Ce bilan est évidemment teinté des spécificités des parcours « Éducation Physique et Sportive », préparatoires au CAPEPS, dans lesquels je suis particulièrement investi. Spécificités dont on peut lister certains indicateurs. Il n’y a pas de crise des vocations en EPS : même si l’on a « perdu » 2000 candidats au CAPEPS par rapport à l’année dernière, le report du concours en seconde année du master explique en partie cette baisse. Mais cette année, contrairement à de nombreux autres concours, il y avait encore deux fois plus d’admissibles que de postes à pourvoir, et tous les postes ont été pourvus. On peut ajouter aussi que dans leur grande majorité les candidats étaient issus des masters MEEF, ce qui n’est pas le cas dans d’autres disciplines.
On peut aussi évoquer l’attractivité du métier d’enseignant EPS. Beaucoup d’étudiants rentrent en STAPS avec le souhait de devenir enseignant, ce qui n’est pas le cas dans d’autres disciplines universitaires, où l’orientation vers l’enseignement vient souvent lorsque les autres voies de professionnalisation se sont bouchées. L’existence d’une mention spécifique de Licence STAPS « Éducation et Motricité », pré-professionnalisant aux métiers de l’enseignement, entretient précocement cette vocation. Le problème est à l’heure actuelle plutôt une pénurie de places en Master MEEF EPS, entraînant une sélection drastique en première année. Nos masters MEEF ne courent pas après les candidats… (suite…)
Didier Delignières
11 juillet 2022
Education Physique et Sportive, Mastérisation - Formation des enseignantsEducation Physique et Sportive, Formation des enseignants, Mastérisation - Formation des enseignants, Préparation aux concours
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J’ai déjà évoqué dans ce blog les dégâts qu’allait entraîner le report des concours de recrutement en seconde année de master : disparition de la formation professionnelle des futurs enseignants, précarisation des parcours des étudiants, incurie programmée de la formation à et par la recherche. Nous avons suffisamment alerté, depuis quelques années, sur les conséquences de cette réforme[1]. J’hésite encore, au vu des orientations décidées par le Ministère de l’Éducation Nationale, entre l’application délibérée d’une conception néolibérale de l’enseignement (qui devrait alors se traduire par une réduction drastique du nombre de postes ouverts aux concours), et une simple incapacité à penser la complexité et à anticiper les conséquences à court et long terme des décisions prises.
Je voudrais ici attirer l’attention sur le court terme, auquel sont d’ores et déjà confrontées les équipes pédagogiques des INSPE : l’année 2021-2022, qui marquera la transition entre les deux systèmes. (suite…)
Didier Delignières
7 mars 2021
Mastérisation - Formation des enseignantsFormation des enseignants, INSPE, Mastérisation, Préparation aux concours
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A partir de la session 2022, les concours de recrutement seront repoussés en seconde année de master. Les équipes pédagogiques de ces diplômes doivent commencer à réfléchir à l’évolution des maquettes d’enseignement, qui devront être opérationnelles à la rentrée 2021.
Notons d’entrée que les propos qui suivent concernent avant tout le master MEEF EPS, préparant aux concours du CAPEPS et du CAFEP. Concours particulièrement sélectifs : en 2018, on compte par exemple pour le CAPEPS 5014 candidats inscrits, 4000 présents aux épreuves d’admissibilité, 1336 admissibles, et 630 admis. Il s’agit donc de concours qui ne manquent pas d’attractivité. Notons aussi que les candidats ont tous suivi préalablement un parcours préprofessionnel en Licence « STAPS-Éducation et Motricité », au cours duquel ils ont déjà réalisé des stages en établissements scolaires, et que la majorité des candidats (87%) sont issus directement des masters MEEF (53% étaient inscrits M1, 34% en M2). La moyenne générale des admis est de 12.6, et la moyenne du dernier admis de 10.4. Ces précisions sont importantes, car elles orientent sans doute les propos qui vont suivre. Je conçois que dans d’autres disciplines les problématiques puissent être différentes. (suite…)
Didier Delignières
30 août 2020
Mastérisation - Formation des enseignantsConcours de recrutement, Formation des enseignants, Mastérisation, Préparation aux concours
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Dans un billet récent, j’essayais de prévoir les scénarios envisageables suite aux annonces du Ministère de l’Education Nationale relatives au nombre (restreint) de contrats d’alternance proposés pour les étudiants de seconde année de master MEEF. Le premier scénario envisageait la coexistence, en seconde année de master, d’étudiants alternants, rémunérés et bénéficiant d’un stage en responsabilité, et d’étudiants ne pouvant qu’accéder à des stages d’observation. Je m’inquiétais alors des effets délétères de cette inégalité de traitement pour des étudiants préparant un concours national au sein d’un master universitaire. Le second était celui d’une réduction des capacités d’accueil en première année de master, afin de permettre à tous les étudiants accédant en master 2 de bénéficier de ces contrats d’alternance.
