L’Université, les STAPS, l’Education Physique et Sportive

Mastérisation – Formation des enseignants

Attractivité des concours : Les vocations se construisent dès l’entrée à l’université

Nous avons tous été interpelés par la forte baisse du nombre de candidats au CAPEPS 2022. De 2021 à 2022, alors que le nombre de postes ouverts au concours passe de 670 à 680, le nombre d’inscrits chute de 5545 à 3391 (-38.8%), et le nombre de présents aux deux écrits de 4579 à 2704 (-40.9%). Nous avons été nombreux à y voir les conséquences de la réforme Blanquer, repoussant les concours en seconde année de master, et aussi du profbashing insistant qui a caractérisé cette période.

Sans pour autant renier mes critiques sur la récente réforme des concours (Delignières, 2022), il m’a semblé nécessaire d’aller un peu plus loin dans l’analyse, en tentant d’étudier sur le long terme les évolutions conjointes du nombre de postes et de l’attractivité du concours. (suite…)

La suppression des concours : quand le libéralisme s’attaque à l’Éducation

Après le rapport de la Cour des Comptes publié en janvier, le Conseil Supérieur des Programmes vient de sortir un avis sur la formation et le recrutement des enseignants. Même si l’avis du CSP égrène une série de scénarios alternatifs, on sent que le dernier proposé, suggérant une suppression pure et simple des concours nationaux, a la faveur des rédacteurs.

Dans ces deux documents, on fait le constat de la baisse d’attractivité des concours de recrutement, qui ne permettent plus aujourd’hui de pourvoir tous les postes. On pointe aussi la baisse du niveau disciplinaire des candidats. Mais plutôt que de réfléchir aux raisons qui peuvent affecter cette attractivité (la question salariale, les conditions d’exercice du métier, le prof-bashing systématique relayé au plus haut niveau), on s’oriente vers une solution semble-t-il miracle : supprimer ces concours nationaux. Comme s’il suffisait de casser le thermomètre pour faire baisser la fièvre… (suite…)

Un premier bilan des masters MEEF, suite à la réforme Blanquer

Ce bilan est évidemment teinté des spécificités des parcours « Éducation Physique et Sportive », préparatoires au CAPEPS, dans lesquels je suis particulièrement investi. Spécificités dont on peut lister certains indicateurs. Il n’y a pas de crise des vocations en EPS : même si l’on a « perdu » 2000 candidats au CAPEPS par rapport à l’année dernière, le report du concours en seconde année du master explique en partie cette baisse. Mais cette année, contrairement à de nombreux autres concours, il y avait encore deux fois plus d’admissibles que de postes à pourvoir, et tous les postes ont été pourvus. On peut ajouter aussi que dans leur grande majorité les candidats étaient issus des masters MEEF, ce qui n’est pas le cas dans d’autres disciplines.

On peut aussi évoquer l’attractivité du métier d’enseignant EPS. Beaucoup d’étudiants rentrent en STAPS avec le souhait de devenir enseignant, ce qui n’est pas le cas dans d’autres disciplines universitaires, où l’orientation vers l’enseignement vient souvent lorsque les autres voies de professionnalisation se sont bouchées. L’existence d’une mention spécifique de Licence STAPS « Éducation et Motricité », pré-professionnalisant aux métiers de l’enseignement, entretient précocement cette vocation. Le problème est à l’heure actuelle plutôt une pénurie de places en Master MEEF EPS, entraînant une sélection drastique en première année. Nos masters MEEF ne courent pas après les candidats… (suite…)

Master MEEF : Tourmente sur les parcours EPS et la Licence STAPS Éducation et Motricité

Dans le contexte sanitaire actuel, les universités sont en souffrance. Je pense surtout aux étudiants, qui traversent « les plus belles années de leur vie » dans l’isolement et souvent la précarité. Le passage à l’université, qui devrait être un lieu de rencontre, d’échange, d’ouverture, est depuis un an confiné dans un distanciel qui lui fait perdre toute sa substance. On ne mesure sans doute pas encore les dégâts que cet épisode va engendrer dans cette génération. Deux années blanches dans un parcours de formation supérieure. Lors de mon dernier cours, pourtant explicitement dédié à la préparation des examens, seuls 96 étudiants se sont connectés, sur 700 inscrits… (suite…)

