Éric Ciotti, député UMP des Alpes Maritimes, a déposé une proposition de loi le 18 février 2015, qui vise à « étendre le principe de laïcité aux établissements publics d’enseignement supérieur ». Il s’agit d’étendre la loi du 15 mars 2004 qui interdit dans les écoles, collèges et lycées publics, « le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse ».
Pour le moment le principe de laïcité s’applique aux personnels des établissements publics d’enseignement supérieur, mais le code de l’éducation stipule que « les usagers du service public de l’enseignement supérieur disposent de la liberté d’information et d’expression à l’égard des problèmes politiques, économiques, sociaux et culturels ».
Au-delà de perspectives politiciennes visant à satisfaire une certaine frange de l’électorat, on a du mal à comprendre les justifications d’une telle proposition. Il s’agit en fait de créer un problème qui ne doit pas se poser. Nous ne nions pas qu’ici et là des difficultés puissent exister, liés à un prosélytisme trop envahissant, la contestation de certains sujets de cours, un certain nombre d’exigences liées à tel ou tel rite religieux. La Conférence des Présidents d’Université a publié à ce sujet un Guide « Laïcité et Enseignement Supérieur », prônant avant tout le dialogue et la concertation, l’établissement de règles locales, pour résoudre ces problèmes potentiels.
En effet l’université est laïque. C’est à dire qu’elle doit pouvoir mener ses recherches et assurer ses enseignements indépendamment de tout dogme confessionnel. Doit-elle pour autant effacer le fait religieux de son enceinte ? Comment peut-on envisager de former les citoyens de la société de demain si l’on n’accepte pas de prendre les étudiants tels qu’ils sont, et non comme certains les rêveraient ?
Comment les universitaires, qui ont massivement adhéré au mouvement du 11 janvier 2015 en faveur de la liberté d’expression pourraient-ils accepter l’interdiction dans les universités l’expression de convictions, fussent-elles religieuses ? L’université doit être capable de débattre, d’analyser, de critiquer l’ensemble des faits de culture, qu’ils soient scientifiques, politiques, artistiques, idéologiques ou religieux.
La laïcité ne peut être conçue comme un refoulement du religieux hors de l’espace public. Surtout quand on sait pertinemment que ce refoulement vise spécifiquement certaines communautés et engendre une stigmatisation. La laïcité doit être construite sur un principe d’indifférence au fait religieux. Mais l’indifférence ne peut exister par l’effacement.
Quant à centrer le débat sur le port de signes ostensibles d’appartenance religieuse, quel autre intérêt que de flatter temporairement le repli identitaire ? Les universitaires s’intéressent à ce que les étudiants ont dans la tête, pas à la manière dont ils la couvrent. L’université accueille de plus en plus d’étudiants étrangers. Par quelle outrecuidance pourrait-on leur imposer l’abandon des signes extérieurs de leur identité ? Peut-on inviter un collègue universitaire et le soumettre aux fourches caudines d’une telle interdiction ?
Messieurs les Députés, quand vous envisagerez de durcir les lois relatives à la laïcité, de grâce oubliez l’université.
M. Delignières, merci, je viendrai à l’université en costume de ville mais oh soulagement immense et tant attendu, je pourrai y revêtir mon niqab, sans lequel mon identité est perturbée. Encore merci.
Monsieur et Cher Collègue
Fils d’une institutrice Directrice d’Ecole Laïque, Publique et gratuite,selon l’expression consécrée, je ne puis admettre votre argumentation sur le voile islamique dans l’Université car il s’agit d’une attitude que le Général de Gaulle avait par le passé stigmatisée sous le terme de renoncement en désignant la classe politique de l’entre deux guerre qui avait « occulté » la montée du nazisme au travers d’arguties syllogistiques telles « Hitler a été élu au suffrage universel »…conduisant donc à la conclusion qu’Hitler était démocrate!