L’INSPE de Grenoble vient clairement de trancher en faveur du second scénario. D’une manière générale, les capacités d’accueil en M1 MEEF pour la prochaine rentrée sont revues légèrement à la baisse : « Elles ont été définies en accord avec le rectorat et les DSDEN, afin que l’INSPE et le rectorat soient en capacité de proposer des stages alternants en 1/3 temps en responsabilité pour les entrants en M2 MEEF à la rentrée 2020-2021 ».
Cette baisse des capacités d’accueil devrait être sans impact pour les mentions Professorat des Ecoles et Encadrement Educatif du fait du non remplissage de la capacité publiée les années précédentes. Pour la plupart des parcours de la mention second degré la réduction devrait être marginale, dans la mesure où les effectifs de ces parcours n’atteignent pas pour le moment les capacités de contrats d’alternance proposés par le rectorat.
Le problème se pose différemment pour le parcours MEEF EPS, au niveau duquel le nombre d’étudiants accédant en master 2 risque d’excéder largement le nombre de contrats d’alternants disponibles. Le Conseil de l’INSPE a donc pris la décision de réduire de manière significative les capacités d’accueil en Master 1, dès la rentrée prochaine. Le rectorat ne pourra garantir que 45 à 55 stages en alternance, quand par ailleurs 120 à 150 étudiants se présentent chaque année au CAPEPS, pour 30 à 35 lauréats. Le Conseil justifie cette décision en disant qu’il « a jugé irresponsable de continuer d’entrainer un tel nombre d’étudiants vers une poursuite d’étude ne débouchant pas sur l’insertion professionnelle visée ». (suite…)
Didier Delignières
23 décembre 2019
Mastérisation - Formation des enseignantsConcours de recrutement, Formation des enseignants, Mastérisation - Formation des enseignants, Préparation aux concours
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Les ministères de l’Education Nationale et de l’Enseignement Supérieur ont levé le voile sur l’organisation future des masters MEEF, après la mise en place du concours dans son nouveau format (en fin de M2). Ils prévoient notamment la mise en place d’un dispositif d’alternance en seconde année de master, les étudiants intervenant en responsabilité pour l’équivalent d’un tiers temps. Le document indique que la mise en place de ce stage en alternance « implique d’identifier dans les académies le vivier d’étudiants qui bénéficiera du dispositif et les berceaux d’accueil des futurs alternants ».
Les ministères se veulent rassurants : ils prévoient entre 10000 et 12000 alternants en seconde année de master MEEF. Dans la mesure où les M2 MEEF accueillent actuellement 24000 étudiants, dont seule la moitié provient du M1 MEEF, ils supposent que « l’équivalent de la population issue des masters 1 MEEF pourra être accueilli en stage alternant dans les établissements scolaires ».
C’est peut être plausible si l’on prend en compte l’ensemble des concours du second degré, mais cela a-t-il du sens pour les Master MEEF EPS ? Dans la mesure où les postes ouverts en EPS représentent un peu moins de 10% des postes ouverts aux concours du secondaire, on peut estimer qu’environ 1000 postes d’alternants pourraient être attribués à l’EPS au niveau national. Notons cependant qu’il y a cette année 2985 étudiants en master 1 MEEF EPS, sélectionnés sur un potentiel de 4671 étudiants de licence 3 EM, et qui risquent de passer en grande majorité en seconde année. Si l’on poursuit le raisonnement jusqu’au bout, ce n’est donc qu’un étudiant sur trois qui pourrait bénéficier en M2 d’un contrat d’alternance, les autres devant sans doute se contenter de stages d’observation, non rémunérés. Il reviendra aux universités, sur la base des résultats de M1, de désigner les heureux élus. (suite…)
Didier Delignières
24 novembre 2019
Mastérisation - Formation des enseignantsConcours de recrutement, Formation des enseignants, Mastérisation, Préparation aux concours
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Le rapport de Monique Ronzeau et Bernard Saint-Girons, publié le 20 février 2019, privilégiait deux pistes pour le positionnement des concours enseignants :
- Des épreuves d’admissibilité en fin de Licence, et une admission en fin de master, admission qui « fondée sur l’obtention du master, ce qui devrait permettre de vérifier les compétences professionnelles acquises par les étudiants, cette évaluation devant nécessairement être prononcée conjointement par l’université et l’employeur, en articulant l’évaluation du master avec l’appréciation de la capacité des candidats à opérationnaliser les compétences professionnelles exigibles d’un enseignant débutant ». Cette solution était peu ou prou celle que la C3D avait défendue (voir notamment ici et ici).
