L’Université, les STAPS, l’Education Physique et Sportive

Archives de mots clés: Pédagogie universitaire

Approche par compétences et compensation

La pédagogie universitaire est essentiellement fondée sur ce que l’on peut appeler l’approche par les connaissances. Les enseignants font des cours au cours desquels chacun déverse les connaissances de sa discipline, et évaluent la capacité des étudiants à restituer ces connaissances lors des examens. Les enseignements sont généralement juxtaposés, indépendants, regroupés en « unités d’enseignement » dont la cohérence relève davantage d’un découpage administratif que d’une pertinence pédagogique. L’obtention du diplôme est décidée sur la base de la « restitution moyenne », en appliquant le principe de la compensation généralisée, entre enseignements, entre unités d’enseignement, entre semestres.

A l’heure actuelle une autre démarche se dessine, l’approche par les compétences. Cette évolution est principalement motivée par les perspectives de développement à l’université de la formation tout au long de la vie, et aussi par les exigences de professionnalisation des formations universitaires. A l’heure où l’on rentre dans une phase où les universités sont explicitement invitées à réfléchir leur offre de formation en termes de compétences, il est sans doute utile de revenir sur certaines questions qui ne manqueront pas de se poser. (suite…)

La compensation : retour sur de vieilles discussions

Alors que la question de la compensation est reposée sur la table, je ne résiste pas à l’envie de partager cet extrait du procès-verbal de la séance du 30 janvier 2012 du Conseil de Gestion de l’UFR STAPS de Montpellier. Le cadre institutionnel a un peu vieilli, mais globalement le raisonnement a conservé sa pertinence. (suite…)

Plan Etudiants : l’avis de la C3D

La C3D a accueilli avec satisfaction le Plan Etudiants, dans lequel elle a retrouvé l’essentiel des propositions qu’elle avait exprimées au sein du groupe de travail STAPS. Il s’agit à notre sens de propositions équilibrées, pragmatiques, devant permettre des avancées significatives dans un système universitaire qui apparaissait particulièrement bloqué.

Nous avions proposé la mise en place d’attendus multi-critériés, renvoyant aux compétences développées par les candidats dans quatre domaines (compétences scientifiques, littéraires, sportives et engagement citoyen). Ce principe a été retenu et nous ne pouvons que nous féliciter. Les STAPS ont trop souffert du tirage au sort et de ses dérives pour ne pas se réjouir de son dépassement. Nous sommes par ailleurs persuadés que l’accueil massif, sans discernement, de tous les candidats postulant à la licence STAPS ne peut déboucher que sur l’échec récurrent et prévisible d’un certain nombre d’entre eux. (suite…)

Réforme du premier cycle universitaire : Synthèse des propositions de la C3D

Lors de la cinquième réunion du groupe de travail STAPS, Thierry Terret, rapporteur du groupe, a décliné en 24 points les propositions issues des précédents échanges. Si la C3D STAPS se félicite que l’ensemble de ces propositions reprenne peu ou prou celles qu’elle a patiemment avancées et défendues au cours des réunions du groupe, nous conservons une certaine frustration vis-à-vis de l’aspect linéaire de cette liste. Nous avons toujours tenté de réfléchir de manière systémique, liant entre elles nos propositions et tentant d’évaluer leurs conséquences probables. La liste proposée, sans priorité ni hiérarchie, chaque item étant au même niveau, ne rend sans doute pas assez compte de la richesse des échanges qui ont marqué ces cinq semaines de travail.

Il nous semble nécessaire, en complément de cette liste de propositions, de revenir sur les positions défendues par la C3D, et la manière dont nous avons abordé cette concertation. D’une manière générale, nous avons essayé d’éviter les positions idéologiques fermées, préférant le compromis et le dialogue. Il nous a notamment paru qu’il fallait éviter de caricaturer le problème en se focalisant sur la proposition de pré-requis, qui ne constitue qu’un des éléments du système. (suite…)

Capacités d’accueil : un tirage au sort à l’entrée à l’Université ?

Les médias se sont fait l’écho en cette rentrée de l’émoi déclenché par l’instauration d’un tirage au sort à l’entrée en première année de Licence dans certains UFR STAPS (voir notamment http://m.poitou-charentes.france3.fr/2013/07/10/polemique-les-lyceens-candidats-aux-staps-de-poitiers-dependants-d-un-tirage-au-sort-285795.html . On a même été jusqu’à affirmer que le recours au tirage au sort venait du refus des universités d’analyser les dossiers des candidats.

Revenons aux faits. Tout d’abord ce ne sont pas les universités qui opèrent ce tirage au sort, mais l’application PostBac. Deuxièmement, ce tirage au sort relève simplement de l’application de la Loi, le Code de l’Education prévoyant que si le nombre de candidatures excède le nombre de places disponibles, seul un tirage au sort peut permettre de sélectionner les étudiants parmi les candidats éligibles. C’est en effet la moins mauvaise solution, si l’on veut respecter le principe d’égalité face  à l’accès à l’université des bacheliers. (suite…)

Masters Enseignement : le piège de la « maquette unique »

La note du 10 avril relative aux mentions du master MEEF fait naître quelques inquiétudes sur la conception des futures maquettes de formation. On y lit notamment que « s’agissant des sites pluridisciplinaires, la recherche d’une communauté de vue, dont le projet soumis à accréditation sera le vecteur, doit pouvoir se matérialiser au niveau académique par la proposition d’une offre de formation cohérente et largement partagée au sein de chacune des 3 mentions MEEF visant les métiers de l’enseignement de l’éducation nationale » (i.e., « premier degré », « second degré », et « encadrement éducatif »). Il est dit par ailleurs qu’ « une seule maquette doit être mise en œuvre par les équipes pédagogiques, qui intégreront les enseignants des universités, de l’ESPE et des professionnels intervenant dans le champ scolaire ».

Toujours cette quête infernale d’homogénéisation et de simplification. Un master enseignement qui quelle que soit la discipline proposerait une maquette identique sur tout le territoire, gage d’une formation équivalente pour tous les enseignants du pays. (suite…)

Enseignants-chercheurs: enseignants par obligation, pédagogues à l’occasion

J’ai évoqué dans deux billets précédents l’incapacité de l’université à prendre la mesure des besoins de la population étudiante dont elle a la charge. Ceci renvoie à une nécessité sans doute trop évidente pour être prise d’emblée en compte: il faut prendre les étudiants tels qu’ils sont, et non tels qu’on les rêve.

On peut se demander si les enseignants-chercheurs, à l’université, sont réellement en mesure d’opérer cette mise en perspective. Il faut conserver à l’esprit que les enseignants-chercheurs sont issus de la crème de l’université : ils ont obtenu une thèse, ils ont ferraillé dans des concours difficiles pour obtenir un poste, ils se sont hissés aux sommets de leur domaine de recherche, ils appartiennent à l’élite intellectuelle de la Nation. Que peuvent-ils comprendre à l’étudiant normal, qui vient juste d’obtenir son baccalauréat, parfois difficilement, et qui n’a pas de projet de vie clairement défini ? D’autant que ces enseignants-chercheurs ne sont formés, recrutés et évalués que sur leur activité de recherche : aucun d’entre eux n’a eu de réelle formation pédagogique. (suite…)