Doctrix : Un ouvrage rédigé par plusieurs doctorants sur l’expérience de la recherche est sorti récemment. Pourriez-vous revenir à l’origine de ce projet ?
Les participants : Ce livre est le résultat d’une collaboration d’une dizaine de doctorants, dont certains sont devenus docteurs aujourd’hui. Elle s’est déroulée sur plusieurs mois, grâce notamment à une plate-forme en ligne, puis a donné lieu à deux journées d’étude avant la finalisation des travaux. Nous voulions dépasser la simple publication d’actes de colloque. La réflexion ainsi menée a bénéficié des nombreuses interactions entre les participants, qui ont, à plusieurs reprises, souligné que ce type de projet permettait également de sortir les doctorants de l’isolement relatif ressenti face à leur travail de thèse. Il est alors également important de noter la volonté des coordinateurs d’encourager les travaux se déroulant sur le long terme, au delà des formats classiques et bien connus que sont les séminaires, les journées d’étude, les colloques, et qui permettent à de vraies équipes de se mettre en place pour une meilleure circulation et des échanges fructueux, producteurs de savoirs.
Doctrix : Pourrions-nous en savoir davantage sur les participants ?
Les participants : Les participants au projet « la position du doctorant » et contributeurs de l’ouvrage sont originaires de divers domaines disciplinaires des sciences humaines et sociales (SHS). Sciences de l’information et de la communication (SIC), études néo-helléniques, études japonaises, sociologie, arts plastiques, sciences du langage se rencontrent pour montrer que la question de la réflexivité ne se limite pas à un domaine de recherche particulier mais peut éclairer des impensés et ouvrir des perspectives de réflexion pour tout chercheur qui prend la peine de s’interroger sur ces questions.
Doctrix : La réflexivité est au coeur de votre démarche… Est-ce nouveau pour les jeunes chercheurs?
Les participants : Non, la question de la réflexivité et de la place du chercheur n’est pas neuve. Cependant, force est de constater que peu de chercheurs, jeunes comme confirmés, l’envisagent réellement dans toutes ses dimensions. Certaines approches et certaines disciplines vont jusqu’à éluder totalement ce problème qui ne se limite d’ailleurs pas à la question de l’engagement ou de la participation. Les participants de ce projet ont ainsi voulu montrer que, loin d’être innocent, tout choix de travail de recherche et les orientations qui lui sont données découlent d’un ensemble de facteurs qu’il est possible d’examiner afin de lever le voile sur les enjeux inhérents à ce travail.
Doctrix : Au-delà du groupe de doctorants ayant participé à cette aventure, quels effets attendez-vous de la parution de cet ouvrage ?
Les participants : Il devrait aider les jeunes chercheurs à entreprendre eux-mêmes une démarche réflexive afin de questionner à leur tour la situation dans laquelle ils se trouvent et la manière dont ils s’y définissent. Les professeurs dirigeant des thèses ou encore les étudiants envisageant d’en commencer une, trouveront eux aussi des éléments de réflexion sur le travail de doctorat. De plus, une liste de références commentées portant sur les questions abordées dans le livre est proposée à la fin afin de fournir des pistes pour poursuivre la réflexion.
En proposant ce travail, les coordinateurs ont voulu souligner l’aspect parfois problématique que pose la question de la construction identitaire du doctorant en tant que chercheur et ainsi mettre le doigt sur une question souvent trop vite éludée et qui pourtant oriente en grande partie les travaux de recherche : « Être chercheur, qu’est ce que cela veut dire ? ».
Lire : La position du doctorant. Trajectoires, engagements, réflexivité, sous la direction de Laurent Di Filippo, Hélène François, Anthony Michel, 2012, Questions de communication, série actes, 16, 212 pages