- Un concours en fin de Master 2 (admissibilité puis admission). L’idée était principalement d’éviter de scinder le cursus master en deux phases, pré et post-concours.
Les ministres ont visiblement opté pour la seconde solution, qui à notre sens constitue le pire scénario que l’on pouvait entrevoir. (suite…)
Didier Delignières
22 février 2019
Mastérisation - Formation des enseignantsConcours de recrutement, ESPE, Formation des enseignants, Mastérisation - Formation des enseignants, Préparation aux concours
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1. Parce que ce serait sonner le glas de la formation professionnelle en master des futurs enseignants. Nous savons que les étudiants ne peuvent engager une véritable formation professionnelle qu’après être débarrassés de la barrière du concours,
2. Parce que les universités n’ont pas vocation à amener des étudiants à BAC+5 et à ne donner à une majorité d’entre eux qu’un diplôme n’offrant aucune perspective d’insertion professionnelle,
Nous pensons, contrairement aux déclarations du ministre de l’Education Nationale, que le concours enseignant n’a absolument pas vocation à se dérouler en M2. (suite…)
Didier Delignières
30 janvier 2019
Mastérisation - Formation des enseignants, UniversitéConcours de recrutement, ESPE, Formation des enseignants, Préparation aux concours
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Le ministère a publié le 27 septembre ses projections budgétaires. Le budget 2018 de l’Education Nationale ne voit la création d’aucun poste, ce qui signifie pratiquement qu’il y aura moins de postes aux concours de recrutement. Ce problème n’a pas été vraiment évoqué jusqu’à présent…
Francois Jarraud, sur le site du Café Pédagogique, indique ainsi que pour le second degré on passerait de 14 450 à 11 000 postes ouverts au concours, ce qui correspondrait au niveau global à une réduction de 24%. Les arbitrages concernant la répartition par discipline de cette baisse ne sont pas encore rendus. Mais si l’on applique une simple règle de trois sur les postes ouverts l’année dernière au CAPEPS (800), il faut s’attendre cette année à un chiffre bien plus modeste, de l’ordre de 610 postes[1]. Mais cette logique purement arithmétique ne préjuge pas des priorités qui seront prises en compte. On peut craindre que les disciplines jugées déficitaires, notamment les lettres, les maths ou l’anglais, par ailleurs défendues par le nouveau ministre, ne soient protégées dans ces restrictions. (suite…)
Didier Delignières
17 octobre 2017
Education Physique et Sportive, Mastérisation - Formation des enseignants, STAPS, UniversitéCapacité d'accueil, Concours de recrutement, Education Physique et Sportive, Orientation active, Pré-requis, Préparation aux concours, STAPS
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Les nouveaux programmes scolaires, promulgués fin 2015, suscitent un débat nourri au sein de l’Ecole. Je me suis exprimé par ailleurs sur ce sujet[1]. Je voudrais ici évoquer une autre facette du problème, celui de la formation des enseignants.
Une des innovations majeures de ces nouveaux programmes est la proposition d’un Socle Commun qui pour la première fois définit les finalités de l’Ecole, au-delà de « la réussite de tous dans les disciplines scolaires ». Le socle commun de 2006 se limitait en effet à préciser ce que les élèves ne pouvaient ignorer, dans chaque discipline, au terme leur scolarité au collège. Pour la première fois l’Ecole se dote d’un programme propre, au-delà des disciplines, et il me semble qu’il s’agit d’une évolution remarquable.
Cette évolution s’accompagne d’une plus grande liberté octroyée aux équipes pédagogiques. Si les disciplines scolaires sont sensées contribuer activement à l’appropriation du socle commun, les programmes restent par ailleurs allusifs quant aux moyens à mettre en œuvre : les enseignants sont invités à construire des projets pédagogiques prenant en compte les caractéristiques de leurs élèves, les ressources humaines et matérielles dont ils disposent, les objectifs prioritaires de leurs établissements. (suite…)
Didier Delignières
28 octobre 2016
Ecole, Mastérisation - Formation des enseignants, UniversitéESPE, Formation des enseignants, Mastérisation - Formation des enseignants, Préparation aux concours, Sélection en Master
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La note du 10 avril relative aux mentions du master MEEF fait naître quelques inquiétudes sur la conception des futures maquettes de formation. On y lit notamment que « s’agissant des sites pluridisciplinaires, la recherche d’une communauté de vue, dont le projet soumis à accréditation sera le vecteur, doit pouvoir se matérialiser au niveau académique par la proposition d’une offre de formation cohérente et largement partagée au sein de chacune des 3 mentions MEEF visant les métiers de l’enseignement de l’éducation nationale » (i.e., « premier degré », « second degré », et « encadrement éducatif »). Il est dit par ailleurs qu’ « une seule maquette doit être mise en œuvre par les équipes pédagogiques, qui intégreront les enseignants des universités, de l’ESPE et des professionnels intervenant dans le champ scolaire ».
