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A l’Elysée pour sauver le château de Le Pelletier de Saint-Fargeau – Le blog de Claude Lelievre
Le blog de Claude Lelievre

A l’Elysée pour sauver le château de Le Pelletier de Saint-Fargeau

Ce marquis régicide est connu pour avoir écrit un  »Plan d’éducation nationale » présenté par Robespierre et soutenu par Danton. Il a été déclaré  »martyr de la Révolution ».

En ce jeudi 31 mai, Annie Roucoux (maire de la commune de Pont-Rémy où se trouve le château de Saint Fargeau) a été conviée à l’Elysée pour « une réception donnée par le président de la République en l’honneur des personnalités engagées pour le patrimoine ».

Dans le cadre de la « mission d’identification de sauvegarde du patrimoine » dirigée par Stéphane Bern, le projet de sauvegarde du château de Saint-Fargeau a été sélectionné avec 270 autres dossiers (sur les 2000 adressés à la mission) et devrait recevoir 155000 euros.

Selon Jean-Pierre Roucoux (l’époux d’Annie Roucoux, la maire de la commune de Saint Rémy) qui a fait des recherches approfondies dans les archives locales, le château de Saint-Fargeau est à l’origine un château-fort. Ce n’est qu’à l’issue du traité des Pyrénées en 1659 qu’il abandonne son rôle de « chien de garde du Ponthieu ». Il est racheté en 1720 par Michel Robert le Pelletier des Forts, comte de Saint Fargeau.

Le père du marquis Louis Michel de Saint-Fargeau ( le régicide et l’auteur d’un « Plan d’éducation nationale »)  a été avocat général, puis Président à Mortier au parlement de Paris. Il fut accusé à tort d’avoir fait condamner à mort le chevalier La Barre. Une lettre de Voltaire lui fait reproche de son absence au moment du procès. Réputé pour sa sévérité excessive, il sera pourtant défendu par Jean Jacques Rousseau qui estimera que « la sévérité est la vertu des grands magistrats ; elle annonce l’intégrité ». Louis -Michel lui répondra : la vertu des grands magistrats, c’est l’humanité »

Selon les sources consultées par Jean-Pierre Roucoux, Louis-Michel a été connu bien avant la Révolution pour son esprit de droiture, d’équité, et de générosité. Ainsi, lors de l’année 1788, un violent orage de grêles ruine les récoltes en Picardie. Il prend le chemin pour se rendre sur ses terres, constate les ravages et décide de faire remise de tous ses droits. Soulagés les habitants n’ont plus de dettes, mais la famine les attend. Conscient, il puise dans ses coffres pour subvenir à leurs besoins en nourriture. Son frère Félix mentionnera dans ses mémoires que  « ses propriétés lui coûtèrent le double de ce qu’elles avaient coutume de lui rapporter ».

L’extraordinaire trajectoire du  »marquis de Saint-Fargeau ». Dès l’âge de 22 ans, Louis -Michel Pelletier, marquis de Saint-Fargeau est avocat du Roi au Chatelet, puis président de la Chambre des Vacations. A à la mort de son père, il lui succède en devenant à 27 ans président à mortier au Parlement de Paris, l’une de charges les plus importantes de la justice française sous l’Ancien Régime. Député de la noblesse aux Etats-Généraux, il ne se rallie au Tiers-Etat que le 27 juin 1789, lorsque le roi Louis XVI le lui demande expressément.. Mais il passe, après le 11 juillet, au parti patriote.

A la Constituante, il défend l’abolition de la peine de mort, et obtient finalement que l’on substitue la décapitation à la pendaison. Elu député de l’Yonne à la Convention, il est partisan de la réclusion perpétuelle pour Louis XVI, puis se rallie à la condamnation à mort.

La veille de l’exécution, le 20 janvier 1793, il est assassiné par un ancien garde du corps du roi. Il est alors considéré comme un  »martyr de la Révolution ». La Convention lui fait des funérailles grandioses et décide de déposer ses cendres au Panthéon. Il devient alors le héros des  »Montagnards »

Le non moins extraordinaire « Plan d’éducation nationale » du marquis.

Il avait rédigé un mois avant son assassinat un « Plan d’éducation nationale » où il pousse à l’extrême la tendance égalitariste et étatiste en matière d’éducation. Il considère que les enfants appartiennent à la patrie et que les parents n’en sont que les dépositaires. Il revient donc à la patrie d’assurer aux enfants une éducation qui doit viser à leur donner des  « mœurs nationales ».

A cette fin, tous les enfants de cinq à douze ans seront regroupés dans des maisons d’éducation commune qui seront entretenues par l’Etat et surveillées par des conseils de pères de famille. Habillés de la même manière, recevant la même nourriture, les mêmes soins et la même instruction, partageant tous de la même façon leur temps entre le travail, l’étude et l’exercice physique, ils deviendront tous citoyens égaux de la République.

Après l’assassinat du marquis, ce projet est porté par Robespierre lui-même devant la Convention et discuté pendant plusieurs séances. Il est finalement voté grâce notamment à l’appui de Danton qui s’écrie : « Après le pain, l’éducation est le premier besoin du peuple. Allons donc à l’instruction commune. Tout se rétrécit dans l’éducation domestique, tout s’agrandit dans l’éducation commune. Et moi aussi je suis père, mais mon fils ne m’appartient pas ; il est à la République. C’est à elle de lui dicter des devoirs pour qu’il la serve bien ». Mais le « Plan d’éducation nationale » de Le Pelletier de Saint Fargeau ne sera pas appliqué.

Après son assassinat le 20 janvier 1793 à Paris, sa fille Suzanne est déclarée première pupille de la Nation et vient loger en son château de Pont Rémy. En 1817, elle vend ses propriétés à A. du Maisniel (député de la Somme sous la Restauration). La dernière propriétaire ayant un titre de noblesse meurt en 1955. Les nouveaux acquéreurs n’eurent pas les moyens de leurs ambitions, et négligèrent l’entretien essentiel. En dernier lieu, le château retrouve un propriétaire avec un titre de noblesse fantasque. Désargenté, il sollicite des aides de la municipalité, qui lui propose le rachat. Mais sa réponse est sans appel « Je ne vendrai jamais à la République »

Laissé dans un état d’abandon, le château est ravagé par un incendie criminel le 12 août 2012. La municipalité intercède auprès de la famille pour négocier avec succès le rachat des ruines et du parc.

« Une association va se constituer dans le mois qui vient pour créer une émulation autour de notre château », annonce la maire Annie Roucoux, qui compte rendre accessible au public son parc de deux hectares. Un retour à l’esprit de Louis-Michel Pelletier, marquis de Saint-Fargeau, et  »martyr républicain » ?

Commentaires (2)

  1. patrick

    alors là je tombe du ciel… Le chateau de Lepeletier n’est pas clui ci dans l’Yonne ? http://www.chateau-de-st-fargeau.com/

  2. Claude Lelièvre (Auteur de l'article)

    On peut tomber à tout moment, Patrick. Mais j’ai mes sources!

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