Voici la contribution de la Conférence des Directeurs et Doyens des UFR STAPS au sujet du projet de création des Ecoles Supérieures du Professorat et de l’Education.
Réforme de la formation des enseignants.
Place et rôle des UFR STAPS pour une formation efficace des professeurs d’EPS.
La Conférence des Directeurs et Doyens STAPS (C3D), réunie à La Rochelle le 27 novembre 2012, se positionne sur la réforme en cours de la formation des enseignants. Les UFR et Départements STAPS pilotent 42 masters « Enseignement », principalement dédiés à la formation des professeurs d’Education Physique et Sportive (1464 étudiants inscrits en M1, 1007 en M2, soit 40% des étudiants inscrits dans les masters STAPS).
Après avoir étudié le texte de la Conférence des Doyens et Directeurs des UFR de lettres, langues, arts et sciences humaines et sociales (CDUL)et de la Conférence des Directeurs des UFR Scientifiques (CDUS), la C3D tient à affirmer sa totale convergence avec les propositions de ces deux Conférences, tout en tenant à affirmer ses spécificités, liées tant à l’histoire des STAPS qu’aux particularités de la discipline EPS.
En accord avec le document produit par le Ministère le 14 novembre 2012, la C3D affirme qu’enseigner est en effet un métier qui s’apprend, et que la refondation du métier requiert une formation de niveau master, si l’on entend former des enseignants capables de faire face aux défis de l’Ecole de demain. Les masters « Enseignement » doivent articuler formation disciplinaire, formation professionnelle et initiation à la recherche disciplinaire et/ou didactique.
L’articulation de ces blocs au sein de compétences professionnelles est particulièrement construite au niveau de la réalisation du mémoire de recherche, ainsi qu’au niveau des stages en établissement et leur exploitation au sein de la formation au travers d’allers et retours guidés entre théorie et pratique.
Rappelons que la Licence STAPS comporte une spécialité « Education et Motricité », ouverte dans 47 universités (2500 étudiants inscrits en 2012-2013), centrée sur une préprofessionnalisation aux métiers de l’éducation et de l’enseignement, et incluant notamment des stages en établissement scolaire, souvent dès la seconde année de Licence. La formation des enseignants EPS ne se limite donc pas aux seuls masters « Enseignement », mais résulte d’un processus beaucoup plus long.
La C3D tient à affirmer certains principes, liés au pilotage des masters « Enseignement », et à leur coordination avec les concours de recrutement.
1. La C3D estime que les masters « Enseignement » ne doivent pas devenir des formations tubulaires, empêchant toute perspective de réorientation et de passerelle. Actuellement les masters « Enseignement » EPS sont des spécialités ouvertes au sein de l’offre de formation en STAPS, autorisant d’éventuelles réorientations dans le domaine des métiers relatifs aux activités physiques et sportives.
2. La C3D affirme que la formation disciplinaire est essentielle. La formation professionnelle des enseignants doit s’appuyer sur une maitrise approfondie, scientifiquement fondée, des contenus enseignés. Un enseignant ne peut valablement enseigner que ce qu’il connaît.
3. La C3D affirme que la formation à et par la recherche est incontournable pour la formation des enseignants de l’Ecole de demain. Cette formation ne se limite pas aux problématiques d’éducation et d’intervention pédagogique, mais englobe plus largement l’approche scientifique des objets d’enseignement, des pratiques sociales, des comportements, des motivations et des processus d’apprentissage. Les UFR disciplinaires, et les laboratoires qui leur sont associés, sont les mieux placés pour organiser et piloter cette formation.
4. Sur la base des arguments précédents, la C3D affirme que le portage des habilitations des masters « Enseignement », le pilotage de ces formations et l’inscription des étudiants doivent rester les prérogatives des UFR disciplinaires.
5. La C3D considère que les stages ne peuvent avoir d’autre vocation que de servir la formation des étudiants. Leur programmation doit être ainsi pilotée par les exigences et le calendrier de la formation, et organisée en concertation avec l’équipe enseignante.
6. La C3D affirme que les équipes pédagogiques des masters « Enseignement » sont les garantes de l’acquisition et de la validation des compétences nécessaires à l’exercice du métier d’enseignant. Le concours de recrutement ne peut consister à re-valider des compétences déjà attestées.
7. La préparation au concours ne doit pas perturber l’acquisition de ces compétences. Le positionnement du concours au sein des deux années de master est un enjeu essentiel. Le positionnement proposé lors de la première année de master nous semble l’option la plus défavorable, notamment par rapport au développement de la formation à et par la recherche.
8. La C3D est enfin sensible à la maîtrise de l’orientation et des flux, pour éviter une disproportion entre le nombre des étudiants inscrits dans les masters « Enseignement » et le potentiel d’emploi.