J’ai évoqué dans deux billets précédents l’incapacité de l’université à prendre la mesure des besoins de la population étudiante dont elle a la charge. Ceci renvoie à une nécessité sans doute trop évidente pour être prise d’emblée en compte: il faut prendre les étudiants tels qu’ils sont, et non tels qu’on les rêve.
On peut se demander si les enseignants-chercheurs, à l’université, sont réellement en mesure d’opérer cette mise en perspective. Il faut conserver à l’esprit que les enseignants-chercheurs sont issus de la crème de l’université : ils ont obtenu une thèse, ils ont ferraillé dans des concours difficiles pour obtenir un poste, ils se sont hissés aux sommets de leur domaine de recherche, ils appartiennent à l’élite intellectuelle de la Nation. Que peuvent-ils comprendre à l’étudiant normal, qui vient juste d’obtenir son baccalauréat, parfois difficilement, et qui n’a pas de projet de vie clairement défini ? D’autant que ces enseignants-chercheurs ne sont formés, recrutés et évalués que sur leur activité de recherche : aucun d’entre eux n’a eu de réelle formation pédagogique.
On considère qu’il va de soi que si l’on fait partie des meilleurs chercheurs de sa discipline, on est capable d’enseigner à tous niveaux dans l’université. Soyons clairs : Il est normal d’être chercheur à l’université, on y est enseignant par obligation, on y devient éventuellement pédagogue, par hasard. Souvent pour des raisons de trajectoire individuelle ou de conviction personnelle. Mais certainement pas parce que l’université vous y incite. Combien d’universitaires ont ainsi vu leur carrière stagner pour avoir partiellement sacrifié leur activité de recherche à des préoccupations pédagogiques, quand d’autres, repliés sur leurs laboratoires, s’attiraient tous les honneurs du système ?
Il ne suffit pas non plus d’attacher davantage de considération aux activités pédagogiques. Encore faut-il travailler à leurs objectifs et aux conceptions qui les sous-tendent. On retient souvent cette image idyllique de l’enseignant-chercheur, leader incontesté de son domaine de recherche, qui met à disposition de ses étudiants les connaissances issues de son travail de laboratoire. Cette vision de « l’adossement à la recherche » des formations universitaires n’a guère de sens. Un enseignant-chercheur, s’il produit une recherche de qualité, poursuit des travaux tellement pointus qu’ils ne peuvent guère intéresser ou être n’accessibles qu’à une poignée d’étudiants en formation doctorale. Son enseignement, notamment en Licence, reste le plus souvent consacré aux bases de sa discipline, à mille lieues du niveau d’excellence où il exerce sa recherche. « L’adossement à la recherche » ne renvoie pas à un adossement aux connaissances scientifiques produites par les laboratoires, mais plutôt à une attitude et une démarche scientifiques dans la manière de poser les problèmes. C’est cette compétence épistémologique et méthodologique que les enseignants-chercheurs doivent communiquer aux étudiants, et ce dès la première année universitaire. Combien ont réellement conscience de cette nécessité ?
On voit qu’entre recherche et enseignement, excellence et massification, la tâche des universités n’est pas simple, et toute velléité de faire bouger l’ordre des choses est vite asphyxiée par une chape de présupposés, d’habitudes et de traditions. Si l’on veut faire évoluer les mentalités, il est clair par exemple que l’évaluation des universités ne peut uniquement porter sur leur activité de recherche. La réussite des étudiants, et surtout la réussite des étudiants issus de milieux défavorisés, leur insertion professionnelle, devraient être tout autant pris en compte, et déterminer les dotations budgétaires. De même l’évaluation des enseignants doit aller au-delà de leur production scientifique, et prendre en compte leur rayonnement pédagogique. Au risque encore une fois de bousculer un tabou, je pense que les enseignants doivent être évalués par leurs étudiants. L’université française n’a pas cette habitude, et se replie frileusement derrière des fantasmes divers : les étudiants ne feraient à cette occasion que se venger des mauvaises notes, et au contraire favoriseraient les enseignants généreux. Pour qui prend-on les étudiants ? Là encore, quel manque de respect pour ceux qui nous confient leur avenir ! Et quelle lâcheté de la part de l’université de n’être pas capable d’assumer le fait que son public puisse simplement exprimer son satisfecit ou sa désapprobation vis-à-vis de tel ou tel enseignant.
Votre article me paraît un peu arrogant,
Les étudiants eux aussi doivent accepter les enseignants comme ils arrivent,(changement de méthode et des exigences permanents), en outre ils doivent souvent supporter un enseignant qui croit tout savoir et qui pense que tout est évident, alors que les meilleurs profeseurs que j’ai eu (de niveau international) sont souvent ceux qui acceptent ne pas tout savoir( le Besserwisser cache souvent une ignorence). Ayant suivi des cours dans plusieurs pays différents en Europe occidentale puis ayant toujours été bonne élève (d’ailleurs je compte devenir un bon chercheur et un bon pédagogue) j’ai constaté que souvent les professeurs des Universités étrangères sont aussi chercheurs. Ce qui change par rapport à la France c’est l’absence totale de cadre pédagogique en France. Ainsi en France chaque enseignant-chercheur devient un petit-chef dans son monde où il gouverne comme il l’entend. Les étudiants ils ne se plaignent pas de peur de représailles dans les notes. Ici en France j’ai eu des délais quasiment jamais tenus pour rendre des devoirs, des mails souvent jamais répondus ou répondus après 2 mois ou bien des Professeurs qui m’envoient me balader quand je leur pose une question qui n’est pas d’une réponse évidente. De tels manquements pédagogiques à l’étranger leur auraient coûté leur poste, ici en France ils sont une pratique courante.
D’ailleurs quant à votre élite d’excellence, je peux vous dire qu’alors même que ma langue maternelle n’est pas le français j’ai pu constater des supports des cours pleins de fautes d’orthographe, sans le moindre respect des règles de citation de sources (nombreuses fois) sans oublier le manque total de considération envers les étudiants. Etre enseignant chercheur est un choix ici comme ailleurs, il devrait aller de soi que des normes et un cadre pédagogique soit exigés aux enseignants-chercheurs pour que les étudiants ne soient pas confrontés à un changement total de méthode à la merci du prof qui de surcroît ne croit avoir aucune obligation envers eux.
Les Enseignants-Chercheurs français sont trop gâtés et c’est pour ca qu’ils sont mauvais pédagogues et peu productifs dans la recherche, tous les chercheurs étrangers que je connais ayant été en France sont de cet avis.
haha,
Je me suis pissé dessus tellement c’est à coté de la plaque. Il n’y a pas d’excellence chez les enseignats chercheurs, 80% sont de petits profs de seconde zone dans des universités de secondes zones. Un seul dicton « Quand on ne peut pas vivre de ce qu’on a apprit, on l’enseigne! »
Vous dîtes au sommet de leur art? Ca va le melon? Ayant passé 10 ans en université, les petits enseignants chercheurs se consacrent à recopier le chapitre 1 du livre Dunot du sujet et pompent dans Nature, Science ou Cell des activités de recherches pour pomper les miettes d’un sujet, et faire leur petite publi qui sera citée 50 fois en 10 ans. Une médiocrité sans nom. Les enseignats chercheurs ne maîtrisent même pas les bases de leur propre discipline pour 80% d’entre eux! Ne pas connaître l’histoire de sa discipline est pourtant la norme dans ce ramassisde panier de crabes!