La Cour des Comptes vient de publier un rapport intitulé « L’école et le sport : Une ambition à concrétiser »[1], qui risque de susciter quelques débats. Ce rapport présente une analyse détaillée (134 pages) des défaillances de l’EPS vis-à-vis des enjeux actuels liés à la lutte contre la sédentarité, et à la promotion de modes de vie plus actifs. La tonalité générale du rapport peut être ramassée dans cette citation assez remarquable, faisant état d’une « divergence profonde de vision entre la conception de l’instruction physique et sportive [sic] en tant que discipline d’enseignement et les attentes du mouvement sportif » (p. 12).
L’argumentation part pourtant de constats assez rassembleurs : une pratique des activités physiques et sportives trop réduite chez les jeunes, avec un abandon précoce au cours de l’adolescence, touchant surtout les filles, une prégnance inquiétante du surpoids chez les jeunes générations, une régression des qualités physiques. Et évidemment un objectif essentiel : promouvoir l’adoption de modes de vie plus actifs, gages de l’entretien de sa santé tout au long de sa vie. Je pense qu’à l’heure actuelle tout le monde est à peu près d’accord avec ça. Le rapport regrette que « peu de travaux spécifiques [aient] été menés jusqu’ici sur la problématique du lien entre l’école et le sport tout au long de la scolarité, au sein des questions plus vastes que constituent l’accès au sport pour tous ou la pratique du sport tout au long de la vie » (p. 12). Message transmis à tous les chercheurs, en France comme à l’étranger, qui travaillent sur ces sujets depuis des années. La Cour aurait dû envisager d’en auditionner quelques-uns. Message transmis également à tous les collègues qui réfléchissent et échangent à ce propos depuis des décennies.
Les programmes de l’EPS sont particulièrement visés : « Le cadre de référence des programmes de l’enseignement physique et sportif [re-sic] est parfois apparu à l’opinion publique comme très conceptuel, exprimé selon une terminologie mal comprise, en tout état de cause éloigné des standards pratiqués par le mouvement sportif au sein des clubs qui accueillent et que fréquentent les jeunes sportifs hors temps scolaire » (p. 11). J’ai eu peur de voir resurgir une référence au « référentiel bondissant ». Mais le message est néanmoins sans ambiguïté : ceux qui conçoivent les programmes de l’EPS font partie de cette caste honnie des « pédagogistes », qui s’écoutent parler mais que personne ne comprend, alors que la vérité est simple, explicite, et doit être recherchée dans les « standards pratiqués par le mouvement sportif ». (suite…)