« Vous êtes docteure et journaliste, c’est bizarre, non ? » : mon nouveau conseiller financier prend un air chiffonné et visiblement dubitatif devant mon profil client qui s’affiche sur son écran d’ordinateur. Je saute sur l’occasion pour lui expliquer ma démarche : « Monsieur, j’ai un doctorat en sciences et je suis journaliste, rien d’incompatible ni de louche là-dessous. J’ai voulu faire reconnaître mon diplôme ».
Flash back. Il y a quelques mois, j’ai testé la possibilité de faire inscrire sur mes relevés bancaires « Dr EJ ». Ayant pris rendez-vous avec ma conseillère de l’époque, je lui ai demandé si elle pouvait cocher une case informatique de type « Docteur ». Quelque peu surprise par ma demande, elle s’était tout de même gentiment exécutée en m’indiquant que je pouvais choisir être « Docteur » ou « Maître »… et qu’elle aurait besoin d’un justificatif « pour ne pas avoir d’ennuis ». Des ennuis ? A en croire le juriste Dr Hervé Causse, « Maître EJ » et « Docteur EJ » étaient tous deux possible. Munie d’une photocopie de mon diplôme de doctorat, j’allais enfin pouvoir devenir « Dr EJ » aux yeux de ma banque. Fin du flash back.
Morale de l’histoire. Pourquoi en France, est-il si « bizarre » de vouloir porter son titre de docteur alors que c’est une pratique courante de l’autre côté du Rhin ? Que faites-vous, chers docteur(e)s ? Qu’avez-vous indiqué sur vos cartes de visite : « Dr », « PhD » ? Ou avez-vous préféré ne rien mettre ?
Dernière anecdote. Un docteur en sciences jadis interviewé me confiait avoir ôté « Dr » de ses cartes de visite car il était fatigué d’être la risée de ses collègues (non docteurs, faut-il le préciser) : « Quel est ton diagnostic de la situation ? », « Quelle médication préconises-tu ? », s’entendait-il dire en réunion. Avez-vous préféré vivre caché… pour vivre heureux ?
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