L’Université, les STAPS, l’Education Physique et Sportive

Archive mensuelles: novembre 2012

Enseignants-chercheurs: enseignants par obligation, pédagogues à l’occasion

J’ai évoqué dans deux billets précédents l’incapacité de l’université à prendre la mesure des besoins de la population étudiante dont elle a la charge. Ceci renvoie à une nécessité sans doute trop évidente pour être prise d’emblée en compte: il faut prendre les étudiants tels qu’ils sont, et non tels qu’on les rêve.

On peut se demander si les enseignants-chercheurs, à l’université, sont réellement en mesure d’opérer cette mise en perspective. Il faut conserver à l’esprit que les enseignants-chercheurs sont issus de la crème de l’université : ils ont obtenu une thèse, ils ont ferraillé dans des concours difficiles pour obtenir un poste, ils se sont hissés aux sommets de leur domaine de recherche, ils appartiennent à l’élite intellectuelle de la Nation. Que peuvent-ils comprendre à l’étudiant normal, qui vient juste d’obtenir son baccalauréat, parfois difficilement, et qui n’a pas de projet de vie clairement défini ? D’autant que ces enseignants-chercheurs ne sont formés, recrutés et évalués que sur leur activité de recherche : aucun d’entre eux n’a eu de réelle formation pédagogique. (suite…)

Simplifier l’offre de formation: Est-ce vraiment un bonne idée?

Un argument fréquemment répété est que l’offre de formation de l’université est trop complexe, illisible. La ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche s’en est récemment émue. L’université propose 9.900 différents intitulés de licences ou de masters: comment les étudiants peuvent-ils s’y retrouver pour construire leur parcours de formation ? La solution est évidente : il faut simplifier, revenir à une offre de formation plus compacte, une centaine de Licences, pourquoi pas une dizaine, clairement identifiées par de grands domaines disciplinaires. Des enseignements enfin lisibles, une offre de formation rassurante, compréhensible pour les lycéens, leurs parents, et les employeurs. On ne peut a priori qu’être d’accord avec cette proposition, pleine de bon sens. Mais nous savons aussi que les solutions de bon sens ne sont pas nécessairement les meilleures, et la simplification de l’offre de formation est de mon point de vue l’archétype de la fausse bonne idée. (suite…)

Les Ecoles Supérieures du Professorat et de l’Education : Avis de tempête sur la formation des enseignants

Le ministère de l’Education Nationale a annoncé la création prochaine des Ecoles Supérieures du Professorat et de l’Education (ESPE), structures destinées à piloter les formations initiales et continues aux métiers de l’enseignement et de l’éducation. Le formatage de ces ESPE n’est pas encore clairement défini, mais il n’est pas nécessaire d’être grand clerc pour envisager les remous qui accompagneront leur naissance.

Il est clair notamment que la création des ESPE consacre le retour des IUFM, massacrés par le gouvernement Sarkozy. Bien sûr, on répète à l’envi que les ESPE ne sauraient être des IUFM bis, vaguement ripolinés. Il s’agit de créer un nouveau concept, assurant la réussite de la mastérisation tout en permettant une réelle formation professionnelle des futurs enseignants. Il n’en demeure pas moins que les IUFM, institutions et personnels,  seront candidats pour investir ce nouvel espace. (suite…)

L’université est-elle faite pour faire réussir les étudiants?

La réussite des étudiants à l’université était l’un des axes de réflexion retenus par les récentes Assises de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. La majeure partie des propositions ont tourné autour d’un leitmotiv lancinant : l’université ne peut assurer la réussite des étudiants par manque de moyens. Un constat s’impose cependant : les millions d’euros investis ces dernières années dans le Plan Réussite en Licence n’ont pas généré de rebond spectaculaire des statistiques de réussite. L’échec en première année de Licence touche toujours plus de 50% des étudiants. Le taux de réussite à la licence en trois ans est passé de 38,7% à 33,8% entre 2006 et 2011. (suite…)

Mastérisation et formation des enseignants: Plaidoyer pour un pré-recrutement en Licence

Le principe général de la mastérisation était d’élever le niveau de recrutement des enseignants. Jusque-là ces derniers étaient recrutés après concours au niveau licence, il s’agissait de repousser ce recrutement au niveau master, soit après la validation de cinq années universitaires.

On sait qu’un des objectifs de cette réforme était de pouvoir envisager une revalorisation ciblée des rémunérations des enseignants. Mais il était aussi attendu d’élever leur niveau de formation. La dévolution de principe des masters enseignement aux universités contenait en germe l’idée de confier la formation des enseignants aux institutions garantissant la maîtrise des savoirs disciplinaires , et son adossement à la recherche. Cette réforme avait aussi le but de dessaisir de cette mission les IUFM, présentés comme le creuset d’un pédagogisme verbeux et inutile. Il est sans doute inutile de disserter sur ces deux aspects de la réforme dite de mastérisation, teintés d’idéologisme à courte vue. Ils ont institué une situation de fait, dont il convient maintenant d’analyser les conséquences. (suite…)