Face aux populismes qui jouent la carte »identitaire » des »irréductibles Gaulois » repliés sur eux-mêmes, Emmanuel Macron a mis en avant lors de son discours en Corse le »monde méditerranéen » , comme passé et avenir communs.
Ce faisant, Emmanuel Macron a repris à nouveaux frais la thèse qui a été développée par Ernest Lavisse (et ses épigones) à partir des débuts de l’Ecole républicaine de la troisième République dans les manuels d’histoire de l’enseignement primaire.
On peut la retrouver , dans toute sa »pureté » ( et sa »simplicité ») dans les deux premières leçons du manuel d’ « Histoire de France » de Lavisse destiné au cours élémentaire
« Autrefois notre pays s’appelait la Gaule. Vous voyez en haut et à droite de la page un Gaulois. Il a les cheveux très longs. Son manteau est fait d’une peau de bête. Si vous rencontriez un homme comme celui-là dans la rue, vous croiriez que c’est un sauvage. Le garçon va suivre son père à la chasse. Il n’ira pas à l’école pour une bonne raison : c’est qu’il n’y a pas d’école en Gaule. Vous, vous ne voudriez pas être ignorants comme ces petits-là »
«Vous voyez maintenant une ville gauloise. Vous devez être étonné de voir une si belle ville en Gaule car vous avez vu auparavant une maison gauloise bien misérable ! Des enfants vont à l’école. Qu’est-il donc arrivé ? Il est arrivé que les Romains sont devenus les maîtres de la Gaule. Les Romains savaient faire beaucoup de choses que les Gaulois ne savaient pas faire. Mais les Gaulois étaient très intelligents. Ils apprirent à faire tout ce que faisaient les Romains. Alors ils bâtirent de belles villes. Ils s’habillèrent comme les Romains. Et les enfants allèrent à l’école »
On a beaucoup glosé sur les manuels d’histoire commençant par « nos ancêtres les Gaulois » (à l’instar certes d’ailleurs du titre de la première leçon du manuel de Lavisse). Mais le mythe fondateur est en réalité « gallo-romain » (au rebours des modernes albums d’Astérix, rétifs à l’acculturation gallo-romaine) : le passage de la »sauvagerie » à la »civilisation » (romaine ? méditerranéenne ?) . Les Gaulois sont moins nos ancêtres à suivre que la figure des »barbares » que nous ne sommes plus, que nous ne devons plus être. Notre »monde » politique et culturel ( passé et à venir) doit être plus ouvert, non crispé sur des identités restreintes et primaires…Sous la troisième République triomphante. Et sous Macron ?