L’Université, les STAPS, l’Education Physique et Sportive

Activité Physique Adaptée

Kinésithérapeutes : les nouveaux couteaux suisses de la préparation des sportifs

Un article paru le 10 avril 2019 sur le très officiel site de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes et intitulé « Marathon : Le kinésithérapeute, votre partenaire prépa » offre quelques morceaux d’anthologie. Il commence par énoncer que le kinésithérapeute, « fin connaisseur des pathologies liées à la pratique du sport, […] est également détenteur du titre d’éducateur sportif  ou éducateur sportif en activités physiques et sportives adaptées ». Cette déclaration reprend un avis du conseil national de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes du 24 mars 2016, dont on peut sans doute discuter la pertinence. Le code du sport liste les diplômes ouvrant droit à l’encadrement contre rémunération d’une activité physique ou sportive, et permettant l’obtention de la carte professionnelle d’éducateur sportif. Le diplôme de masseur-kinésithérapeute y est en effet cité, comme permettant « l’encadrement de la pratique de la gymnastique hygiénique, d’entretien ou préventive dans les établissements d’activités physiques et sportives déclarés ». Ce qui par rapport à d’autres éducateurs sportifs réduit singulièrement l’empan des compétences des diplômés.

Quant au titre d’éducateur sportif en activités physiques et sportives adaptées, il n’existe simplement pas. Et les seules formations en activité physique adaptée sont délivrées par l’université, dans le cadre des cursus STAPS. Quitte à inventer un libellé, il aurait été sans doute plus honnête – mais moins vendeur –, de dire que les masseurs-kinésithérapeutes sont détenteurs du titre « d’éducateur sportif en gymnastique hygiénique, d’entretien ou préventive ».

La suite de l’article est encore plus délectable : « Votre kiné vous accompagnera ainsi tout au long de votre préparation, de votre récupération en vous donnant des conseils sur la technique de course, la préparation physique voire mentale, l’alimentation et l’hydratation, le choix de vos chaussures etc. Il quantifiera le stress mécanique et vous aidera à mettre en place votre programme d’entraînement ». Là on est loin de la gymnastique hygiénique… Le kinésithérapeute couteau suisse au service des sportifs. A la fois entraîneur, préparateur physique, coach, préparateur mental, nutritionniste, équipementier et ergonome. Un superman qui aurait suivi simultanément toutes les mentions de STAPS.

S’ils désirent vraiment s’intégrer à l’université, les kinésithérapeutes devraient sans doute se centrer davantage sur leurs compétences propres et respecter celles de leurs partenaires. Et abandonner cette communication de camelot, de bonimenteur de foire, qui ne les grandit pas vraiment.

On évaluera la déontologie de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes au temps qu’il mettra à supprimer cet article de son site.

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PS: Suite à de nombreux échanges sur Twitter avec des masseurs-kinésithérapeutes, je me suis rendu compte que peu d’entre eux avaient une vision claire des compétences que leur formation initiale était sensée leur conférer. Je me permets de les renvoyer vers la fiche RNCP du DE de Masseur-Kinésithérapeute, en ligne sur le site de la CNCP.

Les Enseignants APA, acteurs incontournables dans l’encadrement de l’Activité Physique Adaptée !

Je reprends ici un communiqué de l’ANESTAPS (association nationale des étudiants en STAPS)

Dans le cadre de la loi du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé, l’article 144 prévoit la prescription par le médecin traitant de l’activité physique adaptée à la pathologie, aux capacités physiques et au risque médical, dans le cadre du parcours de soins des patients atteints d’une affection de longue durée.

La prescription d’activités physiques adaptées constitue un réel enjeu de santé publique sur notre territoire. En effet, elle apporte une réponse non médicamenteuse à l’accompagnement des patients, en leur permettant de retrouver peu à peu une autonomie dans leur vie quotidienne. (suite…)

Signature de la convention STAPS-Pharmacie pour la prise en charge des maladies chroniques

La conférence des Doyens de Pharmacie, représentée par le Professeur Macha Woronoff-Lemsi, Présidente, et la C3D, représentée par le Professeur Paul Delamarche, Président honoraire, signent le 15 juin 2016 un accord de coopération universitaire dans le cadre du Programme National Nutrition Santé.

