Primaire de la droite et du centre : consensus d’Alain Juppé et Francois Fillon sur la valorisation du doctorat dans les administrations et les entreprises

Les deux candidats au second tour de la « Primaire de la droite et du centre » ce sont intéressés au doctorat. Avant d’aller éventuellement voter dimanche 27 novembre 2016, voici ce qu’ils ont mis dans leurs programmes :

primaire-droite-huit-candidats-en-piste-pour-le-show-televise_0

 

 

(sauf que Mariton n’a pas pu faire le 1er tour !)

Le programme d’Alain Juppé de 26 pages intitulé « VERS UN NOUVEAU MONDE. AGIR POUR L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR » traite du doctorat dès son introduction. Il souhaite changer les mentalités en la matière :

 

« L’excellence. Partout à l’étranger, l’université est le lieu de l’excellence. Dans les réunions internationales, les responsables et dirigeants sont fréquemment docteurs ou PhD. Une société qui connaît un tel renouvellement du savoir a impérieusement besoin de ses chercheurs et de ses enseignants-chercheurs. Leur concours – qu’ils soient philosophes, économistes, historiens, médecins, mathématiciens, physiciens – est indispensable pour toutes les organisations sans exception. Il est temps de changer les représentations relatives à l’université, la recherche et les docteurs. »

 

Dans la partie « LE CONSTAT. MIEUX VALORISER LA RICHESSE DE NOS UNIVERSITÉS », Alain Juppé explique dans un titre que « NOS UNIVERSITÉS MÉRITENT LE MEILLEUR ». Dans un sous-titre, il regrette que « Le potentiel de notre enseignement supérieur n’est pas assez valorisé ». Il constate par exemple que « La moitié des unités mixtes de recherche est localisée au sein des universités et la très grande majorité des doctorants y poursuivent leurs recherches. Les écoles doctorales françaises jouissent d’une très bonne réputation internationale et nos docteurs s’insèrent très bien en post-doctorat dans les universités étrangères. » Ainsi, les jeunes chercheurs font leur thèse en France mais doivent partir à l’étranger pour le postdoctorat.

 

S’il observe que les universités « ont amélioré leur recrutement en imposant systématiquement l’obtention du doctorat », il pense que les docteurs ne sont pas assez reconnus (accès au CDI, taux de chômage, niveau de revenu, relation avec les entreprises, sensibilisation à l’entreprenariat…) malgré plusieurs initiatives : B.A.I.P., Doctoriales, place du doctorat dans les Grandes Ecoles, référents entrepreneuriat, création de pôles de l’entrepreneuriat étudiant, développement de junior entreprises au sein des universités… Il consacre un grand paragraphe intitulé « Nos docteurs ne sont pas suffisamment reconnus » à cette question  :

 

« De même, l’insertion professionnelle des docteurs n’est pas à la hauteur de ce qui leur est offert dans les autres pays développés. Alors que le doctorat est le diplôme-roi dans de nombreux pays, il n’est pas assez reconnu en France. Après trois ans de vie active, les étudiants ayant obtenu leur thèse en 2007 connaissent un taux de chômage de 10 %. À court terme, l’emploi à durée indéterminée est loin d’être acquis pour tous les docteurs visant des carrières dans la recherche publique. Plus significativement, la rémunération obtenue après le doctorat, soit trois ou quatre années d’études après le Master, n’est guère supérieure à celle que reçoivent les titulaires de ce dernier diplôme. Dans certains cas, notamment en sciences humaines, elle est même inférieure. Plusieurs mesures ont été prises pour améliorer l’insertion des docteurs: des dispositifs de professionnalisation avec les bureaux d’aide à l’insertion professionnelle (B.A.I.P.) ou des initiatives d’établissements telles que les Doctoriales (Les Doctoriales sont des séminaires résidentiels d’une semaine destinés aux doctorants afin de les aider à approfondir leur projet professionnel.), les écoles doctorales (qui doivent organiser le suivi de leur insertion professionnelle) ou encore le contrat doctoral. Les Grandes Ecoles ont aussi réalisé des efforts en ce sens, en favorisant la poursuite d’études en doctorat et en s’inscrivant dans les écoles doctorales (30 % de docteurs visés à l’Ecole Polytechnique). Mais ces initiatives demeurent éparses. Les difficultés d’insertion des docteurs restent particulièrement fortes dans le secteur privé, surtout pour les docteurs en lettres et sciences humaines. Les universités ont encore trop peu développé la formation et la sensibilisation à l’entrepreneuriat, malgré les mesures mises en œuvre en 2010 (référents entrepreneuriat, création de pôles de l’entrepreneuriat étudiant, développement de junior entreprises au sein des universités). C’est aussi l’une des raisons de la faiblesse du lien recherche/entreprise. »

 

Dans la partie 5 intitulée « DES UNIVERSITÉS MIEUX RECONNUES », Alain Juppé traite à nouveau du doctorat en proposant des solutions à travers des partenariats avec les entreprises et des modifications du recrutement dans les administrations :

 

– Les universités devront faire mieux connaître les résultats de la recherche conduite en leur sein, à l’instar de ce que font les grands organismes de recherche, et la conclusion de conventions universités-entreprises sur l’insertion des docteurs sera encouragée.

– L’état et des collectivités territoriales deviendront des promoteurs du doctorat en favorisant le recrutement de fonctionnaires au niveau du doctorat (en administration centrale notamment).

 

 

Comme Alain Juppé, François Fillon traite du doctorat dans son programme de 7 pages intitulé « L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET LA RECEHERCHE : PARACHEVER L’AUTONOMIE ». Il se plaint aussi des départs des docteurs dans des postdoctorats à l’étranger dans un paragraphe intitulé « POUR LES ENSEIGNANTS-CHERCHEURS: redonner de la fierté et de la liberté » :

 

« Le statut des enseignants-chercheurs n’a pas été fondamentalement revu depuis le dernier grand texte de 1984 alors que le paysage de l’enseignement supérieur a été profondément bouleversé. Ce constat explique le hiatus actuel et donne prise à de nombreuses critiques qui portent aussi bien sur la place du doctorat, le processus de qualification et les conditions du recrutement. La mobilité européenne et internationale révèle l’inadaptation du système qui conduit à un phénomène de départ assez important des jeunes chercheurs formés en France vers l’étranger sans assister au mouvement inverse, en particulier à l’issue de « post-doc », privant par là-même la Nation de l’investissement qu’elle a fourni. »

 

François Fillon souhaite que les universités soient plus autonomes, y compris dans la fixation des frais de scolarité du doctorat :

 

« Les universités doivent avoir la liberté de fixer les frais de scolarité applicables aux étudiants préparant les diplômes nationaux de master et de doctorat. »

 

Enfin, dans un des paragraphes intitulé « POUR LES ETUDIANTS : une formation de haut niveau préparant à l’insertion professionnelle », François Fillon aboutit aux mêmes propositions qu’Alain Juppé :

 

« Quant au doctorat, il doit devenir un marqueur de la très haute qualité scientifique et permettre l’accès aux plus éminentes responsabilités dans le secteur privé comme dans l’administration. Les docteurs doivent être encouragés financièrement à créer des entreprises innovantes. La haute fonction publique doit se diversifier en accueillant davantage de docteurs, comme c’est le cas chez nos principaux voisins. La France produit chaque  année 14 000 docteurs reconnus dans le monde pour leur qualité exceptionnelle ; elle doit avoir pour ambition d’augmenter ce chiffre de façon significative. »

Leave a Comment

Filed under Dans la politique, Les présidentielles, Nos actu

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.