L’Université, les STAPS, l’Education Physique et Sportive

STAPS

Le directeur du département STAPS de Chambéry jette l’éponge

Les directeurs STAPS ont appris avec tristesse l’annonce de la démission de Pierre Bavazzano, directeur du département STAPS de l’Université Savoie Mont blanc de Chambéry. Pierre était membre du Conseil d’Administration de la Conférence des Directeurs et Doyens de STAPS (C3D), respecté et écouté par tous ses collègues. Son investissement pour les STAPS, tant au niveau local qu’au niveau national, était d’une telle consistance que chacun se dit que la coupe devait singulièrement déborder pour qu’il se résigne à laisser tomber.

Le tableau décrit par Pierre Bavazzano révèle tout le mépris de l’université de Savoie vis-à-vis du département STAPS.

  1. Ce département dépend de l’UFR Science et Montagne. Il accueille 1000 étudiants, soit 1/3 des effectifs de l’UFR. Il ne dispose cependant que de 23 enseignants titulaires, sur les 180 affichés par l’UFR. Quelles formations acceptent des taux d’encadrement de 43.5 étudiants par enseignant titulaire?
  2. Depuis la mise en place de ParcourSup, le département STAPS n’a obtenu aucun budget pour le traitement des dossiers, alors que l’université de Chambéry reçoit des crédits fléchés pour la rétribution de ces tâches (60 000 € en 2018).
  3. L’accroissement des capacités d’accueil dans le cadre du Plan Étudiants (60 places de L1, 30 places de DEUST en 2018) n’a été soutenu que de manière partielle en termes de postes. Les accroissements subséquents des capacités d’accueil (15 places en 2020) n’ont été accompagnés que de compensations financières dérisoires.
  4. Bien que participant comme l’ensemble des structures STAPS à la réforme des études de santé, le département STAPS n’a obtenu aucun moyen supplémentaire, alors que le département Sciences de la Vie a obtenu un demi-contractuel.
  5. Alors que le département STAPS participe activement au projet @spire (Accompagnement, Spécialisation Progressive et Individualisation pour la Réussite de tous les Étudiants), et que son engagement est loué par l’université (« les STAPS sont en avance sur le projet @spire, c’est la tête de pont de l’Université sur ce projet»), la filière n‘a obtenu cette année que 60 heures dédiées à ce projet.
  6. Enfin le directeur du département ne perçoit qu’une indemnisation de 66hTD/an, rétribution que chacun appréciera, quand on sait qu’un directeur de département est le plus souvent un factotum multi-cartes, au four et au moulin sur l’ensemble de la gestion de sa structure (budget, emplois du temps, installations, etc.).

(suite…)

Détachements, disponibilités : chers collègues, un peu de dignité…

A l’heure où l’université croule sous les demandes d’inscription, auxquelles elle doit faire face avec des moyens toujours plus limités, je voudrais parler d’un problème rarement évoqué, à part dans le cénacle fermé des conseils universitaires : les positions de détachement de certains collègues, qui bloquent partiellement le fonctionnement des UFR. Je conçois de toucher ici à un droit fondamental des enseignants-chercheurs, mais l’université a aussi des devoirs, notamment celui d’accueillir de manière digne les étudiants qui lui font confiance.

A l’UFR STAPS de Montpellier, c’est à l’heure actuelle 4 enseignants-chercheurs, soit un peu plus de 10% de nos effectifs, qui sont actuellement en détachement dans des universités étrangères. Trois d’entre eux sont notamment accueillis à l’Institut des sciences du sport de l’Université de Lausanne. Il ne s’agit pas de détachements temporaires : l’un de ces enseignants est en position de détachement depuis 2004, parti comme maître de conférence, il a maintenant le statut de professeur dans sa nouvelle université.