Master MEEF : L’année de transition va être difficile

J’ai déjà évoqué dans ce blog les dégâts qu’allait entraîner le report des concours de recrutement en seconde année de master : disparition de la formation professionnelle des futurs enseignants, précarisation des parcours des étudiants, incurie programmée de la formation à et par la recherche. Nous avons suffisamment alerté, depuis quelques années, sur les conséquences de cette réforme[1]. J’hésite encore, au vu des orientations décidées par le Ministère de l’Éducation Nationale, entre l’application délibérée d’une conception néolibérale de l’enseignement (qui devrait alors se traduire par une réduction drastique du nombre de postes ouverts aux concours), et une simple incapacité à penser la complexité et à anticiper les conséquences à court et long terme des décisions prises.

Je voudrais ici attirer l’attention sur le court terme, auquel sont d’ores et déjà confrontées les équipes pédagogiques des INSPE : l’année 2021-2022, qui marquera la transition entre les deux systèmes. (suite…)

Message à mes étudiants, qui veulent devenir enseignants

Lundi matin, trois jours après l’attentat qui a frappé Samuel Paty, je vais retrouver mes étudiants, qui se préparent assidûment au concours qui leur permettra de devenir enseignants d’EPS. J’imagine leur désarroi, les questions qu’ils doivent se poser, qui doivent aussi inquiéter leurs proches et leurs familles.

Je leur dirai sans doute que Samuel Paty n’est pas mort parce qu’il a exagéré, parce qu’il a joué avec le feu. Il a fait son travail d’enseignant, il est resté debout face aux exigences de son métier, il n’a pas évité les questions qui fâchent. Il a fait son travail, sans concession, mais avec retenue et bienveillance.

Nous parlerons des récupérations nauséabondes, populistes et islamophobes, qui surgissent chez certains éditorialistes et responsables politiques d’extrême droite, et qui ne font qu’exploiter l’émoi collectif pour promouvoir leurs propres délires identitaires.

Nous parlerons évidemment de la laïcité, qui ne saurait se résoudre dans le cadre scolaire à l’interdiction des signes extérieurs de croyance, ou à la neutralité des discours. Il s’agit plutôt de construire activement une indifférence aux différences, et notamment aux croyances religieuses. Ceci ne peut se résumer à des dispositions réglementaires ou à des discours raisonnables de morale républicaine, mais suppose un enseignement construit, un accompagnement bienveillant, mais aussi une posture intransigeante.

Je leur parlerai des missions de l’École, qui ne peuvent se limiter à l’enseignement des savoirs disciplinaires, neutres et rationnels, mais qui doivent envisager de préparer les élèves à comprendre la complexité des situations humaines et de la société dans laquelle ils vivent, et à s’y investir de manière positive. Pas uniquement parce que c’est suggéré par le Socle Commun de 2015, mais parce que les enseignants doivent être persuadés, au cœur de leur vocation, que c’est à ce niveau que doit se situer leur engagement.

Nous parlerons des « éducations à… »  (à la citoyenneté, à la santé, etc…), souvent fustigées car elles ressortent davantage du débat d’opinions que de la certitude des savoirs disciplinaires constitués, et qu’elles sont étrangères à la professionnalité des enseignants. Il s’agit d’un débat essentiel, qui doit interroger fortement l’École, sa structuration traditionnelle, et la manière dont elle forme et recrute ses personnels. La formation citoyenne ne saurait se limiter à « l’Enseignement Moral et Civique », et ne peser que sur les enseignants qui acceptent de l’assurer. C’est le problème de tous les enseignants, de toutes les disciplines, et plus largement de l’ensemble de la communauté éducative.

