En ces temps d’incertitudes »républicaines » et »pédagogiques », la réédition (raccourcie) du célèbre »Dictionnaire de pédagogie » dont le maître d’oeuvre a été Ferdinand Buisson est la bienvenue.
Cette réédition (chez ‘‘Bouquins », un millier de pages, 32 euros) rassemble 250 textes signés des meilleurs spécialistes de l’époque (celle de la troisième République triomphante)
L’historien Pierre Nora a accepté que l’article qu’il avait consacré au « Dictionnaire de pédagogie de Ferdinand Buisson ; cathédrale de l’école primaire » dans le premier tome des « Lieux de mémoire » en 1984 soit reproduit intégralement en « guise de préface ».
On se souvient du début : « A qui voudrait saisir, dans toute la rigueur de son enchaînement, mais aussi dans l’infinie richesse de ses constellations, le lien absolu qui unit tout droit la Révolution à la République, la République à la raison, la raison à la démocratie, la démocratie à l’éducation, et qui, de proche en proche, fait donc reposer sur l’instruction primaire l’identité même de l’être national, on conseillerait en définitive un ouvrage et, s’il fallait n’en élire qu’un seul celui-ci : « le Dictionnaire de pédagogie et d’instruction primaire de Ferdinand Buisson ». Un bon conseil à suivre…
D’autant que Philippe Meirieu, dans un avant propos très à propos ( « De Ferdinand Buisson à aujourd’hui : refonder l’école, oui… mais comment ? ») ne manque pas d’attirer l’attention sur quelques aspects topiques.
« La lecture du Dictionnaire déjoue les interprétations caricaturale de la »pédagogie républicaine » et met à bas les illusions rétrospectives de ceux qui n’y voient que l’encre violette et l’apprentissage par cœur des préfectures de départements. L’oeuvre en effet, dans son mouvement même, nous introduit au cœur de l’entreprise pédagogique dans ce qu’elle a de plus ambitieux et de plus vif »« Le Dictionnaire se veut un outil complet de formation tout au long de la carrière, indiquant la direction de l’entreprise éducative, l’inscrivant dans une histoire qui lui donne sens, fournissant des connaissances à enseigner et des connaissances pour enseigner, permettant d’accéder à des recherches pédagogiques en cours et d’y trouver les moyens de se mettre au service, tout à la fois, de l’ambition nationale et des élèves concrets qui prennent, tous les matins, le chemin concret de l’école. Le Dictionnaire – et c’est là une de ses originalités essentielles – est, en effet, très clair sur les perspectives et très concret sur les méthodes, échappant ainsi, en même temps, au traité d »’éducation intentionnelle » qui se contente d’égrener des propositions générales et généreuses, et au »livre du maître », qui juxtapose des recettes empiriques sans vision d’ensemble ni projet d’avenir. Il est – chose infiniment rare et précieuse – visionnaire et gestionnaire, s’efforçant d’incarner toujours les principes dans des pratiques et de référer sans cesse les pratiques aux principes. C’est pourquoi le Dictionnaire n’est pas seulement la »cathédrale de l’école primaire », mais aussi la première tentative d’une véritable formation continue, citoyenne, culturelle et professionnelle des enseignants ».
La conclusion »coule de source », mais c’est un énorme défi à relever : « Nous aurions bien besoin, pour notre Ecole et l’avenir de nos sociétés d’une »cathédrale de la solidarité ». La tâche est immense et urgente à la fois »
magnifique ouvrage.
Merci Philippe de l’avoir sorti du « fénoir », comme on dit en créole réunionnais, et merci à Claude de la signaler.
mais c’est un énorme défi à relever