Sans vouloir lancer de polémique, je m’interroge sincèrement sur l’absence de discussion autour du mouvement des Gilets jaunes parmi les chercheurs.euses.
Des textes éclairants circulent parfois dans la presse, je ne doute pas que le sujet intéresse de nombreuses personnes mais y a-t-il un embryon de prise de position collective (et, encore mieux, d »actions collectives ») du côté des sociologues, des politistes…, ou encore du côté des instances qui ont prétention à les représenter ?
Ce mouvement se poursuit depuis le 17 novembre, les revendications autour de la précarité, des conditions d’existences, de la destruction des services publics, de la démocratie (pensons au fonctionnement des instances universitaires), etc. font très largement partie des problèmes soulevés par les Gilets jaunes. « Tout remonte à la surface » pour reprendre le titre d’un édito éclairant… Et ce mouvement est par bien des aspects tout à fait extraordinaire (les profils et la ténacité des gens mobilisés, leur capacité à remettre en cause un ordre des choses habituellement accepté, le caractère offensif de certaines revendications, etc.)
Je sais bien que la grève ne se décrète pas et qu’il est très difficile de mobiliser les plus précaires, mais cela ne coûterait pas grand chose ou si peu d’afficher au moins une réaction, de tenter quelque chose. Les conditions de travail à l’Université, l’armée de réserves de précaires rémunérés au lance pierre et tenus à la docilité en l’attente d’un poste hypothétique, la segmentation sociale et scolaire croissante de tout le système éducatif, les mesures discriminatoires à l’égard des étudiants étrangers, etc. ce ne sont pas les motifs de mécontentements qui manquent. Pourquoi ne parvient on pas à les exprimer collectivement alors que le gouvernement est littéralement aux abois et que le rapport de force est inespéré.
Profiter de la conjoncture pour défendre concrètement une autre vision de l’Université et du monde social que celle qu’on nous impose à marche forcée fait sans doute aussi partie de notre rôle d’intellectuel.
Brice le Gall, Doctorant en sciences sociales
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