Bien sûr, les services de ces enseignants sont compensés en heures complémentaires, ou en postes temporaires (ATER). On comprendra néanmoins que ces moyens supplétifs ne sauraient compenser l’investissement d’enseignants-chercheurs titulaires, en termes de responsabilités pédagogiques (directions de diplômes), de responsabilités d’équipes et de programmes de recherche. Et tant que leur détachement perdure, il est impossible de recruter sur les supports d’emploi dont ils sont titulaires, l’université devant les réintégrer à tout moment dès lors qu’ils en expriment le souhait. (suite…)

Master MEEF : Tourmente sur les parcours EPS et la Licence STAPS Éducation et Motricité

Dans le contexte sanitaire actuel, les universités sont en souffrance. Je pense surtout aux étudiants, qui traversent « les plus belles années de leur vie » dans l’isolement et souvent la précarité. Le passage à l’université, qui devrait être un lieu de rencontre, d’échange, d’ouverture, est depuis un an confiné dans un distanciel qui lui fait perdre toute sa substance. On ne mesure sans doute pas encore les dégâts que cet épisode va engendrer dans cette génération. Deux années blanches dans un parcours de formation supérieure. Lors de mon dernier cours, pourtant explicitement dédié à la préparation des examens, seuls 96 étudiants se sont connectés, sur 700 inscrits… (suite…)

Bilan d’un long mandat à la tête de la C3D STAPS (2013-2019)

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Au moment où s’achève mon mandat de président de la C3D, il me semble utile de tracer un bilan des travaux réalisés. Utile pour ceux qui désirent ou désireront un jour comprendre cette période particulièrement effervescente pour les STAPS. Utile aussi pour ceux qui vont être amenés à assurer la poursuite des activités de la Conférence. Dans le feu roulant de l’actualité, on en vient à oublier les détails du cheminement. Ce texte n’est pas un Livre Blanc, mais un simple bilan de ce qui a été fait. Il est aussi ouvert sur l’avenir, et on pourra y puiser un zeste de perspectives, pour ceux qui souhaiteront les percevoir et s’engager dans la continuité.

Ce fut un long mandat, de juin 2013 à décembre 2019, qui a été marqué par des évolutions profondes au sein de la Conférence et surtout par un grand nombre de problématiques que nous avons dû prendre en considération. Je tiens à remercier tous ceux qui ont œuvré à mes côtés, et en particulier ceux qui se sont succédés au poste de secrétaire général de la Conférence : Laurent Bosquet, David Leroy, et Philippe Mathé. Tous trois ont accompli un travail remarquable, qui a permis l’organisation de rencontres de qualité, de tracer la mémoire de la C3D au travers de comptes rendus exemplaires de nos travaux. Ils ont tous placé la barre très haute, chacun obligeant son successeur à l’excellence. Je remercie aussi ceux qui ont accepté un temps d’être vice-présidents, Christine Le Scanff, Lionel Crognier, Arnaud Jaillet, Yannick Vanpoulle, Jean Saint-Martin et Aurélien Pichon. Un grand merci aux trésoriers : Xavier Devillard, Michèle Schwartz et Marie-Agnès Fargeas-Gluck, et à certains membres du CA particulièrement actifs : Hugues Rolan, Thierry Maquet et Pierre Bavazzano. Durant ces années, si j’ai pris personnellement en charge certains dossiers, j’ai surtout essayé d’animer ce groupe exceptionnel, de donner du sens à son engagement, de prioriser les axes essentiels, de motiver les uns et les autres à s’investir dans les chantiers qui correspondaient à leurs compétences. (suite…)

L’UFR STAPS du Mans dans une situation intenable

L’UFR STAPS du Mans fait face depuis plusieurs années à des problèmes d’encadrement récurrents. C’est près de 1000 étudiants qui sont accueillis dans cet UFR, avec uniquement une vingtaine d’enseignants titulaires pour assurer les formations. L’ensemble des responsables a décidé de démissionner de ses fonctions administratives, et les étudiants ont engagé des actions pour faire connaître leurs difficultés. Les média se sont fait écho de cette situation.

Comme l’ensemble des STAPS de France, l’UFR du Mans a fait des efforts considérables ces dernières années pour accroître ses capacités d’accueil, afin de faire face à la demande croissante des lycéens. Si un certain nombre d’UFR STAPS ont bénéficié l’année dernière de créations de postes leur permettant d’accepter ces étudiants supplémentaires dans des conditions raisonnables, de nombreux centres de formation n’ont pu obtenir de création et ont dû se contenter de compensations en heures d’enseignement. Il est clair cependant que des heures complémentaires, assurées le plus souvent par des vacataires, ou par des enseignants déjà surchargés, ne peuvent remplacer l’apport de nouveaux enseignants titulaires, s’engageant sur le long terme dans les projets pédagogiques et des postes de responsabilités.

