Le 31 janvier, les députées Aurore Bergé et Béatrice Descamps ont sévèrement interpellé les enseignants devant la commission de la Culture et de l’Education de l’Assemblée nationale à partir de leur enquête sur le devenir des recommandations du rapport de 2014 à propos des relations entre l’école et les parents .Les enseignants ont été accusés de »diaboliser » les parents, d’écrire des »remarques désobligeantes voire stigmatisantes dans les bulletins » . Et les deux députées ont mis en garde: « les familles ne peuvent plus être considérées comme suspectes et le temps de la Convention.a vécu » . Eh bien , elles n’y sont pas allées de main-morte !
Il est vrai que, contrairement à une idée répandue, les rapports entre les enseignants et les parents ont de longue date été loin d’être idylliques. Quelques exemples historiques, parmi bien d’autres possibles. « Les parents, ce fléau des écoles, sont convaincus du tort des maîtres. L’enfant indocile répond effrontément aux réprimandes que son maître lui adresse ; et s’il subit une punition ce n’est qu’en menaçant son maître et quelquefois en l’injuriant. Ses parents le soutiennent. Quand le maître, pour mettre une digue à tant d’insubordination veut sévir, l’enfant indocile lui répond fièrement : » je ne veux pas être puni, je suis innocent ; vous êtes injuste, je le dirai à mes parents qui le diront à d’autres ». Et les parents viennent vous assaillir. Autrefois le maître était craint ; aujourd’hui on en rit parce qu’on ne le craint plus » (« Réponse à l’enquête de 1861 » de Rouland, ministre de l’Instruction publique de Napoléon III).
Rapports d’inspecteurs primaires de la Seine-et-Oise sous la troisième République (thèse soutenue à Paris IV par Delphine Mercier en 2002). « Selon l’inspection, la réussite de l’enseignement de la morale tient à deux éléments qui peuvent facilement devenir des obstacles de taille : la famille et les maîtres. »Indispensable » au succès de l’éducation morale, »le concours de la famille » est, selon l’inspecteur Martin, encore rare en 1893. Dans sa thèse, Delphine Mercier note que « l’inspection ne se contente pas de dénoncer cette situation : »l’autorité des maîtres n’a rien à gagner à ce divorce entre les deux principales forces d’éducation du temps présent » souligne alors l’inspection ».
La loi d’orientation de 1989 a consacré les parents comme partenaires à part entière du système éducatif, membres de la communauté éducative, associés aux projets d’établissement. La dernière loi d’orientation, celle du 8 juillet 2013, a même évoqué dans ses annexes la »co-éducation’‘. Et, dans la section 1, celle des »principes de l’éducation », il est formellement indiqué que « pour garantir la réussite de tous, l’Ecole se construit avec la participation des parents, quelle que soit l’origine sociale ».
A l’évidence, les politiques scolaires proclamées et décidées concernant la place des parents d’élèves dans l’Ecole publique ont beaucoup évolué. Mais, à l’évidence aussi, il s’en faut de beaucoup pour que ce soit une réalité effective dans tous les établissements scolaires et, surtout, pour tous les parents d’élèves.
Merci pour ces décalages ! Je suis plutôt pro-parents en tant qu’instit. Ils confient à l’Etat leurs enfants…Et je comprends plutôt leur fragilité affective qui parfois les rendent jaloux de la relation qui nous lie à leur enfant. En ce qui concerne l’autorité, je pense que les enseignants ont une responsabilité. A nous de nous entraider et de mettre les points sur les « i », quels que soient les parents. Mais au lieu de cela, chacun gère tout seul la pression éventuelle de certains parents et ils subissent, en fait.