Et pourtant, à propos des perturbations de la session 2019 du baccalauréat, le ministre de l’Education nationale n’a pas hésité à affirmer le 7 juillet dernier sur TF1 que « c’est un sacrilège d’abîmer le baccalauréat, un des plus beaux rendez-vous républicains »; et un groupe de professeurs a fait paraitre dans « le Monde » du 17 juillet une tribune intitulée: « résultats du baccalauréat: l’idéal sacré d’égalité vient d’être bafoué ».
Cette dramatisation dans le registre du religieux avait été par ailleurs accompagnée de celle du registre du »sécuritaire » dès le même 7 juillet par le Chef de l’Etat déclarant à propos des rétentions de notes du baccalauréat que l' »on ne pouvait prendre nos enfants et leurs familles en otage »
On remarquera pourtant que la condamnation par »l’opinion publique » (certes toujours nettement majoritaire) de perturbations du baccalauréat tend à s’effriter. En 2003, en pleines grèves à répétition dans l’Education nationale qui pouvaient perdurer jusqu’au baccalauréat y compris , 88% des Français sondés fin mai 2003 par l’Institut CSA avaient répondu être d’accord avec l’assertion suivante: « l’exercice du droit de grève ne doit pas empêcher les élèves de passer leurs examens » . Et il n’y eut finalement pas alors de perturbations du baccalauréat.
Il n’en a pas été de même en 2019 avec des passages à l’acte (certes tout à fait minoritaires mais effectifs). Et en dépit des dramatisations effectuées par Jean-Michel Blanquer et Emmanuel Macron dans les registres respectifs du »religieux » et du »sécuritaire », l’opposition à ce type d’actions s’est pourtant nettement effritée si l’on en juge par le sondage effectué à la demande de »France Info » et du »Figaro » publié le 11 juillet dernier : 69% des Français interrogés estiment que les grévistes ont eu tort et 61 % approuvent qu’il puisse y avoir des sanctions. Il y a donc une majorité nette opposée aux perturbations du baccalauréat par des »grévistes » (de l’ordre des deux tiers) mais elle est aussi nettement moins compacte qu’il y a une quinzaine d’années (88% alors). Les »compréhensifs » ont presque triplé alors qu’il y a eu passage à l’acte accompagné de dramatisations….
L »’épopée » grandiloquente (allant jusqu’à la »sacralisation ») du baccalauréat est-elle vraiment encore de saison? On peut en douter. Redescendons sur terre! Ce sera sûrement mieux pour les uns et pour les autre. Des »devoirs de vacances » qui en valent bien d’autres…