Nous savons les difficultés auxquelles sont confrontées les universités, engagées dans des plans de stabilité budgétaire, et tentant tant bien que mal de maîtriser leur masse salariale. Mais d’un autre côté les STAPS ne peuvent jouer le jeu de l’accueil massif des lycéens et d’un travail effectif sur leur réussite sans contreparties tangibles au niveau de leur potentiel d’encadrement. L’année dernière plus d’une centaine de postes d’enseignants ont été créés, à l’occasion de la première vague de ParcourSup, permettant l’ouverture de 3200 places supplémentaires en STAPS. Les rectorats et les universités ont accompagné tant bien que mal cet effort, même s’il a fallu dans quelques UFR STAPS afficher de manière véhémente des revendications légitimes (Nantes, Rennes, Brest, et Rouen notamment). Cette année les créations de poste sont plus rares, bien que de nombreux UFR aient accepté d’accroître encore leurs capacités d’accueil, et que l’amélioration de la réussite en Licence 1 génère des coûts plus importants en seconde année.

L’UFR STAPS du Mans réagit à une situation particulièrement intenable, et la C3D soutient complètement les revendications des enseignants et des étudiants. Mais de nombreux directeurs nous font remonter des problèmes similaires dans leurs universités, avec l’impression d’être lâchés au milieu du gué, après l’enthousiasme de la première année de ParcourSup.

Mise à jour du bilan de réussite de ParcourSup en STAPS

Comme nous l’avions annoncé précédemment, nous mettons à jour les résultats de notre bilan de réussite pour la première promotion d’étudiants STAPS issus de la procédure ParcourSup. La première version de ce bilan a suscité des réactions diverses, entre les pourfendeurs de la réforme, qui espéraient sans doute que ParcourSup n’ait aucun effet sur la réussite des étudiants, et ses thuriféraires, qui pour des raisons tout autant idéologiques souhaitaient voir émerger des progrès spectaculaires. Désolés de sans doute décevoir les uns et les autres, nous fournissons des données les plus objectives possibles, en toute transparence.

Le bilan ici présenté correspond aux résultats 43 UFR et départements, représentant un total de 20523 étudiants inscrits en 2018-2019 (soit à peu près 81% des effectifs nationaux). Certains ont douté que les résultats de notre première enquête soient statistiquement significatifs, j’espère que l’objection tombera cette fois-ci…). Cette enquête porte sur les résultats définitifs de l’année, après rattrapage. On pourra comparer ces résultats avec ceux d’une autre enquête que nous avons publiée voici quelques mois, à l’issue du premier semestre. (suite…)

Un bilan de réussite de la première promotion ParcourSup en STAPS

Au terme de l’année universitaire 2018-2019, nous sommes en mesure de dresser un bilan de réussite pour la première promotion d’étudiants STAPS issus de la procédure ParcourSup. 23 UFR et départements ont répondu à notre enquête, représentant un total de 11153 étudiants inscrits en 2018-2019. Ce billet sera remis à jour au fur et à mesure de l’arrivée des résultats des autres centres de formation. Cette enquête porte sur les résultats définitifs de l’année, après rattrapage. On pourra comparer ces résultats avec ceux de la première enquête que nous avons publiée voici quelques mois, à l’issue du premier semestre.