Toujours cette quête infernale d’homogénéisation et de simplification. Un master enseignement qui quelle que soit la discipline proposerait une maquette identique sur tout le territoire, gage d’une formation équivalente pour tous les enseignants du pays. (suite…)
Didier Delignières
14 avril 2013
Mastérisation - Formation des enseignantsCompétences, ESPE, Mastérisation - Formation des enseignants, Pédagogie universitaire, Préparation aux concours, STAPS
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Le positionnement du concours de recrutement en M1 va poser un problème inédit : une masse d’étudiants admis à la première année de master, mais ayant échoué au concours. Jusqu’à présent beaucoup de candidats ayant obtenu le M2 et ayant échoué au concours pouvaient tenter leur chance une seconde fois dans le cadre de DU ou de préparations aux concours organisées par les universités. L’accessibilité actuelle des concours a permis à beaucoup d’entre eux de transformer l’essai. Mais avec un concours en M1, ce sont des cohortes d’étudiants qui risquent de frapper à la porte des M2 sans pouvoir bénéficier du dispositif d’alternance, ni guère de chance de décrocher le concours, dans la mesure où cela ne sera pas la finalité de la seconde année du master. (suite…)
Didier Delignières
16 février 2013
Mastérisation - Formation des enseignantsESPE, Mastérisation - Formation des enseignants, Préparation aux concours
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La volonté du Ministère de regrouper les masters enseignements dans une mention commune « Métiers de L’Enseignement, de l’Education et de la Formation » (MEEF) semble a priori intéressante. On imagine sans peine le montage initialement prévu : la mention concerne tous les métiers de l’enseignement, et regroupe des spécialités disciplinaires (Mathématiques, Physique-Chimie, Lettres, l’Education Physique et Sportive, etc.). Un tronc commun portant sur des contenus transversaux, pédagogie, sciences de l’éducation, psychologie de l’enfant, etc., et des enseignements de spécialité centrés sur la maîtrise de la discipline enseignée. Jusque là, tout va bien. (suite…)
Didier Delignières
8 février 2013
Mastérisation - Formation des enseignantsFormation des enseignants, Mastérisation, Préparation aux concours, Réorientation
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Le Groupe Reconstruire la Formation des Enseignants (GRFDE) milite pour un modèle basé sur un prérecrutement en licence, laissant ensuite aux universités la charge de former professionnellement les futurs enseignants durant les deux années de master (http://grfde.eklablog.com/). Ce groupe a tenté de chiffrer cette proposition, et leur étude démontre que cette solution se révélerait beaucoup moins onéreuse que les modèles envisagés actuellement (concours en M1 ou concours en M2). Il semble que le ministère se refuse cependant à envisager cette éventualité, restant crispé sur l’hypothèse d’un concours situé en première année de Master. (suite…)
Didier Delignières
6 janvier 2013
Mastérisation - Formation des enseignantsFormation des enseignants, Mastérisation, Préparation aux concours
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Cet éditorial est paru en 2012 dans la revue Movement & Sport Sciences, n°77
Le Département Sciences du Sport et de l’Education Physique de l’Ecole Normale Supérieure de Ker-Lann fête ses dix ans. A l’occasion de cet anniversaire, j’ai eu l’honneur de participer dans les locaux de l’Ecole à une table ronde consacrée à la place de l’ENS dans le monde des STAPS et de l’EPS. J’y ai tenu des propos que certains ont pu trouver provocateurs. Je voudrais ici rapporter cet argumentaire, en développant certains aspects particulièrement problématiques.
Il faut avouer qu’à la naissance du bébé, l’eau du bain était sacrément polluée. L’ENS avait été créée sur un campus isolé de Bretagne, au grand dam d’universités telles que Lyon ou Montpellier, qui auraient volontiers accueilli la prestigieuse institution et qui possédaient sans doute une culture de l’EPS plus ancrée. Le nouveau Département avait certes des moyens logistiques et financiers conséquents, mais ses ressources humaines étaient bien limitées. On avait mis en outre à sa tête un directeur qui n’avait jamais lui même été enseignant d’EPS, ce qui n’avait pas manqué de surprendre, voire de susciter quelques jalousies. (suite…)
Didier Delignières
5 janvier 2013
Education Physique et Sportive, Mastérisation - Formation des enseignantsDoctorat, Ecole Normale Supérieure, Education Physique et Sportive, Enseignants-Chercheurs, Préparation aux concours
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