A l ‘heure actuelle, notre pays est confronté à un péril nouveau et majeur qui menace la laïcité, fondement majeur notre République et porteur d’une vision progressiste de la société, au travers d’un fanatisme confessionnel se revandiquant de l’ Islam, à mes yeux islamo-nazi, qui veut remettre en cause non seulement la loi de 1905 mais au pseudo prétexte de liberté religieuse, de refuser tous les progrès et les acquis du statut de la femme dans notre République. Le port de signes distinctifs confessionnels, tel le voile islamique,est interdit de façon très claire dans l’espace public par la loi de 1905. Je suis personnellement scandalisé de voir dans ma propre université des étudiantes accoutrée du simple foulard, mais parfois même en tunique noire complète ne laissant voir que la face, accoutrement originaire de la péninsule arabique et propre aux wahabites, dont le salafisme constitue le « courant de pensée » si l’on peut dire qui cocnstitue le support idéologique des violences islamistes. Cette aliénation de la femme me révulse, mais hélas, le propre de la loi de 1905 …tient aujourd’hui en ce qu’elle n’est plus appliquée. Ces renoncements ont même conduit en date encore récente le législateur à adopter une nouvelle loi qui interdit le voile islamique dans le primaire et le secondaire….mais à laissé paradoxalement une vacuité pour l ‘Université. Il se trouve cependant que cette loi de 1905 n’ayant pas été abrogée, elle reste valide et s’y applique donc. Je considére à ce propos absolument dérisoire l’argument développé dans votre blog,qui justifirait l’acceptation de tenue islamique dans nos universités par le fait qu’il existerait des étudiantes étrangères. Cela est absolument renversant quand on songe qu’en Arabie saoudite, dans les États du Golfe…et ailleurs, dans bien des pays musulmans, les femmes européennes sont contraintes de se voiler…et parfois n’ont même pas le droit de conduire. Que je sache, notre Etat est aussi chez lui souverain…et appliquer ses propres lois au titre de la réciprocité!
En conclusion face à des fanatiques islamistes qui voudraient par la barbarie contraindre notre République à revenir sur l’abrogation par la révolution française du crime de Blasphème (et non du délit comme on le voit écrit – rappelons Voltaire et le supplice du Chevalier de la Barre) qui l’a inscrite dans la Constitution de 1791, il revient à des personnalité comme la votre, responsable d’une prestigieux Université publique, l’ardente obligation d’affirmer les principes fondamentaux de la laïcitée et de ne rien céder sur leur mise en oeuvre. La lecture de votre blog inclus dans le titre « Questions de Laîcité » dans « La toile de l’Education du Monde » datée du 25 Février met hélas en évidence à l ‘opposé de votre part une démission totale dans la préservation d’un des idéaux de la Républiques Française qui lui confère au niveau global une prééminence sur la voie des progrès de la condition humaine. On aurait pu espérer de votre part une autre attitude sur ces questions capitales de laïcité.
Je vous prie d’agréer, Cher Collègue , mes distinguées salutations.
François Ramade Professeur retraité (classe excep E)
Professeur Emérite d’Ecologie à la Faculté des Sciences d’Orsay
Université de Paris Sud
Présiedent d’Honneur de la Société Française d’Ecologie
(Société savante qui réunit l’ensemble des chercheurs francophone de cette discipline)
Membre de l’ Union Rationaliste
Je me demande si vous êtes dans une autre planète. Renseignez vous, des directeurs d’IUT (IUT de Saint de Denis) menacés de mort, des tapis de prière dans des salles de classe de TD, des filles voilées dans les laboratoires de chimie sans aucun respect des consignes de sécurité….Vous faites l’Autruche ….Tous va bien Madame la Marquise…c’est irresponsable
L’esprit de la loi de 1905 est que les agents du service public doivent être neutres au regard de la politique et des religions (il y a encore du boulot, hein !). Entre totalitarisme anti-religieux explicité par la loi de 2004 sur l’interdiction du voile dans le secondaire, loi proposée par un député-maire communiste (il n’y a pas de mystère !) et, laxisme qui amènerait les niquabs dans les amphis et les tapis de prière dans les salles de TD, on aurait pu mettre une norme acceptable, respectueuse à la fois de la confession musulmane et du discours scientifique institutionnel ainsi que des règles élémentaires de sécurité : accepter le foulard, dans le secondaire, dans le supérieur (mais aussi la Kippa et le crucifix ou le médaillon de Saint Christophe) et rien de plus. Pas de discours prosélyte, remise en question des vérités scientifiques actuelles que dans le cadre de l’application des méthodes de validation scientifique. Au moins, c’est formateur. Celui qui a voyagé dans sa vie sait très bien que les étudiantes voilées des pays musulmans (écartons les théocraties) ne sont pas plus idiotes ou brimées que les étudiantes du monde occidental qui doit quand même beaucoup dans son histoire à l’Orient, même si quelques musulmans, essentiellement à l’étranger, tournent mal en ce moment et veulent s’imposer par la force. Ce n’est pas en brimant leur coreligionnaires en Occident qu’on apaisera le débat.
Pingback: Regards sur la laïcité | Le site de Didier Delignières