A l’heure où l’université s’interroge sur la création des futures ESPE et leur rôle dans le pilotage des masters « Enseignement », il est intéressant de se poser la question du pilotage actuel de ces formations. Je vais ici présenter un rapide panorama des formations dans lesquelles je suis particulièrement impliqué : les masters « Métiers de l’Enseignement et de la Formation » consacrés à l’Education Physique et Sportive. Ces masters sont ouverts dans 44 centres de formation. Nous avons mené une enquête sur ces masters et obtenu des réponses pour 26 d’entre eux.
Les UFR et Départements STAPS sont le plus souvent les maîtres d’œuvre de ces masters : les seuls masters entièrement pilotés par l’IUFM sont ceux de Corte et de Pointe-à-Pitre. Dans tous les autres cas, le master est habilité par les UFR STAPS. Si les masters fonctionnent dans 81% des cas avec des équipes mixtes UFR/IUFM, des conventions fixent officiellement leurs contributions respectives dans seulement 38% des formations.
En moyenne, les heures d’enseignement sont réalisées à 80% par les enseignants de l’UFR STAPS, et 20% pour les enseignants de l’IUFM. On retrouve des pourcentages similaires si l’on s’intéresse à la composition des équipes pédagogiques : 81.5% des intervenants sont issus des UFR, contre 18.5% des IUFM. Si l’on examine la contribution des enseignants-chercheurs, 83% sont issus des UFR, contre 17% des IUFM. Quant à l’adossement recherche, il est assuré à 93.5% par les laboratoires des UFR STAPS, et à 6.5% par les laboratoires des IUFM.
Il est à noter que le plus souvent ces masters ont été mis en œuvre en bonne intelligence entre UFR et IUFM, en tentant d’exploiter au mieux les ressources présentes. Force est de constater que ces ressources sont majoritairement situées dans les UFR. Souvent les IUFM se cantonnent à la gestion des stages en établissement, et à la préparation aux épreuves des concours de recrutement. Les aspects liés à la mastérisation et à la formation à et par la recherche sont pris en charge par les UFR.
Le déséquilibre constaté sur l’adossement recherche est à ce titre flagrant. On pourra évidemment rétorquer que ces laboratoires n’ont pas le plus souvent pour objet de recherche les problématiques d’éducation et d’enseignement. Je ne suis pas persuadé pour ma part que ce type de recherche soit le seul légitime dans le cadre des masters « Enseignement ». Mais ces chiffres révèlent avant tout à mon sens la faiblesse des structures de recherche des IUFM. Le ministère a dit vouloir développer la recherche sur l’éducation, et notamment dans les futures ESPE. Je ne suis pas sûr que le développement des structures de recherche puisse être ainsi décrété dans les bureaux parisiens. Par contre, ces données laissent dubitatifs sur la possibilité pour les ESPE d’être les maîtres d’ouvrage de la mastérisation.