Nous parlerons évidemment plus spécifiquement de l’Éducation Physique et Sportive, particulièrement touchée par ces problématiques (refus de pratiquer certaines activités, problèmes liés à la tenue sportive, …). Je leur rappellerai sans doute l’importance de leur discipline, pour l’exercice du travail collectif, de la solidarité, du respect de l’autre. J’évoquerai les arguments qui considéraient que mettre l’EPS au service de la formation citoyenne constituait une régression sans précédent pour cette discipline. Je leur dirai sans doute que la formation de la personne et du citoyen ne saurait se limiter à l’exercice docile de « rôles sociaux », déconnectés de tout enjeu significatif. Je leur dirai sans doute aussi que limiter leurs missions au « développement des ressources » ou à l’enrichissement des « conduites motrices » me parait une posture singulièrement hors sol face aux enjeux sociétaux actuels.

Je ne sais pas si nous aborderons tout cela, car ces thématiques nous occupent déjà régulièrement durant nos séquences de travail. J’essaierai surtout de les rassurer, de leur dire qu’ils doivent être fiers du métier auxquels ils se destinent, et de continuer à s’y préparer avec ardeur, même s’ils ignorent encore combien de postes seront ouverts au recrutement cette année.

Quelles maquettes d’enseignement pour les futurs masters MEEF ?

A partir de la session 2022, les concours de recrutement seront repoussés en seconde année de master. Les équipes pédagogiques de ces diplômes doivent commencer à réfléchir à l’évolution des maquettes d’enseignement, qui devront être opérationnelles à la rentrée 2021.

Notons d’entrée que les propos qui suivent concernent avant tout le master MEEF EPS, préparant aux concours du CAPEPS et du CAFEP. Concours particulièrement sélectifs : en 2018, on compte par exemple pour le CAPEPS 5014 candidats inscrits, 4000 présents aux épreuves d’admissibilité, 1336 admissibles, et 630 admis. Il s’agit donc de concours qui ne manquent pas d’attractivité. Notons aussi que les candidats ont tous suivi préalablement un parcours préprofessionnel en Licence « STAPS-Éducation et Motricité », au cours duquel ils ont déjà réalisé des stages en établissements scolaires, et que la majorité des candidats (87%) sont issus directement des masters MEEF (53% étaient inscrits M1, 34% en M2). La moyenne générale des admis est de 12.6, et la moyenne du dernier admis de 10.4. Ces précisions sont importantes, car elles orientent sans doute les propos qui vont suivre. Je conçois que dans d’autres disciplines les problématiques puissent être différentes. (suite…)

CAPEPS: attractivité et démocratisation

On disserte beaucoup dans la presse, en ce début d’année sur la crise des vocations pour les métiers de l’enseignement (voir notamment l’article de Libération du 8 janvier). Dans le concert actuel des informations relatives à leurs retraites et à leurs rémunérations, on a du mal à être optimiste vis-à-vis du recrutement des générations futures d’enseignants. La réforme en cours du processus de recrutement ne risque pas d’arranger les choses.

La Figure 1 indique l’évolution du nombre des candidats au CAPES de mathématiques et au CAPEPS, de 2008 à 2019. Dans les deux cas, on note l’effet de la mise en œuvre de la réforme dite de mastérisation. Le fait que les carrières de l’enseignement, précédemment post-licence deviennent post-master, a déterminé en 2011-2013 une nette baisse du nombre de candidats. On peut noter cependant que si le CAPES de mathématiques peine à reconstituer ses cohortes de candidats, le CAPEPS a depuis retrouvé une attractivité satisfaisante.

Figure 1 : Evolution du nombre des candidats au CAPES de mathématiques et au CAPEPS, de 2008 à 2019. (suite…)

Vers une réduction des capacités d’accueil en Master MEEF EPS

Dans un billet récent, j’essayais de prévoir les scénarios envisageables suite aux annonces du Ministère de l’Education Nationale relatives au nombre (restreint) de contrats d’alternance proposés pour les étudiants de seconde année de master MEEF. Le premier scénario envisageait la coexistence, en seconde année de master, d’étudiants alternants, rémunérés et bénéficiant d’un stage en responsabilité, et d’étudiants ne pouvant qu’accéder à des stages d’observation. Je m’inquiétais alors des effets délétères de cette inégalité de traitement pour des étudiants préparant un concours national au sein d’un master universitaire. Le second était celui d’une réduction des capacités d’accueil en première année de master, afin de permettre à tous les étudiants accédant en master 2 de bénéficier de ces contrats d’alternance.

