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Les armes singulières du lycéen de Grasse – Le blog de Claude Lelievre
Le blog de Claude Lelievre

Les armes singulières du lycéen de Grasse

Il était armé d’un fusil, de deux armes de poing et de deux grenades, ce qui est tout à fait contraire à la « tradition française » de violences avec armes dans les établissements scolaires qui, dans la quasi totalité des cas, se font non pas avec des « armes à feu » (comme aux USA) mais avec des « armes blanches ».

En milieu de journée, ce lycéen de 17 ans scolarisé au lycée Tocqueville de Grasse (Alpes-Maritimes) a blessé deux personnes, dont le proviseur de l’établissement.

Contrairement à ce que l’on pense souvent, la liste de ces agressions à l’arme blanche (parfois à l’issue fatale) est longue, et date de longtemps. J’en ai donné certains exemples dans le livre que j’ai écrit avec maître Francis Lec (avocat-conseil national de la « Fédération des Autonomes de Solidarité Laïque », une mutuelle pour faire face aux  »risques du métier » d’enseignant) paru chez Fayard en 2007 : « Histoires vraies des violences à l’école ».

Longtemps, dans l’espace public et notamment la presse, les  »’violences à l’école » ont été traitées comme des faits divers mais pas comme un sujet en tant que tel, spécifique

Par exemple «  Le Monde » ne se fait pas faute de mettre en évidence tel ou tel cas de violence à l’école, mais toujours à titre de « faits divers ». Ils peuvent parfois être nombreux et suggestifs, comme durant les années 1977-1978. A titre d’exemple : « Un élève tue un de ses professeurs au collège d’enseignement secondaire Saint-Marcel à coup de couteaux » (28 février 1978) ; « Un professeur poignardé et blessé dans un lycée de Lille » (18 novembre 1978) ; « Un collégien de 12 ans tue un camarade dans une bagarre à Aubervillers » (22 octobre 1979 ) ; « Un lycéen grenoblois de 17 ans blessé à coups de ciseaux en essayant de s’opposer à une tentative de racket » (20 novembre 1979).

On peut aussi citer pour mémoire deux drames qui ont défrayé la chronique en 1992 et 1993, période durant laquelle la thématique de la violence scolaire a justement émergé sur la place publique et a commencé à devenir une affaire d’Etat.

« Un lycéen est mortellement poignardé pendant une récréation » ( « Le Monde »). Le 12 novembre 1992, dans la cour du lycée d’Alembert, Djamel Essargi, un lycéen de 19 ans, est blessé alors qu’il tente de défendre l’un de ses camarades pris à partie par quelques jeunes. Poignardé dans le dos à l’aide d’un couteau de chasse, Djamel décède en début d’après midi au CHU de Saint-Etienne. L’auteur du meurtre, Abdelkader Rahou, 18 ans, est inculpé de « violence volontaire à l’aide d’une arme ayant entraîné la mort ».

« La mort d’un lycéen à Brest » ( « Le Monde » ). Le 17 septembre 1993, à la sortie de la mi-journée du lycée Amiral-Ronarc’h, dans le quartier de la Cavale-Blanche, à Brest, David, 16 ans, est tué d’un coup de feu à l’issue d’une dispute par Fahrid,16 ans également, qui est mis en examen pour « assassinat ». Dans ce dernier cas, on l’aura remarqué, il y a eu usage d’une arme à feu. Mais il s’agit d’une exception.

Les attaques à l’arme blanche ne sont pas une pratique (fort rare heureusement) qui aurait débuté ces cinquante dernières années, loin s’en faut ; quelques exemples parmi bien d’autres possibles

Dans le Nord de la France, en 1757 et 1758. La première affaire est une rixe entre deux élèves du collège de la ville de Quesnoy dans les premiers jours de février 1757. Selon la lettre du subdélégué du Quesnoy à l’intendant du Hainaut, « Pasqual, le fils d’un greffier de la maîtrise des eaux et forest, âgé d’environ dix-sept ans, étudiant en la classe de rhétorique du collège, a été tué d’un coup de couteau qui lui a coupé le sifflet ; lequel lui a été porté par un fils de Ms de Lattre de Feignies âgé d’environ treize ans, étudiant de la classe de la grammaire. Ce malheur est arrivé dans le chauffoir où ils étaient à déjeuner parce que le dit Pasqual a jetté une pomme cuite contre la buse du poel dont les morceaux ont rejalis sur le chapeau du petit Feignies qui, après plusieurs paroles, lui a sauté au col et frapé dudit couteau » ( orthographe originale)

La deuxième « affaire » est d’une toute autre nature mais tout aussi significative. Il s’agit non plus d’une rixe entre élèves au dénouement d’une extrême violence ( puisque la victime a eu « le sifflet coupé » d’un coup de couteau, sans qu’aucun châtiment n’apparaisse d’ailleurs clairement ), mais d’une agression au couteau d’un élève du collège de Bavay contre le supérieur même de l’établissement, en octobre 1758.

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