’est selon moi contraire à la liberté pédagogique ». In fine, la circulaire ministérielle publiée le 3 janvier 2007 sous le ministère de Gilles de Robien met l’accent sur la démarche syllabique, mais sans plus.

Xavier Darco, lui, a promulgué en 2008 de nouveaux programmes du primaire qui rompaient sensiblement avec la période précédente et qui ont suscité de vives polémique. Au point d’ailleurs que deux de ses prédécesseurs à la tête du ministère de l’Education nationale (Jack Lang et Luc Fery) n’ont pas hésité (et c’était une première dans le genre) à rédiger et à publier un texte commun les mettant en cause très sévèrement dans « Le Nouvel Observateur » du 13 mars 2008 . « Paresse intellectuelle », «vide abyssal », « imposture », « reniement » : tels sont les termes choisis par Jack Lang et Luc Ferry pour qualifier ces nouveaux programmes, qui « risquent, disent-ils, de nuire gravement à la santé de notre système éducatif». Et ils ajoutent que « pour satisfaire à la démagogie ambiante, on affirme sans vergogne que ‘’programmes courts = programmes centrés sur les fondamentaux’’, alors qu’il suffit de réfléchir trois minutes pour comprendre qu’à l’évidence c’est l’inverse qui est vrai : plus les programmes sont courts dans le texte officiel, plus ils sont lourds dans la classe » Et les deux ministres de citer comme exemple, la  »Révolution française », qui, mise « sans autre précision au programme, est au sens propre sans limite ». Pour finir, les deux anciens ministres lancent de concert un appel à Xavier Darcos pour qu’il « renonce au populisme scolaire ». En vain.

Bon, on va voir ce qu’on va voir. Avec les résultats  »PISA 2015 » à la clé.

Commentaires (4)

  1. nicolas

    Mais un élève de primaire entre 2006 et 2008 a subi les programmes 2002 mis au point sous le ministère Jack Lang ! L’effet retard là aussi…

  2. michael

    pas de bol 2002 – 2005 c’était Luc Ferry ….

  3. Jacques Bureau

    Certes le ministre de l’éducation nationale n’est pas tout-puissant ! Un ministre de gauche n’a-t-il pas reconnu, avoir été impuissant à « dégraisser le mammouth ».(Claude Allègre, ministre de l’éducation nationale, de la recherche et de la technologie du 4 juin 1997 au 27 mars 2000 dans le gouvernement de Lionel Jospin)

    En revanche les syndicats de l’éducation nationale sont certainement plus puissant que le ministre. Preuve en est que la France est le seul pays européen où les enseignants, primaire collège lycée ne sont pas soumis à une formation continue obligatoire. Pour un médecin ou un pharmacien s’il ne suit pas une formation continue il est radié de son ordre respectif. Pourquoi les profs ont tout acquis pendant leur formation initiale ?
    Le rapport CESCO compare le temps de formation continue obligatoire par pays. C’est le Royaume-Uni qui propose à ses enseignants le plus de formation continue.

    D’autre part il est clairement de la responsabilité du ministre d’attribuer les grandes enveloppes budgétaires. Il est évident qu’en France on consacre trop d’argent au lycée et pas assez à l’enseignement primaire. Un peu de courage politique devrait conduire à la suppression des innombrables options du lycée qui coûte fort chers pour très peu d’élèves.

    Enfin la répartition entre les collectivités territoriales en charge des locaux de l’entretien et du périscolaire et d’un ministre parisien pour les enseignants et les programmes, est une évidente usine à gaz. Il y a une vraie réforme de structure à opérer en supprimant les rectorats et en créant des Agences Régionales de l’éducation, dont le directeur ayant rang de préfet aurait tout pouvoir pour les nominations et les allocations de ressource.(A l’image des Agence régionale de Santé).

    Il est vrai qu’aucun gouvernement n’a eu le courage politique d’affronter les syndicats réactionnaires (SNES) de l’éducation nationale dont le mot d’ordre est : « Tout va très bien madame la marquise » surtout ne changeons rien !
    Dans sa grande sagesse Waldeck-Rousseau en 1884 en reconnaissant le droit des travailleurs à former syndicats pour défendre leurs intérêts en avait exclu les fonctionnaires… en effet pour ce corps de l’État dont le patron et la République elle-même, les syndicats devaient être inutiles !

  4. Salomon

    Enfin la répartition entre les collectivités territoriales en charge des locaux de l’entretien et du périscolaire et d’un ministre parisien pour les enseignants et les programmes, est une évidente usine à gaz. Il y a une vraie réforme de structure à opérer en supprimant les rectorats et en créant des Agences Régionales de l’éducation.

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