Sciences en marche recommande de faciliter l’accès des docteurs à des carrières attractives

Sciences en marche

« Sciences en Marche » a sondé les personnels contractuels et vacataires de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (ESR) via un questionnaire en ligne entre les 6 octobre et 31 décembre 2015. 5500 personnes ont répondu : majoritairement des docteurs, doctorants et diplômés de master, en CDD ou vacataires dans les laboratoires et universités publics.

Il en résulte une publication de 68 pages : « Enquête sur les condi0ons d’emploi des personnels non permanents de l’Enseignement Supérieur et la Recherche » (Montpellier, le 26 juin 2017).

En plus de donner une meilleure connaissance des sondés et de souligner un « très fort niveau d’angoisse, de démotivation, et de défiance des nonpermanents vis-à-vis de leurs conditions d’emploi et de reconnaissance professionnelle dans l’ESR », « Sciences en Marche » fait 8 grandes recommandations concernant les non-permanents de l’ESR :

1) Les fonctions pérennes doivent être assurées par du personnel fonctionnaire.

2) Généraliser le suivi sur le long terme de l‘emploi non-permanent dans l’ESR

3) Augmenter les débouchés des formations par la recherche

4) Mettre en place un plan pluriannuel ambitieux d’emploi titulaire dans l’ESR

5) Faciliter l’accès des docteurs à des carrières attractives dans les administrations, dans le monde associatif et dans le secteur privé

6) Améliorer les conditions d’emploi et de travail des non-permanents dans l’ESR

7) Reconnaissance professionnelle des non-permanents de l’ESR

8) Préciser et harmoniser les conditions d’application de la loi Sauvadet et donner les moyens aux opérateurs de la mettre en application

C’est la 5ème recommandation qui intéresse le plus Doctrix. L’enquête révèle un « niveau de satisfaction et de reconnaissance important chez les répondants qui ont, par choix ou par nécessité, quitté l’ESR pour le secteur privé ». « Sciences en Marche » en tire 7 sous-recommandations :

Améliorer la connaissance de l’entreprise apportée par les formations universitaires généralistes. En particulier, encourager les stages en entreprise, longs (>4 mois) et qualifiants en troisième année de licence.

Augmenter le nombre de CIFRE (Conventions Industrielles de Formation par la REcherche) signées à 2000/an (actuellement 1400/an). Accroitre la proportion de CIFRE signées avec des associations ou administrations, qui représentent actuellement moins de 8% des conventions33. La création d’un label CAFRE (Conventions Associatives/Administratives de Formation par la REcherche) indépendant, initialement doté de 200 contrats/ans donnerait une plus grande lisibilité à ce dispositif dans les secteurs administratifs et associatifs.

Généraliser le recensement des types d’emplois occupés par les docteurs 5 et 10 ans après la soutenance de leur thèse, de leur localisation géographique nationale ou internationale et des niveaux de responsabilité et de satisfaction atteints. Les écoles doctorales, les docteurs et les directeurs de thèses doivent être sensibilisés à l’importance de ce suivi sur le temps long.

Conditionner l’attribution du Crédit d’Impôt Recherche au recrutement de docteurs par les entreprises, sur des postes de recherche ou de management de la recherche, les incitations actuelles n’ayant pas permis d’augmenter significativement le pourcentage de docteurs parmi les entrants en entreprise. Ce conditionnement « par le flux » de docteurs recrutés, pourrait être complété par un conditionnement « par le stock » définissant un pourcentage minimal de docteurs dans l’effectif d’entreprises de plus de 250 employés pour que celles-ci soient éligibles au CIR. Dans un contexte international de meilleure reconnaissance du doctorat, ces contraintes apparentes auraient pour effet principal de renforcer la compétitivité des entreprises nationales et l’attractivité de la France pour les entreprises de R&D étrangères, qui privilégient l’emploi des docteurs.

Renforcer les collaborations entre entreprises privées et laboratoires publics. Celles-ci doivent respecter les missions de chacun des partenaires, être équilibrées et prendre en compte l’intérêt général des découvertes. Ces collaborations doivent faciliter l’accueil temporaire de personnels titulaires au sein des entreprises et de chercheurs privés dans les laboratoires publics. Une redéfinition des règles d’attribution du Crédit Impôt Recherche pourrait favoriser ces collaborations, actuellement très peu développées avec les EPSTs et les établissements d’enseignement supérieur.

Faciliter l’accès des docteurs aux postes à responsabilités dans les trois hautes administrations, par la création de voies d’accès spécifiques aux grands corps d’état, au même titre que certaines grandes écoles. Une première étape importante serait de recenser les candidatures de docteurs aux concours externes de niveau A+ et d’analyser les causes de leurs réussite ou échec, afin d’adapter, le cas échéant, les épreuves.

● Appliquer les timides mesures de la loi Fioraso de Juillet 201334, et notamment l’obligation annuelle faite à chaque ministère d’indiquer les efforts faits pour faciliter l’emploi des docteurs (Article 79).

Curieusement, il n’y a pas de référence à une reconnaissance du doctorat dans une « convention collective« . A ce sujet, nous avions interviewé Pierre Gattaz qui préférait parler de « memorandum ».

Au final, « Sciences en Marche » estime que « l’Etat est le premier responsable de la crise actuelle de l’emploi scientifique », mais « le secteur de la R&D privée, trop éloigné du monde académique et peinant à investir en dépit du très généreux Crédit d’Impôt Recherche dont il bénéficie, partage cette responsabilité« .

« Sciences en Marche » appelle le Ministère à organiser une « large conférence nationale sur l’emploi scientifique afin de repenser l’ensemble de la structure et des flux de l’emploi scientifique au sein de l’ESR, et avec les autres administrations de l’état et le secteur de la R&D privée ».

On se souvient des états-généraux de l’ESR de 2012 qui avaient donné lieu à quelques déceptions. Mais cela permet au moins de faire parler de ces questions.

 

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