L’éternel retour de la question du nombre des »zones » va avoir lieu une nouvelle fois aujourd’hui devant le Conseil supérieur de l’éducation et soumis à son appréciation. Cependant, il y a fort à parier que la décision finale ne sera pas le fait du ministère de l’Education nationale, mais relèvera de l’arbitrage de l’Elysée et du futur président élu. C’est une affaire d’Etat ! Qu’en pensent les candidats à l’élection présidentielle ?
Dès hier, le site ToutEduc – encore une fois bien informé – a révélé que « la commission qui a travaillé sur les rythmes scolaires annuels va notamment proposer de réduire à deux (au lieu de trois actuellement) le nombre de zones ». « La Lettre de ToutEduc » du 22 mars souligne que « les avantages sont indéniables. Pour les parents séparés, c’est l’assurance d’avoir une semaine en commun avec leur enfant pendant les vacances d’hiver et de printemps, et la période de congés s’étalant sur trois semaines au lieu de quatre la possibilité pour le calendrier scolaire d’être au plus près du rythme 7/2 (sept semaines de classe suivies de deux semaines de congé) recommandé par les chronobiologistes). Mais c’est aussi deux semaines de moins pour les stations de sports d’hiver »
Le choix de deux zones ou de trois zones pourrait être un bon révélateur des choix des candidats à l’élection présidentielle. S’agirait-il, pour eux, de choisir d’abord l’intérêt des élèves selon les recommandations des chronobiologistes et celui des parents séparés (deux zones) ou l’intérêt d’un secteur économique et celui des familles aisées qui fréquentent ces stations de sport d’hiver (8%) ?
Un long retour sur le passé peut être tout à fait instructif. Il faut attendre le début des années 1980 pour que l’on commence à réellement écouter des scientifiques tels que les professeurs Montagner, Reinberg, Testu, Touati et des médecins pédiatres tels que Courtecuisse, Guran, Vermeil.
Cela se traduit finalement par un grand changement dans le calendrier scolaire de l’année 1986-1987 décidé après consultation par le ministre de l’Education nationale Jean-Pierre Chevènement. La rentrée est fixée au 3 septembre ; les vacances de la Toussaint du 25 octobre au 6 novembre ; les vacances d’hiver ( 2 zones ) du 14 février au 2 mars ou du 21 février au 9 mars ; les vacances de printemps ( 2 zones ) du 11 avril au 27 avril ou du 18 avril au 4 mai ; les vacances d’été du 30 juin au 3 septembre. Le 7/2 est établi. Ce « calendrier presque trop parfait » selon certains ne durera qu’un an (le ministre suivant, René Monory, venant de l’Industrie et du Commerce, et ayant d’autres priorités…)
Quelques années plus tard, nouvelle passe d’arme significative (et récurrente). Les retours de vacances d’hiver sont difficiles le samedi 16 février 1991. De la neige ; des bouchons ; des mécontents. Le Premier ministre Michel Rocard se prononce publiquement pour un retour aux trois zones, allant même jusqu’à suggérer que l’on pourrait étaler à nouveau les vacances d’été. Les lobbies s’engouffrent dans la brèche.
Le ministère de l’Education nationale rend public le 13 mars 1991 un projet d’arrêté visant à modifier le calendrier scolaire triennal (qui avait été adopté à l’unanimité des 62 membres du Conseil supérieur de l’éducation en juin 1989). Le directeur de cabinet de Lionel Jospin, Olivier Schrameck, indique qu’il s’agit d’un « ajustement » né d’une « concertation entre le ministère de l’Education nationale et celui du Tourisme, à la demande du Premier ministre Michel Rocard ». Les modifications porteront sur les congés d’hiver et de printemps pour lesquels les trois zones seront rétablies. Pour manifester leur désapprobation, 56 des 62 membres du Conseil supérieur de l’éducation (qui n’ont qu’un rôle consultatif) quitteront la salle au moment du vote, le 28 mars 1991.
Les ministres qui suivront resteront dans cette ligne de compromis, quelles que soient par ailleurs leurs professions de foi ou leur détermination en matière de « rythmes scolaires »
Avec une ‘’cerise sur le gâteau’’ apportée par François Bayrou (qui s’était pourtant targué devant le congrès de la Fédération de parents d’élèves ‘’PEEP’’ d’être du « parti des enfants »). Le ministre de l’Education nationale François Bayrou (malgré deux examens de passage difficiles devant le Conseil supérieur de l’éducation en mars 1994) modifie le calendrier scolaire en réduisant la durée des vacances de la Toussaint et en créant un congé de quelques jours à l’Ascension. En contradiction formelle avec les recommandations des spécialistes des « rythmes scolaires » (qui indiquent que des vacances trop courtes, loin d’être »réparatrices », sont nuisibles).
Vous avez raison !
Cela se traduit finalement par un grand changement dans le calendrier scolaire de l’année 1986-1987 décidé après consultation par le ministre de l’Education nationale Jean-Pierre Chevènement.