Cette convention va constituer un des piliers de la prévention de demain dans le cadre du parcours de soins des patients atteints de maladies chroniques et de la promotion de l’activité physique comme facteur de santé, en lien avec le secteur médical, qui est déjà partenaire d’une convention de même nature entre les conférences de Doyens de Médecine et de Staps.

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STAPS/Kiné : La guerre des territoires

La nouvelle Loi de Modernisation de la Santé, en introduisant le principe de prescription médicale des Activités Physiques, a réactivé, au sujet des personnes atteintes de maladies chroniques, un vif débat autour de l’encadrement de l’activité physique pour les publics à besoins spécifiques et à des fins de santé. Alors que les professionnels de l’Activité Physique Adaptée ont démontré depuis la fin des années 90 leur expertise en la matière et ont co-construit avec les professionnels de santé des dispositifs qui s’intègrent dans le parcours de soins, deux groupes professionnels sont aujourd’hui entrés en concurrence en convoitant le marché ouvert par ces nouvelles perspectives. (suite…)

Réactions de la C3D à la lecture du Médicosport-santé

Le 9 décembre 2015, la Maison du sport français a accueilli la présentation de la première version du « médicosport-santé du CNOSF ».

Appelé à devenir une aide précieuse à la prescription d’activités physiques et sportives (APS) et à intégrer la base de données Vidal des prescripteurs libéraux, ce dictionnaire à visée médicale des disciplines sportives est le fruit d’un travail entamé et piloté depuis 2010 par la commission médicale du CNOSF. « Il apprécie les APS au sens défini par la Haute Autorité de Santé en 2011, à savoir comme thérapeutique non médicamenteuse (TNM) en prévention secondaire et tertiaire et comme intervention non médicamenteuse (INM) en prévention primaire (selon l’entendement de l’OMS) ». (suite…)

Le Sport-Santé remis en cause par le Sénat

Nous avons accueilli avec satisfaction le projet de Loi de modernisation du système de santé, qui notamment dans son Article 35 bis A prévoyait que le médecin traitant, dans le cadre du parcours de soins des patients atteints d’une maladie de longue durée, puisse prescrire une activité physique adaptée. Cette disposition représente une belle opportunité de valoriser les professionnels issus de la formation universitaire en Activité Physique Adaptée et Santé (voir http://www.c3d-staps.org/toutes-les-actualites/item/pour-une-valorisation-des-formations-staps-apas-et-du-role-de-l-enseignant-en-apa)

Nous avons appris cet été que lors de l’examen en Commission des Affaires Sociales du Sénat, deux des trois amendements du projet de loi ont été supprimés. Ces amendements concernent l’inscription de l’activité physique et du sport comme outil de la politique nationale de santé publique (article 1), et le fameux article 35 bis A dont nous parlions précédemment. (suite…)

Sport-Santé et Certificats de Spécialisation : Le CREPS de Reims franchit la ligne rouge

Ce post est un peu long, mais instructif. Commençons par détailler le contexte.

Le Plan « Sport Santé Bien-Etre » est un dispositif visant à promouvoir la pratique d’activités physiques et sportives au sein de la population française. Au-delà de l’incitation à la pratique pour le plus grand nombre, le Plan comporte un volet visant à développer la pratique d’activités physiques et sportives pour les personnes atteintes de pathologies chroniques non transmissibles telles que les maladies métaboliques (le diabète, l’obésité), cardio-vasculaires, broncho-pulmonaires obstructives, etc.

Le ministère des Sports a récemment mis en place un Pôle Ressource National Sport-Santé, qui travaille sur la mise en œuvre de ce Plan. Les renseignements dont nous disposons indiquent que ce groupe de travail envisage de confier principalement la mise en œuvre de ces actions dirigées vers ces publics à besoins spécifiques à des titulaires du BPJEPS, dont la formation initiale serait complétée par des Certificats de Spécialisations (on a ainsi évoqué un CS « Encadrement des APS pour les porteurs de maladies chroniques non transmissibles », attribué au terme d’une formation d’environ 80h).

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