L’INSPE de Grenoble vient clairement de trancher en faveur du second scénario. D’une manière générale, les capacités d’accueil en M1 MEEF pour la prochaine rentrée sont revues légèrement à la baisse : « Elles ont été définies en accord avec le rectorat et les DSDEN, afin que l’INSPE et le rectorat soient en capacité de proposer des stages alternants en 1/3 temps en responsabilité pour les entrants en M2 MEEF à la rentrée 2020-2021 ».

Cette baisse des capacités d’accueil devrait être sans impact pour les mentions Professorat des Ecoles et Encadrement Educatif du fait du non remplissage de la capacité publiée les années précédentes. Pour la plupart des parcours de la mention second degré la réduction devrait être marginale, dans la mesure où les effectifs de ces parcours n’atteignent pas pour le moment les capacités de contrats d’alternance proposés par le rectorat.

Le problème se pose différemment pour le parcours MEEF EPS, au niveau duquel le nombre d’étudiants accédant en master 2 risque d’excéder largement le nombre de contrats d’alternants disponibles. Le Conseil de l’INSPE a donc pris la décision de réduire de manière significative les capacités d’accueil en Master 1, dès la rentrée prochaine. Le rectorat ne pourra garantir que 45 à 55 stages en alternance, quand par ailleurs 120 à 150 étudiants se présentent chaque année au CAPEPS, pour 30 à 35 lauréats. Le Conseil justifie cette décision en disant qu’il « a jugé irresponsable de continuer d’entrainer un tel nombre d’étudiants vers une poursuite d’étude ne débouchant pas sur l’insertion professionnelle visée ». (suite…)

Le CAPEPS en danger : une lettre ouverte de la Société Française d’Histoire du Sport

La réforme de la formation des enseignants fait actuellement l’objet de débats nourris. Parmi tous les problèmes évoqués, celui de la nature des épreuves des futurs concours inquiète fortement. Le formatage de tous les concours sur un modèle commun, s’il peut satisfaire des préoccupations technocratiques, fait fi des spécificités des disciplines et de leur culture propre. Je reproduis ci-dessous une lettre ouverte de la Société Française d’Histoire du Sport, qui s’inquiète à juste titre de la potentielle remise en cause de la première épreuve d’admissibilité du CAPEPS, qui visait à évaluer la capacité des candidats à développer une analyse socio-historique, philosophique et épistémologique, de leur discipline et du système éducatif. (suite…)

Master MEEF : les bonnes places risquent d’être chères…

Les ministères de l’Education Nationale et de l’Enseignement Supérieur ont levé le voile sur l’organisation future des masters MEEF, après la mise en place du concours dans son nouveau format (en fin de M2). Ils prévoient notamment la mise en place d’un dispositif d’alternance en seconde année de master, les étudiants intervenant en responsabilité pour l’équivalent d’un tiers temps. Le document indique que la mise en place de ce stage en alternance « implique d’identifier dans les académies le vivier d’étudiants qui bénéficiera du dispositif et les berceaux d’accueil des futurs alternants ».

Les ministères se veulent rassurants : ils prévoient entre 10000 et 12000 alternants en seconde année de master MEEF. Dans la mesure où les M2 MEEF accueillent actuellement 24000 étudiants, dont seule la moitié provient du M1 MEEF, ils supposent que « l’équivalent de la population issue des masters 1 MEEF pourra être accueilli en stage alternant dans les établissements scolaires ».