La figure 1 permet de comparer les résultats de la promotion 2017-2018 et ceux de la promotion 2018-2019, tous étudiants confondus (néo-entrants et redoublants). Le nombre d’étudiants décrocheurs croît légèrement par rapport aux résultats obtenus au semestre 1, mais reste toujours inférieur à celui relevé l’année précédente (14.57% en 2018-2019 contre 16.02% en 2017-2018). Les résultats globaux indiquent un pourcentage de réussite de 42.69% en 2017-2018, et 54.39% en 2018-2019, soit un gain de 11.7 points. Ces résultats sont meilleurs que lors de l’enquête précédente, dans laquelle nous n’avions enregistré qu’un gain de 4.8 points. Les présents résultats prennent en compte les rattrapages et la compensation entre semestres, ce qui peut expliquer la différence constatée. La moitié des étudiants se retrouve désormais dans l’intervalle de notes 10-13, ce qui n’était le cas que pour 36% d’entre eux au premier semestre. Cet effet se retrouve dans toutes les catégories de l’histogramme, les étudiants 2018-2019 présentant des pourcentages plus faibles dans les intervalles de notes situés en-dessous de la moyenne, et plus élevés dans les intervalles situés au-dessus. Ces tendances sont accrues lorsque l’on isole les néo-entrants, issus de la procédure ParcourSup.

 

Figure 1 : Répartition en pourcentages des résultats des étudiants inscrits en 2017-2018, en 2019-2019, et des néo-entrants de 2018-2019. (suite…)

Les 5 mentions de Licence STAPS sont publiées au Journal Officiel

Le journal Officiel du 27 juin 2019 publie l’arrêté du 23 mai 2019 modifiant l’arrêté du 22 janvier 2014 fixant la nomenclature des mentions du diplôme national de licence et l’arrêté du 4 février 2014 fixant la nomenclature des mentions du diplôme national de master.

Ce texte acte la création de cinq mentions de Licence STAPS, correspondant aux parcours nationaux développés jusqu’alors dans la mention unique :
– STAPS – Activité physique adaptée et santé (APAS)
– STAPS – Education et motricité (EM)
– STAPS – Entraînement sportif (ES)
– STAPS – Ergonomie du sport et performance motrice (ESPM)
– STAPS – Management du sport (MS)

Cette création rentrera en application dès la rentrée 2019. Pour chacun des établissements actuellement accrédités pour la délivrance d’une Licence mention STAPS, la DGESIP va effectuer la transposition vers ces nouvelles mentions, en remplacement des parcours existant actuellement. Les universités sont actuellement contactées dans ce sens.

La C3D a porté officiellement une demande auprès du Ministère de l’Enseignement supérieur le 17 mai 2018, dans laquelle nous exprimions notre souhait que l’actuelle Licence STAPS soit divisée en 5 mentions autonomes. Cet aménagement nous paraissait essentiel à la lisibilité auprès des employeurs des formations de Licence STAPS, et donc à l’insertion professionnelle des diplômés. Rappelons que trois parcours de la Licence STAPS donnaient droit à l’obtention d’une carte professionnelle. Les cinq mentions de Licence STAPS resteront groupées dans un portail STAPS, affiché comme tel sur ParcourSup. Les étudiants intégreront de manière progressive la mention de leur choix, après une première année commune.

Nous remercions sincèrement l’ensemble des partenaires qui nous ont soutenu dans ce processus, et notamment le cabinet du MESRI, le cabinet du Ministère des Sports, les branches professionnelles, et l’ANESTAPS.

ParcourSup : La procédure de classement des vœux en STAPS

La procédure de classement de vœux sur ParcourSup s’est achevée le 10 mai. Comme l’année dernière nous présentons les détails de la démarche suivie pour la licence STAPS. Elle est à peu près identique à celle mise au point l’année dernière, les modifications portant essentiellement sur des adaptations aux informations effectivement disponibles cette année sur la plateforme. Cette présentation est essentiellement technique, et ne vise pas à légitimer une démarche, légitimation sur laquelle nous nous sommes déjà largement exprimés.

L’ensemble des UFR et départements STAPS ont utilisé la même procédure proposée par la C3D pour la Licence STAPS (à part dans une université qui a imposé l’utilisation du module d’aide à la décision). Outre le fait que cette procédure nationale simplifie grandement le travail des commissions d’examen des vœux, elle assure que sur l’ensemble du territoire les candidats à la Licence STAPS sont traités de manière identique. Un candidat postulant en Licence STAPS dans des universités différentes doit donc obtenir des scores identiques. Cette procédure a été mise à disposition de tous les UFR et départements STAPS le 5 avril, au travers d’un fichier Excel et d’un mode d’emploi détaillé.

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Des postes pour les STAPS ?

