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Quid du libéralisme »avancé » et des deux recteurs ministres: Haby et Blanquer? – Le blog de Claude Lelievre
Le blog de Claude Lelievre

Quid du libéralisme »avancé » et des deux recteurs ministres: Haby et Blanquer?

Six mois après l’élection d’Emmanuel Macron et la nomination du recteur Jean-Michel Blanquer à la tête du MEN, une comparaison s’impose avec VGE – le chantre du  »libéralisme avancé »- et son ministre de l’Education nationale, René Haby, un ancien recteur lui aussi.

Le « libéralisme avancé » ( »libéral » sur le plan socio-économique, mais  » avancé » pour les femmes et pour les jeunes ; cf la loi sur l’IVG et l’âge de la majorité abaissé à 18 ans) a offert avec le « collège unique » une version française de « l’école de base » suédoise (social-démocrate), de la « comprehensive school » (travailliste), de la « Gesamtschule » (social-démocrate allemande). Valéry Giscard d’Estaing avait indiqué le 20 mai 1975 sur RTL : «la gauche, c’est un terme ambigu ; je veux dire qu’il y a dans la pensée de gauche des éléments positifs importants dont je compte bien m’inspirer ; ce qui fait que, dans l’action réformatrice libérale avancée, il y a beaucoup d’idées de gauche qui doivent être mises en œuvre ».

C’est pourquoi, dans une tribune parue dans « Le Monde » du 21 octobre 1993 (et en réponse à l’aphorisme proféré par le ministre de l’Education nationale de cette année là, un certain François Bayrou : « collège unique, collège inique »), l’ex-ministre de l’Education nationale de VGE – René Haby tenu à faire valoir que « la formule même de collège unique a été inventée et utilisée pour la première fois, en 1975, par le Président de la République Valéry Giscard d’Estaing » tout en précisant qu’il s’agissait de « proposer à tous les jeunes Français de suivre ensemble un ‘’ tronc commun ‘’ de formation, prolongeant et élevant celle de l’école primaire, une action socialement très volontariste qui marquait l’action gouvernementale de l’époque au même titre que la législation sur l’interruption volontaire de grossesse ou l’attribution du droit de vote à dix-huit ans ».

Le recteur René Haby était pourtant fort réservé quant à la mise en place d’un « collège unique » (en particulier quant à la volonté de VGE de supprimer les filières), Cependant le ministre René Haby avait dû se plier à la volonté présidentielle personnelle de VGE. Dès sa première conférence de presse, le président de la République Valéry Giscard d’Estaing avait en effet précisé que son interprétation des institutions était une « interprétation présidentialiste ». A la fin de son septennat, le sociologue et politologue Raymond Aron a jugé que « VGE se comportait comme un roi » ; et le dirigeant gaulliste Alexandre Sanguinetti avait surenchéri : « Il se conduit comme un pharaon ». VGE n’avait pas hésité à placer des » techniciens » à des postes qu’il jugeait importants et dont il comptait s’occuper au premier chef : Jean Fourcade aux Finances, Jean Sauvagnargues aux Affaire Etrangères, et le recteur René Haby à l’Education.

Six mois après son élection, on ne sait toujours pas à l’évidence pourquoi le nouveau président de la République Emmanuel Macron a choisi pour ministre de l’Education nationale (à l’instar de l’ancien président de la République VGE) un ancien recteur, Jean-Michel Blanquer. Et surtout pour quoi…

D’autant que le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer (contrairement à René Haby en son temps) a reçu des marques de distinction venant de la mouvance d’une droite conservatrice très affirmée, voire de droite extrême ou d’extrême droite. On peut citer « Valeurs actuelles », fin juillet 2017 : « Jean-Michel Blanquer apparaît de plus en plus être la bonne pioche du gouvernement ». Ou bien encore le communiqué de presse de Valérie Laupies sur le site officiel du Front national le 25 septembre 2017 : « Jean-Marie Blanquer est sans doute le ministre d’Emmanuel Macron le plus audible et le plus rassurant pour les Français actuellement ». Ou encore Nicolas Dupont-Aignan, peu après son flirt politique poussé avec Marine Le Pen, sur LCI, le 27 octobre dernier : « le meilleur, depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron, est l’action de Jean-Michel Blanquer ».

On ne mérite certes pas toujours toutes les approbations que l’on suscite. Mais enfin… Quant à Emmanuel Macron, se veut-il le « roi » (ou le « pharaon ») ? Libéral « avancé » ou libéral «tout court » ? Qui le sait ? Au bout de six mois, c’est sans doute trop peu ? Mais, comme on dit, l’Histoire jugera tôt ou tard.

PS : Quentin Lafay, qui avait été  nommé conseiller du président chargé des questions d’éducation de jeunesse et de prospective après bien des tergiversations surprenantes (cf mon billet du 20 juin dernier : « Le  »trou noir » du cabinet élyséen ») quitte l’Elysée pour un studio de rédaction à Los Angelès afin de rédiger le scénario d’une série politique (selon Paris Match, 8 novembre). Mais alors, qui va surveiller le ministre de l’Education nationale pour le compte du Président de la République (puisque c’est l’un des rôles dévolus traditionnellement à un conseiller spécialisé à l’Elysée) ? Serait-ce Brigitte Macron ?

Commentaires (2)

  1. Gérard Dehier

    Merci pour ce beau billet. Il est certes des personnages en quête d’auteur dans une mise en scène de la modernité mais si cela est vrai nous sommes en pleine révolution conservatrice et malheureusement l’histoire nous apprendra trop tard dans quoi nous sommes tombés : l’école unique a divisé les gauches dans une perspective de développement. Serions-nous aujourd’hui à courir la banlieue dans un processus de sous-développement interne, dans le cadre de la mondialisation économique ?

  2. Jean S

    Intéressants rappels historiques, mais les propos sur JM Blanquer – et le procédé employé – laissent pantois. Depuis quand le fait de recevoir des commentaires favorables d’une « droite conservatrice très affirmée » (alors même que de pareils commentaires venant de nombreux autres courants politiques et de pensée s’expriment tout autant mais sont passés sous silence…) suffit-il à disqualifier quelqu’un? Cette vision biaisée relève du procès d’intention voire d’un certain sectarisme. On aurait préféré lire une critique argumentée de la politique de l’intéressée au lieu d’un tel procès en sorcellerie.

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