C’est peut être plausible si l’on prend en compte l’ensemble des concours du second degré, mais cela a-t-il du sens pour les Master MEEF EPS ? Dans la mesure où les postes ouverts en EPS représentent un peu moins de 10% des postes ouverts aux concours du secondaire, on peut estimer qu’environ 1000 postes d’alternants pourraient être attribués à l’EPS au niveau national. Notons cependant qu’il y a cette année 2985 étudiants en master 1 MEEF EPS, sélectionnés sur un potentiel de 4671 étudiants de licence 3 EM, et qui risquent de passer en grande majorité en seconde année. Si l’on poursuit le raisonnement jusqu’au bout, ce n’est donc qu’un étudiant sur trois qui pourrait bénéficier en M2 d’un contrat d’alternance, les autres devant sans doute se contenter de stages d’observation, non rémunérés. Il reviendra aux universités, sur la base des résultats de M1, de désigner les heureux élus. (suite…)

La « reprise en main » de la formation des enseignants par l’Education Nationale

L’objectif de la mastérisation était de confier la formation des enseignants à l’université, et de lui donner une dimension universitaire. Le positionnement des concours de recrutement en fin de master change complètement la donne[1]. Comme nous le disions dans un billet précédent, les deux années de master MEEF vont devenir une (longue) préparation au concours, et la formation au métier d’enseignant va être repoussée à l’année de stagiairisation, après l’obtention du master. C’est donc la fin de la formation des enseignants à l’université qui se profile.

J’entends bien sûr ceux qui disent que la préparation aux concours peut aussi contribuer à la préparation au métier. Evidemment. Si ce n’est que les étudiants eux-mêmes affirment sans ambiguïté que ce n’est qu’à partir du moment où ils ont réellement pu prendre des élèves en responsabilité que leur formation professionnelle a réellement commencé.

J’entends aussi ceux qui affirment qu’il est possible de proposer un concours différent, plus « professionnalisant ». Je suis surpris que le SNEP, qui était favorable au déplacement du concours en fin de master mais qui pensait que cela nécessitait d’en modifier les modalités, propose en fait de laisser le concours en l’état, limitant les critiques aux « choix dans les programmes, les sujets, les attendus qui orientent les épreuves ».

Mais si l’on quitte les argumentaires de cabinet ou les harangues de tribune, et lorsque l’on questionne les étudiants, on se rend vite compte que tant qu’ils n’ont pas obtenu le concours, ils sont incapables de se mobiliser pour autre chose que pour la préparation aux épreuves de sélection, et au formatage intellectuel qu’ils supposent nécessaire à la réussite. Exit donc la formation professionnelle, mais aussi le recul réflexif que pouvaient permettre l’alternance entre l’établissement scolaire et l’université et la mise en place d’une véritable démarche de recherche. Tout ceci pourra encore exister sur le papier, mais certainement pas dans les préoccupations des étudiants. J’ai suffisamment développé ces arguments sur ce blog pour ne pas en rajouter (voir notamment ici et ici). Je trouve quand même assez surprenant que des gens qui sont eux-mêmes enseignants, qui sont capables de faire des prêches assez convaincants sur la pédagogie du sens, ne puissent concevoir qu’une formation n’ait pas le même sens pour les étudiants, selon que l’on se situe en aval ou en amont du concours…

Evidemment, le recul du concours va permettre à l’Education Nationale de belles économies budgétaires en repoussant d’un an la stagiairisation. C’était sans doute l’argument décisif. En revanche on peut s’attendre avec un concours si tardif à une nouvelle raréfaction des candidats. On ne peut pas tout avoir…

Mais avant tout placer le concours en fin de master 2, c’est clairement dessaisir l’université de la formation des enseignants et redonner la main aux rectorats et aux inspections pédagogiques régionales. (suite…)

Vers un master MEEF « préparation aux concours »

Christian Couturier (secrétaire national du SNEP) a publié sur le site du syndicat un texte répondant aux objections de la C3D sur le placement des concours de recrutement en seconde année de Master. Il rappelle la position du SNEP, qui « s’est prononcé depuis longtemps sur un concours en fin de cursus de façon à laisser l’entière maîtrise des formations à l’université, sur 5 années », et ajoute que « la place du concours [n’est] pas un problème en soi, ce qui est un problème c’est l’ensemble du système proposé ». Nous pensons au contraire que la place du concours est un enjeu majeur.