Après les nombreuses créations de postes obtenues lors de la première année d’application de la loi ORE (selon notre dernier pointage, 65 postes second degré, 48 postes d’enseignant-chercheur, et 10 postes BIATTS), beaucoup de structures STAPS nous font remonter leurs inquiétudes quant à l’attribution de moyens pour faire face à la rentrée prochaine. Les universités annoncent d’une manière générale que l’augmentation des effectifs, tant en L1 qu’en L2, ne pourra être accompagnée que de dotations financières (1600€ par place supplémentaire), et non par la création de nouveaux postes. Cette situation, alors que le ministère s’était engagé à accompagner les filières en tension sur un plan pluriannuel inquiète un certain nombre d’UFR STAPS, qui avaient en effet planifié leurs perspectives de recrutement sur plusieurs années. Par ailleurs certaines antennes nouvellement créées auront des difficultés à assurer la seconde année, faute de pouvoir recruter des enseignants supplémentaires.

Si nous augmentons nos capacités d’accueil, ce n’est pas seulement pour réduire ponctuellement la pression, c’est aussi pour faire réussir nos étudiants. Notre engagement pour les parcours adaptés et l’amélioration de nos taux de réussite en semestre 1 en attestent. Ce sont des projets à long terme qui ne se traitent pas par de l’argent, mais par l’installation de compétences pédagogiques qui ne peuvent venir que de recrutements pérennes.

Nous avons contacté le ministère afin d’avoir une idée exacte des crédits alloués aux STAPS. Le tableau suivant récapitule l’effort financier réalisé ces trois dernières années[1]. Le ministère précise en outre qu’en effet cette année les budgets ne sont pas notifiés en postes, mais sous forme d’allocation de 1600 euros par place créée. Cependant l’argent qui est versé peut servir à financer des postes. Sauf problème de plafond d’emplois, il peut servir à recruter des enseignants titulaires et est soclé (c’est à dire inclus dans la dotation de manière pérenne).

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Le CNESER vote contre la création des cinq mentions de licence STAPS

Lors de sa séance du 16 avril 2019, le CNESER a rejeté le projet de création de cinq mentions de licence STAPS, par 4 voix pour, deux abstentions et 19 voix contre (notamment le SNESUP, le SGEN-CFDT, la CGT, et les organisations étudiantes). C’est un projet sur lequel nous travaillons depuis un an, qui nous semble essentiel pour l’employabilité de nos étudiants, et nous avons du mal à comprendre la défiance du CNESER, que nous ne pouvons guère attribuer qu’à une méconnaissance profonde de l’offre de formation des STAPS et de son fonctionnement.

On nous a dit que ce vote ne portait pas uniquement sur les mentions STAPS, mais qu’il s’agissait d’une modification plus large du cadre national des formations. En effet le projet de modification évoquait aussi sur une précision du périmètre géographique de la mention « théologie », et un changement de dénomination de la mention « sciences du médicament ». Sujets sensibles s’il en est. On ne sait pas vraiment si ce vote était une manifestation d’opposition de principe à toute évolution du Cadre National des Formations, dans un moment fusionnel intersyndical assez exceptionnel, ou si c’est spécifiquement le projet des STAPS qui était visé. On attend toujours une explication de texte crédible. (suite…)

Kinésithérapeutes : les nouveaux couteaux suisses de la préparation des sportifs

Un article paru le 10 avril 2019 sur le très officiel site de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes et intitulé « Marathon : Le kinésithérapeute, votre partenaire prépa » offre quelques morceaux d’anthologie. Il commence par énoncer que le kinésithérapeute, « fin connaisseur des pathologies liées à la pratique du sport, […] est également détenteur du titre d’éducateur sportif  ou éducateur sportif en activités physiques et sportives adaptées ». Cette déclaration reprend un avis du conseil national de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes du 24 mars 2016, dont on peut sans doute discuter la pertinence. Le code du sport liste les diplômes ouvrant droit à l’encadrement contre rémunération d’une activité physique ou sportive, et permettant l’obtention de la carte professionnelle d’éducateur sportif. Le diplôme de masseur-kinésithérapeute y est en effet cité, comme permettant « l’encadrement de la pratique de la gymnastique hygiénique, d’entretien ou préventive dans les établissements d’activités physiques et sportives déclarés ». Ce qui par rapport à d’autres éducateurs sportifs réduit singulièrement l’empan des compétences des diplômés.

