Jean-Michel Blanquer a asséné que « le baccalauréat est un des plus beaux rendez-vous républicains; c’est un sacrilège de l’abimer » lors de son passage au 20 H de TF1 le 5 juillet dernier
« Le baccalauréat : un des plus beaux rendez-vous républicains? » Fichtre, comme il y va notre sacré Blanquer!
Dans sa forme moderne, le baccalauréat a été créé par un Empereur, Napoléeon I. Il a été pérennisé lors des deux périodes royalistes suivantes ( »Restauration » et »Monarchie de Juillet ») suivie par un long « Second Empire » ( après le court intermède de la »Seconde république »)
Certes, Jules Ferry a tenté comme il l’a dit d' »arracher le baccalauréat aux misères, aux écueils et aux mensonges de la préparation mnémonique et mécanique » (le 31 mai 1880 devant le Conseil supérieur de l’Instruction publique).
Mais il ne semble pas que cela a été réussi sous les deux républiques qui ont succédé au »Second Empire », (la »Troisième » et la »Quatrième ») si l’on en juge par le rapport motivant le décret du 28 août 1959 relatif au baccalauréat: « Il est anormal que cet examen compromette les études dont il doit couronne le terme […]. Ces études qui devraient être uniquement orientées vers l’acquisition générale s’orientent de plus en plus vers le »bachotage » c’est à dire l’acquisition hâtive, superficielle et indigeste d’un savoir encyclopédique«
Y aurait-il eu sous la Cinquième République une transformation »du baccalauréat » au point qu’il serait devenu »républicain » (quid?), une »transfiguration » qui aurait échappé aux observateurs, même les plus avertis? On a plutôt assisté à l’assomption d’une »Sainte Trinité »: une »divinité » en trois »personnes » ( »le bac » en trois baccalauréats foncièrement différents: »généraux », technologiques, professionnels ») une mythologie à laquelle on est prié de croire.
La »croyance » en une mythologie (« républicaine »?), une »Sainte Trinité » ( »laïque »?) serait-elle devenue le fin du fin en cette fin de la cinquième République?
Toujours est-il que dans cette atmosphère (assez irrespirable) on ne devrait pas être autrement surpris d’entendre le ministre actuel de l’Education nationale emprunter le registre de la religiosité et de l’anathème: ‘‘c’est un sacrilège d’abîmer un des plus beaux rendez-vous républicains ». In fine un »crime de lèse-majesté » (surtout envers sa Majesté Jean-Michel Blanquer en proie à l’ébranlement de son »autorité » dans l’Education nationale…et dans l’opinion). La pompe hystérisée d’un pompier pyromane…
PS: dans » Le Parisien » du 11 juillet, Jean-Michel Blanquer persiste et signe: « il y a quelque chose de sacrilège dans ce qui a été accompli ». .Après avoir sur-joué le registre ultra-sécuritaire ( »les grévistes ont pris en otage les lycéens ») Jean-Michel Banquer emprunte avec insistance celui de la dévotion , de la religiosité, du sacré afin de s’imposer auprès de l’opinion publique ( qu’il sait être aux deux tiers défavorable aux perturbations du baccalauréat ). Il n’ a pas choisi la voie de l’apaisement en interne (de l’Education nationale) qui aurait été celle d’un vrai homme d’Etat, mais le biais de propos incendiaires ( à destination du grand public) pour que son image soit la moins écornée possible. Le politicien l’a emporté ( une fois de plus, diront certains; mais de façon ici fort révélatrice ) sur l’homme d’Etat qu’il devrait être pour avoir réellement quelque consistance.