Rappelons les principes qui sous-tendent notre position : Nous avons toujours conçu la mastérisation comme un alignement de la formation des enseignants sur la logique des masters professionnels de l’université. Ces masters forment des cadres, des porteurs de projets, des concepteurs. Il nous semblait en effet que les enseignants dont le système scolaire avait besoin relevaient de ce niveau de formation. Une formation professionnelle et universitaire de haut-niveau, incluant une formation à et par la recherche, une alternance entre stages en établissement scolaire et travail universitaire. Nous invitons nos collègues du SNEP à consulter les documents pédagogiques proposés par la C3D pour les master STAPS (fiches RNCP, référentiels de formation, etc.), pour comprendre ce qu’est un master professionnel à l’université. Ils se rendront peut être compte alors qu’une préparation au concours, même répartie sur deux années, ne peut absolument pas en tenir lieu.

Nous avons en effet milité, et ce depuis quelques années, pour un concours précoce, en fin de Licence, permettant de dédier les deux années du master MEEF à cette formation professionnelle ambitieuse et exigeante. On trouvera à la fin de ce post une série de liens vers les billets que nous avons publié à ce sujet depuis 2012. (suite…)

Le concours en M2 : c’était la pire des solutions !

Le rapport de Monique Ronzeau et Bernard Saint-Girons, publié le 20 février 2019, privilégiait deux pistes pour le positionnement des concours enseignants :

  1. Des épreuves d’admissibilité en fin de Licence, et une admission en fin de master, admission qui « fondée sur l’obtention du master, ce qui devrait permettre de vérifier les compétences professionnelles acquises par les étudiants, cette évaluation devant nécessairement être prononcée conjointement par l’université et l’employeur, en articulant l’évaluation du master avec l’appréciation de la capacité des candidats à opérationnaliser les compétences professionnelles exigibles d’un enseignant débutant ». Cette solution était peu ou prou celle que la C3D avait défendue (voir notamment ici et ici).
  2. Un concours en fin de Master 2 (admissibilité puis admission). L’idée était principalement d’éviter de scinder le cursus master en deux phases, pré et post-concours.

Les ministres ont visiblement opté pour la seconde solution, qui à notre sens constitue le pire scénario que l’on pouvait entrevoir. (suite…)

Non, le concours enseignant n’a pas « vocation » à se dérouler en M2

1. Parce que ce serait sonner le glas de la formation professionnelle en master des futurs enseignants. Nous savons que les étudiants ne peuvent engager une véritable formation professionnelle qu’après être débarrassés de la barrière du concours,
2. Parce que les universités n’ont pas vocation à amener des étudiants à BAC+5 et à ne donner à une majorité d’entre eux qu’un diplôme n’offrant aucune perspective d’insertion professionnelle,
Nous pensons, contrairement aux déclarations du ministre de l’Education Nationale, que le concours enseignant n’a absolument pas vocation à se dérouler en M2. (suite…)

Postes aux concours de recrutement: statu quo, pour le moment…

C’est avec un soulagement certain que nous avons pris acte aujourd’hui du nombre de postes ouverts aux concours de recrutement en EPS en 2019: 650 postes au CAPEPS externe (630 en 2018), et 69 postes au CAFEP-CAPEPS (78  en 2018). Ces chiffres confirment des informations que nous avions pu recueillir ces dernières semaines.

Il est clair que nous nourrissions de vives inquiétudes, suite à l’annonce des Jean-Michel Blanquer sur les suppressions de postes dans l’enseignement secondaire. Notons quand même que si l’EPS ne s’en tire pas trop mal, d’autres disciplines  sont touchées par des baisses significatives (voir le post de François Jarraud sur le Café Pédagogique).

Si ces chiffres devraient rassurer les candidats de cette année, les inquiétudes demeurent sur le moyen terme. On peut craindre que la réforme du lycée, lorsqu’elle sera entièrement déployée, génère une baisse brutale des recrutements. Par ailleurs, la réforme actuellement en débat sur la formation initiale laisse entrevoir des tentations inquiétantes: reprise en main des ESPE par les rectorats, réduction des exigences universitaires, exploitation des stagiaires de master et des reçus-collés du master pour combler les déficits locaux, régionalisation des recrutements.

Les décisions qui seront prises dans les mois qui viennent risquent de bouleverser le paysage de la formation et du recrutement des enseignants. Les STAPS seront particulièrement affectées, notamment la Licence Education et Motricité qui conserve (pour le moment) une forte attractivité, mais qui pourrait voir un de ses débouchés emblématiques se tarir.