Quant au titre d’éducateur sportif en activités physiques et sportives adaptées, il n’existe simplement pas. Et les seules formations en activité physique adaptée sont délivrées par l’université, dans le cadre des cursus STAPS. Quitte à inventer un libellé, il aurait été sans doute plus honnête – mais moins vendeur –, de dire que les masseurs-kinésithérapeutes sont détenteurs du titre « d’éducateur sportif en gymnastique hygiénique, d’entretien ou préventive ».

La suite de l’article est encore plus délectable : « Votre kiné vous accompagnera ainsi tout au long de votre préparation, de votre récupération en vous donnant des conseils sur la technique de course, la préparation physique voire mentale, l’alimentation et l’hydratation, le choix de vos chaussures etc. Il quantifiera le stress mécanique et vous aidera à mettre en place votre programme d’entraînement ». Là on est loin de la gymnastique hygiénique… Le kinésithérapeute couteau suisse au service des sportifs. A la fois entraîneur, préparateur physique, coach, préparateur mental, nutritionniste, équipementier et ergonome. Un superman qui aurait suivi simultanément toutes les mentions de STAPS.

S’ils désirent vraiment s’intégrer à l’université, les kinésithérapeutes devraient sans doute se centrer davantage sur leurs compétences propres et respecter celles de leurs partenaires. Et abandonner cette communication de camelot, de bonimenteur de foire, qui ne les grandit pas vraiment.

On évaluera la déontologie de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes au temps qu’il mettra à supprimer cet article de son site.

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PS: Suite à de nombreux échanges sur Twitter avec des masseurs-kinésithérapeutes, je me suis rendu compte que peu d’entre eux avaient une vision claire des compétences que leur formation initiale était sensée leur conférer. Je me permets de les renvoyer vers la fiche RNCP du DE de Masseur-Kinésithérapeute, en ligne sur le site de la CNCP.

France Stratégie : une présentation bien caricaturale des STAPS

France Stratégie a publié en février 2019 un rapport intitulé « Vision prospective partagée des emplois et des compétences : Les métiers du sport ». Ce rapport présente des analyses tout à fait intéressantes sur les métiers du sport et leur évolution. On y apprend notamment qu’en 2017 les STAPS ont délivré 11 825 diplômes, contre 15 300 pour le ministère des Sports (BPJEPS majoritairement), et 6000 pour la branche professionnelle du sport (CQP). Les STAPS attirent des jeunes bacheliers en formation initiale, les BPJEPS et les CQP concernent des individus plus âgés et souvent déjà en situation d’emploi.

La présentation des formations en STAPS reste cependant étonnamment allusive et chargée d’a priori. Il est par exemple déclaré qu’en STAPS, « ce sont des jeunes en formation initiale dont une partie se destine aux métiers de l’enseignement des APS (préparation du concours) » (p. 13). Plus loin : « Cette filière prépare historiquement aux métiers de l’enseignement au sein de l’Éducation Nationale, mais elle s’est fortement diversifiée depuis » (p. 61). Et enfin : « pour faire face à la forte demande, toujours croissante, des jeunes bacheliers pour entrer dans la filière STAPS, les acteurs de cette filière cherchent à diversifier l’offre de formation vers des parcours autres que ceux de l’enseignement et de l’encadrement. Des licences « parcours management du sport » ont ainsi été développées,… » (p 65).

Si en effet lors de la création des UEREPS en 1974 la formation était uniquement finalisée par le professorat d’EPS, la diversification des filières a été initiée dès 1982 (il y a quand même 37 ans…). Les STAPS ne cherchent plus à diversifier l’offre de formation, cette diversification est installée depuis plusieurs décennies, et reconnue par les professionnels (sans quoi nous ne pourrions afficher les taux d’insertion professionnelle rappelés dans le rapport…).

