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Masters Enseignement : le piège de la « maquette unique »

La note du 10 avril relative aux mentions du master MEEF fait naître quelques inquiétudes sur la conception des futures maquettes de formation. On y lit notamment que « s’agissant des sites pluridisciplinaires, la recherche d’une communauté de vue, dont le projet soumis à accréditation sera le vecteur, doit pouvoir se matérialiser au niveau académique par la proposition d’une offre de formation cohérente et largement partagée au sein de chacune des 3 mentions MEEF visant les métiers de l’enseignement de l’éducation nationale » (i.e., « premier degré », « second degré », et « encadrement éducatif »). Il est dit par ailleurs qu’ « une seule maquette doit être mise en œuvre par les équipes pédagogiques, qui intégreront les enseignants des universités, de l’ESPE et des professionnels intervenant dans le champ scolaire ».

Toujours cette quête infernale d’homogénéisation et de simplification. Un master enseignement qui quelle que soit la discipline proposerait une maquette identique sur tout le territoire, gage d’une formation équivalente pour tous les enseignants du pays.

Je conçois évidemment les idées qui se profilent derrière cette recherche d’homogénéisation : des enseignants qui ne se referment pas sur leur discipline, qui deviennent membres d’une communauté éducative, qui partagent les mêmes compétences sur des aspects transversaux de leur profession. On voit poindre ici et là l’idée de troncs communs, distillant à tous ces étudiants les bases théoriques de l’apprentissage, de la psychologie de l’enfant, de la didactique générale, des fondamentaux du métier d’enseignant, etc. Le cadrage national en termes de « Blocs » (disciplinaire, didactique, recherche, etc.) participe à ce processus : mais il affiche une conception analytique qui n’est pas nécessairement partagée par les équipes qui devront mettre en œuvre ces formations.

Mais puisque l’on parle d’enseignement et de formation, on peut rappeler qu’une des avancées les plus marquantes dans ce domaine est justement la nécessaire différenciation pédagogique : adapter la formation aux besoins des élèves pour les amener par des chemins différenciés à un objectif commun.

Pour reprendre un exemple qui m’est cher, les étudiants de STAPS qui se destinent aux carrières de l’enseignement optent le plus souvent pour la Licence « Education et Motricité ». Ils bénéficient alors d’une spécialisation dans le domaine de l’enseignement, spécialisation qui peut commencer comme c’est le cas à Montpellier dès la seconde année de Licence. Donc nos étudiants ne sont pas naïfs en entrant en première année de master : ils ont déjà fait quatre stages en établissement scolaire (un par semestre), en école primaire, collège et lycée, et ont bénéficié de cours dédiés à l’enseignement, au système scolaire, aux conduites d’apprentissage, au développement, etc.

Alors aligner toutes les formations sur une maquette commune est une hérésie, surtout dans le cadre d’un master concocté par des spécialistes de l’enseignement. Que l’on fixe clairement les objectifs à atteindre, les compétences à développer, aucun problème. Mais la construction des maquettes est affaire de pédagogie, pas de planification administrative : les équipes doivent localement avoir la possibilité de construire leur projet de formation en prenant en compte les spécificités de leur discipline et les acquis antérieurs de leurs étudiants.

Commentaires (2)

  1. Pascal Staccini

    La médecine entre dans ce cas. La « mastérisation », comme la réforme de la licence santé, est basée sur un référentiel national d’objectifs pédagogiques, des prescriptions en matière de stages sur le terrain. Les universités ont alors la possibilité de construire et d’adapter les agendas. L’évolution à venir va concerner la mise en place de sessions de travaux dirigés en petits groupes (simulation textuelle ou sur mannequins). Au final tous les étudiants passent un examen national unique classant en 6ème année.

  2. iara

    S’ils veulent uniformiser, rendre homogène les masters, c’est pour créer des références. Aujourd’hui il y a beaucoup trop de diplôme délivré par l’université : plus de 3000. Je pense qu’il souhaite réduire ce chiffre en constituant des références entre chaque domaine : santé, économie, gestion…etc.
    Mais je suis d’accord sur le fait que cela doit bien se faire et non par des intérêts administratifs et financiers.

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