Un constat cinglant : plus de 20 000 entreprises en France préfèrent payer des pénalités plutôt que de remplir leur quota d’embauche de handicapés (6% du personnel)…
… tandis que nombre d’étudiants handicapés et motivés peinent à trouver des formations adaptées à la demande des employeurs…Un paradoxe qui illustre bien tout le chemin qui reste à parcourir pour que se croisent, enfin, ces attentes réciproques. Une situation délicate qui risque d’évoluer à court terme puisque la loi imposera, dès 2010, des pénalités trois fois supérieures à celles d’aujourd’hui, soit près de 13 000 € par personne handicapée manquante !
Comment réussir ?
C’est une problématique complexe : les formes de handicap sont multiples, les acteurs du secteur sont extrêmement dispersés, et entreprises et écoles ne sont pas toujours bien préparées à accueillir des personnes différentes. D’un côté, le handicap limite les niveaux de qualification et, du coup, l’évolution de la personne au sein des entreprises ; de l’autre, il peut accentuer la « sur qualification » de certains profils devenus inadaptés pour le monde du travail ! La bonne formation doit permettre à chaque individu de trouver un positionnement et une évolution à sa mesure dans l’école et dans l’entreprise. Ma vision est de donner à chacun sa chance même si nous avons découvert ave étonnement que 20 de nos étudiants ne se sont pas déclarés handicapés alors qu’ils auraient pu le faire. Manque d’information ? Peur d’être rejetés ? Souhait de se réaliser en dépassant la notion d’assistance ? Pas facile de répondre.
De la méthode.
Les pistes de travail et d’expérimentation sont si nombreuses qu’une méthode s’impose. Il me semble essentiel de rassembler toutes les forces disponibles qui sont souvent très dispersées, et de mutualiser les moyens pour aider l’étudiant handicapé. Les établissements de l’enseignement supérieur ont un rôle important à jouer dans la dynamique. Cette approche intègre l’ensemble des acteurs : associations spécialisées, collectivités territoriales, enseignements secondaire et supérieur, entreprises, Etat, etc. Elle doit permettre de concevoir une véritable ingénierie de projet avec, à la clé, une proposition de formation adaptée comme pour un sportif de haut niveau. La preuve ! Le major d’entrée des concours HEC et ESSEC 2008 est… malvoyant !
Informer et sensibiliser.
Si l’aide au handicapé dans son cursus reste primordiale, il ne faut pas oublier l’importance de l’information et de la sensibilisation. Le regard sur le handicap se construit dès l’enfance, dès l’école primaire. C’est une part de l’instruction civique à développer. Pour un valide, prendre son repas dans le noir ou s’installer dans un fauteuil roulant une après-midi, relève de l’exploit ! Etudiants et salariés devraient tous vivre, au moins une fois, ces expériences pour mieux comprendre l’autre, sans jugement de valeur ou pitié. N’oublions jamais que chacun de nous peut devenir, du jour à l’autre, un handicapé. Cette prise de conscience est un préalable.