A aucun moment les formations en Activité Physique Adaptée-Santé ne sont évoquées (à part de manière allusive, dans un tableau annexé p. 110), alors qu’elles représentent un pilier de l’offre de formation en STAPS, adossé sur une recherche spécifique. De même, la filière Education et Motricité est confinée dans la préparation aux concours de l’enseignement, quand la majeure partie des étudiants trouvent du travail dans le sport éducatif, auprès des associations et des collectivités locales. Les DEUST et Licences professionnelles proposées par les STAPS ne sont jamais présentées. On énonce complaisamment que les compétences des diplômés STAPS sont « parfois jugées trop généralistes », sans préciser de qui vient ce type de jugement ni rappeler les efforts réalisés depuis une vingtaine d’années pour aligner les contenus de formation en STAPS aux demandes des employeurs, autorisant ainsi l’inscription de la plupart des diplômes STAPS au Code du Sport.

Il est regrettable que dans un rapport censé éclairer les politiques de l’Etat, on donne une image partielle et dépassée de l’offre de formation du service public de l’enseignement supérieur.

Création de cinq mentions nationales de Licence STAPS

Dans un courrier daté du 6 mars 2019, le MESRI vient de nous annoncer qu’il acceptait la création de cinq mentions de licence STAPS :

  1. STAPS-Activité Physique Adaptée-Santé
  2. STAPS-Education et Motricité
  3. STAPS-Entraînement Sportif
  4. STAPS-Management du Sport
  5. STAPS-Ergonomie du Sport et Performance Motrice

Lors de la construction du cadre national des formations, en 2014, le nombre de mentions de Licence a été réduit à 45. Les STAPS ne disposaient plus que d’une seule mention, les anciennes spécialités étant devenues des parcours. Nous avons fait une demande officielle au Ministère le 17 mai 2018 pour l’obtention de cinq mentions, correspondant aux cinq spécialités précédentes. Les arguments étaient multiples :

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Premier bilan de réussite pour les étudiants ParcourSup en STAPS

Les jurys d’examen du premier semestre de Licence 1 ayant statué dans la plupart des universités, il nous est possible de dresser un premier bilan de réussite pour la première promotion d’étudiants STAPS issus de la procédure ParcourSup. 33 UFR et départements et 9 antennes ont répondu à notre enquête, représentant un total de 15113 étudiants inscrits en 2018-2019. Cette enquête analyse les résultats de la première session du premier semestre, donc avant la session de rattrapage.

La figure 1 permet de comparer les résultats de la promotion 2017-2018 et ceux de la promotion 2018-2019, tous étudiants confondus (néo-entrants et redoublants). D’une manière générale, on observe moins d’étudiants absents aux examens cette année que l’année dernière. A noter que nous n’avons pas été en mesure dans ces pourcentages de distinguer les décrocheurs des étudiants défaillants. On peut noter que ces pourcentages restent bien plus faibles (moins de 15% dans tous les cas) que ceux régulièrement dénoncés sur les réseaux sociaux. On observe également une baisse des pourcentages d’étudiants obtenant des moyennes inférieures à 7, et une hausse pour les moyennes plus élevées notamment dans la tranche 10-13. Cette figure isole également les résultats des néo-entrants de 2018-2019. On voit que toutes les tendances précédemment décrites sont accentuées si l’on ne prend en compte que les étudiants issus de la procédure ParcourSup.

 

Figure 1 : Répartition en pourcentages des résultats des étudiants inscrits en 2017-2018, en 2019-2019, et des néo-entrants de 2018-2019.

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Approche par compétences et compensation

La pédagogie universitaire est essentiellement fondée sur ce que l’on peut appeler l’approche par les connaissances. Les enseignants font des cours au cours desquels chacun déverse les connaissances de sa discipline, et évaluent la capacité des étudiants à restituer ces connaissances lors des examens. Les enseignements sont généralement juxtaposés, indépendants, regroupés en « unités d’enseignement » dont la cohérence relève davantage d’un découpage administratif que d’une pertinence pédagogique. L’obtention du diplôme est décidée sur la base de la « restitution moyenne », en appliquant le principe de la compensation généralisée, entre enseignements, entre unités d’enseignement, entre semestres.

