Si l’on en juge par les noms qui circulent avant la réunion de présentation du « Conseil des sages de la laïcité » qui aura lieu ce lundi 8 janvier, il serait pour le moins incongru (voire grotesque) que certaines des personnalités évoquées siègent ensemble, »en même temps » comme on dit si bien en ce moment.
Par exemple (et ce n’est pas le seul exemple possible..), comment comprendre que Laurent Bouvet puisse envisager (sans renier ses propres professions de foi en faveur d’une stricte et intangible séparation d’avec le religieux quand il s’agit de laïcité) de siéger avec Ghaleb Bencheikh ou Rémi Blague (eux aussi, semble-t-il, nominés, et en tant que représentants experts de telle ou telle confession religieuse) ?
Ghaleb Bencheikh, islamologue, théologien, philosophe, est animateur de l’émission radiophonique “Questions d’islam” sur France Culture ; et, depuis l’an 2000, de l’émission Islam sur France 2 . Rémi Brague est un philosophe catholique (spécialiste de la philosophie médiévale arabe et juive) membre depuis 2009 de l’Académie catholique de France, qui intervient volontiers sur »Radio Courtoisie ». Laurent Bouvet est co-fondateur du »Printemps républicain » (association créée en 2016 avec le préfet Gilles Clavreul). Professeur de science politique à l’université Versailles-Saint-Quentin (Yvelines), il est le théoricien de « l’insécurité culturelle ».
S’il s’agissait d’un »comité Théodule » de plus, destiné à amuser plus ou moins la galerie (et où se dérouleraient d’aimables discussions), il n’y aurait pas lieu de s’en formaliser outre mesure. Mais il s’agit sans doute de tout autre chose si l’on prend au sérieux la présentation qu’en a faite le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer au Conseil des ministres du 8 décembre 2017 : une fois confirmés dans leur mission, ces « experts issus de tous les horizons » devront « préciser la position de l’institution scolaire en matière de laïcité et de fait religieux. » Ils devront aussi répondre « aux sollicitations de l’équipe nationale “laïcité et fait religieux” qui apporte un soutien opérationnel à ses déclinaisons académiques : les équipes académiques “laïcité et fait religieux” qui sont placées sous l’autorité des recteurs ».
Il s’agirait donc d’une véritable instance de direction interne à l’Education nationale. On devrait pourtant se souvenir pour le moins en la matière (la « laïcité »!) que l’institution d’une Ecole républicaine laïque a commencé par l’éviction de tout représentant (sous quelque forme que ce soit) de confessions religieuses dans les instances de direction du ministère de l’Instruction publique (à commencer par la réforme emblématique du Conseil supérieur de l’Instruction publique en date du 27 février 1880) . Mais le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer n’est pas dépourvu d’une certaine inclination au retour de certaines dispositions antérieures à l’établissement de l’Ecole républicaine. On l’a déjà vu et souligné.
Personne ne parle des connaissances sur l’évolution des espèces et la création du cosmos. Ce sont les premiers éléments de science a enseigner. Surtout a l’école avec les mots appropriés. Alors ils pourront parler des religions qui ont réussis à rester.