Formation des enseignants : pour un concours en fin de Licence

Puisque l’on parle de plus en plus d’un repositionnement des concours de recrutement des enseignants en fin de licence, il me semble qu’il est opportun de réactiver quelques arguments, précédemment développés. Je suis absolument favorable à cette évolution, et dès la mise en place de la réforme de la mastérisation j’ai milité pour un concours précoce, situé en amont du master[1].

L’idée principale est de permettre aux masters enseignement de pleinement jouer leur rôle : donner aux enseignants une véritable formation universitaire, mêlant apprentissage du métier et formation à et par la recherche. Il ne s’agit pas uniquement d’apprendre à « faire la classe ». Les futurs enseignants devront être capables de s’adapter aux futures mutations de l’Ecole, et c’est tout le sens de la réforme de mastérisation de ne pas s’en tenir à une formation professionnelle à court terme, mais de former des professeurs capables de faire face aux défis à venir. A l’heure actuelle le concours situé en fin de master 1 réduit considérablement ces ambitions, les étudiants restant obnubilés en première année par la préparation du concours et en seconde année écrasés par leurs nouvelles responsabilités de fonctionnaire-stagiaire. Placer le concours en fin de Licence, c’est libérer un temps effectif de formation au métier d’enseignant, dans sa réalité et son devenir. (suite…)

Formation des enseignants : où l’on reparle de la place du concours…

Le réseau national des ESPE organise le 11 janvier 2018 une journée de réflexion, et annonce dans sa note d’attention les données essentielles du problème : « Actuellement […], il y a une confusion entre le processus de formation des enseignants et le processus de recrutement des fonctionnaires de l’Éducation nationale ; la place et la nature du concours sont largement interrogées, dans la forme actuelle, le concours en 1re année de master crée une rupture entre avant et après le concours. Cette rupture impacte largement tous les volets des missions des ESPE… ». Je suis ravi que cette question soit à nouveau posée, après quatre années de fonctionnement de la réforme dite de mastérisation de la formation des enseignants. (suite…)

Une baisse du nombre de postes au CAPEPS ?

Le ministère a publié le 27 septembre ses projections budgétaires. Le budget 2018 de l’Education Nationale ne voit la création d’aucun poste, ce qui signifie pratiquement qu’il y aura moins de postes aux concours de recrutement. Ce problème n’a pas été vraiment évoqué jusqu’à présent…

Francois Jarraud, sur le site du Café Pédagogique, indique ainsi que pour le second degré on passerait de 14 450 à 11 000 postes ouverts au concours, ce qui correspondrait au niveau global à une réduction de 24%. Les arbitrages concernant la répartition par discipline de cette baisse ne sont pas encore rendus. Mais si l’on applique une simple règle de trois sur les postes ouverts l’année dernière au CAPEPS (800), il faut s’attendre cette année à un chiffre bien plus modeste, de l’ordre de 610 postes[1]. Mais cette logique purement arithmétique ne préjuge pas des priorités qui seront prises en compte. On peut craindre que les disciplines jugées déficitaires, notamment les lettres, les maths ou l’anglais, par ailleurs défendues par le nouveau ministre, ne soient protégées dans ces restrictions. (suite…)

Filles et garçons en STAPS

La Conférence des Directeurs et Doyens de STAPS a récemment mené une enquête sur les effectifs filles et garçons dans ses filières[1]. Les résultats, présentés dans les figures illustrant cet article, font apparaître une nette sur-représentation masculine. La figure 1 indique les pourcentages moyens de filles et de garçons, de la première année de Licence à la seconde année de master. En première année, la filière accueille 74% de garçons et 26% de filles. On retrouve cette répartition dans tous les UFR et départements STAPS de France. Le pourcentage de filles tend légèrement à augmenter au fil des années, indiquant que ces dernières obtiennent de meilleurs résultats au cours de leurs études. Mais la suprématie des garçons reste marquée : en seconde année de master, on a encore 65% de garçons pour 35% de filles. (suite…)