A l’heure actuelle une autre démarche se dessine, l’approche par les compétences. Cette évolution est principalement motivée par les perspectives de développement à l’université de la formation tout au long de la vie, et aussi par les exigences de professionnalisation des formations universitaires. A l’heure où l’on rentre dans une phase où les universités sont explicitement invitées à réfléchir leur offre de formation en termes de compétences, il est sans doute utile de revenir sur certaines questions qui ne manqueront pas de se poser. (suite…)

L’insertion professionnelle des diplômés de STAPS

La C3D a réalisé avec le GAREF[1] une enquête sur le parcours professionnel et/ou scolaire des étudiants diplômés en 2015-2016 d’un diplôme STAPS (DEUST, Licence 3 générale, Licence professionnelle, Master 2).

Cette enquête confirme les résultats des précédentes (voir notamment les enquêtes du CEREQ), mais en adoptant un grain d’analyse particulièrement fin (notamment pour des diplômes peu investigués auparavant, comme le DEUST ou la Licence). Pour les étudiants qui ont décidé de s’insérer professionnellement suite à l’obtention de leur diplôme, le taux d’emploi est de 84,5%, et atteint 91,5% pour les Masters.

Les diplômés STAPS ont cependant majoritairement poursuivi leurs études (62,5%), prioritairement en restant en STAPS (67,8%). Seuls les diplômés de Licences professionnelles ou de Master ont majoritairement mis un terme à leurs études après l’obtention du diplôme. (suite…)

Quels enseignements de spécialité quand on veut aller en STAPS ?

Les élèves de seconde doivent cette année choisir les trois enseignements de spécialité qu’ils suivront l’année prochaine en classe de Première. Ils doivent également choisir une option. Les établissements secondaires et les familles sont en attente d’informations afin d’éclairer ces choix de spécialité.

Dans certaines disciplines universitaires (par exemple Sciences ou Langues), on peut s’attendre évidemment à ce que certains enseignements de spécialités soient strictement requis. Il semble difficile pour les STAPS d’avoir une approche comparable. Les enseignements que nous proposons sont pluridisciplinaires (sciences de la vie, sciences humaines, sciences sociales), et nos étudiants présentent généralement des profils très divers. (suite…)

Postes aux concours de recrutement: statu quo, pour le moment…

C’est avec un soulagement certain que nous avons pris acte aujourd’hui du nombre de postes ouverts aux concours de recrutement en EPS en 2019: 650 postes au CAPEPS externe (630 en 2018), et 69 postes au CAFEP-CAPEPS (78  en 2018). Ces chiffres confirment des informations que nous avions pu recueillir ces dernières semaines.

Il est clair que nous nourrissions de vives inquiétudes, suite à l’annonce des Jean-Michel Blanquer sur les suppressions de postes dans l’enseignement secondaire. Notons quand même que si l’EPS ne s’en tire pas trop mal, d’autres disciplines  sont touchées par des baisses significatives (voir le post de François Jarraud sur le Café Pédagogique).

Si ces chiffres devraient rassurer les candidats de cette année, les inquiétudes demeurent sur le moyen terme. On peut craindre que la réforme du lycée, lorsqu’elle sera entièrement déployée, génère une baisse brutale des recrutements. Par ailleurs, la réforme actuellement en débat sur la formation initiale laisse entrevoir des tentations inquiétantes: reprise en main des ESPE par les rectorats, réduction des exigences universitaires, exploitation des stagiaires de master et des reçus-collés du master pour combler les déficits locaux, régionalisation des recrutements.

Les décisions qui seront prises dans les mois qui viennent risquent de bouleverser le paysage de la formation et du recrutement des enseignants. Les STAPS seront particulièrement affectées, notamment la Licence Education et Motricité qui conserve (pour le moment) une forte attractivité, mais qui pourrait voir un de ses débouchés emblématiques se tarir.

ParcourSup : la fin des pièces justificatives ?

Frédérique Vidal avait au mois de septembre évoqué l’anonymisation des dossiers de candidatures sur la plate-forme ParcourSup, en évoquant des craintes de discrimination d’accès dans l’enseignement supérieur. Visiblement cette idée a poursuivi son chemin, puisque l’on vient de nous informer que le dépôt de pièces justificatives (nécessairement nominatives) ne serait sans doute plus possible cette année sur la plate-forme. (suite…)