La région administrative constitue une échelle d’administration pertinente pour nos écoles. Elle est suffisamment étendue territorialement pour impulser d’intéressantes rencontres entre établissements – quelquefois concurrents (!) – tout en gardant une réelle proximité géographique bien utile.
Ses compétences obligatoires[1], de la formation professionnelle à l’éducation (lycées en particulier), en passant par le développement économique ou les transports, décident d’un travail commun et régulier. Et les prochaines élections des 14 et 21 mars 2010 devraient permettre de mettre en lumière une collectivité territoriale peu connue des citoyens.
A moins que les querelles politiques nationales ne brouillent le nécessaire message d’explication et de pédagogie sur cette collectivité arrivé à l’âge adulte…
La Région comme facilitateur.
Par sa proximité, elle facilite les échanges entre toutes les parties prenantes de l’enseignement et de la recherche. Située à un carrefour, la région joue plusieurs rôles : celui de facilitateur de projets, de coordinateur entre les établissements de l’enseignement supérieur et de la recherche, de fonds d’amorçage. En lançant des appels d’offres, elle participe au développement de nos écoles sans jamais s’y substituer. Ce n’est pas son rôle et doit se fixer comme objectif d’accompagner les écoles de manière égalitaire, ce qui est une gageure… Je ne souhaite pas qu’elle intervienne, par exemple, dans les certifications des programmes.
Pour prendre un exemple grenoblois, la Région Rhône-Alpes a financé les études de faisabilité du Mastère en Management des Biotechnologies de l’ESC Grenoble pour lui permettre de mieux se positionner. Ses contrats d’objectifs, à deux ou trois ans, facilitent le développement et permettent de mutualiser les moyens. Les pôles de compétitivité qui structurent le territoire rhônalpin selon des logiques historiques ou plus prospectives en sont les témoins privilégiés.
Idéologie ou pédagogie ?
Dans quelques semaines, les projecteurs des médias se seront tous braqués sur cette collectivité promise à un bel avenir dans le cadre du projet de réforme des collectivités locales. Mais je crains que les enjeux partisans et idéologiques nationaux n’améliorent guère sa visibilité. Le manque de pédagogie sur la région entant que telle, sur ses missions et sur ses réalisations a fait d’elle une entité qui se cherche. Elle souffre du même problème d’identification et de matérialisation que l’Union européenne. Créées dans leurs contours actuels en 1982, les régions ne sont pas ancrées dans les esprits comme la commune ou le département. D’autant que la première élection au suffrage universel des conseillers régionaux ne s’est déroulée qu’en 1986. Si on y ajoute un zest d’idéologie et le dogmatisme pour imposer certaines alliances nationales au plan local, et des élections intermédiaires qui tournent traditionnellement au vote sanction, la collectivité va perdre en crédibilité et en lisibilité sur ses véritables projets ! Le scrutin régional de mars n’y échappera pas !
Se recentrer sur ses compétences obligatoires.
Dans un contexte où la région doit s’imposer dans les esprits, il me semble que la multiplication de ses compétences, au-delà de celles rendues obligatoires par les lois décentralisation n’est pas souhaitable. Dans le millefeuille administratif et politique où se débat le citoyen, les entreprises et les écoles, pas moins de six niveaux s’entremêlent ce qui ne favorise en rien visibilité et efficacité ! Je suis d’ailleurs pour le développement de guichets uniques et contre l’émiettement des compétences.
Enfin, pour nous, écoles de management, même si cela n’est pas toujours connu du grand public, nous voyons également les collectivités locales comme des débouchés à part entière pour nos étudiants ! De belles carrières de chargés de mission s’y déroulent dans le cadre d’ambitieux projets de développement…
[1] Le rôle de la région est important dans le domaine des transports, surtout ferroviaires (TER), de la planification et de l’aménagement du territoire, de la formation et de l’enseignement, du développement économique, social et culturel.
Au-delà de ces compétences spécifiques, la région a étendu ses actions dans les domaines de l’environnement, de la recherche, de la jeunesse et de la culture. Des compétences qui se chevauchent quelquefois avec les autres collectivités…
Si l’on adopte votre point de vue, cela signifie que les Régions n’ont plus du tout de capacité à intervenir en matière d’Universités et d’enseignement supérieur
Croyez vous que l’Etat finacera seul les investissements nécessaires pour adapter l’enseignement supérieur aux enjeux de demain.
En tous cas en Ile de france, et l’actuelle Ministre del’Enseignement Supérieur et candidate à la présidence de la Région le sait mieux que quiconque, l’Etat a besoin des financements régionaux
Cher collegue
Professeur d’université (Génie industriel) et ancien directeur d’école d’ingénieur (ENI de Tarbes -7 ans) j’occupe actuellement les fonctions de directeur d’un CFA enseignement supérieur (pubblic) crée par les établissement enseignement supérieur de Midipyrénées (en particulier presque toutes les écoles d’ingénieurs. La région dans ce contexte a autorité et compétences pour gérer l’apprentissage ce qui ne va pas sans difficultés avec la prpriéré des diplomes ….et les autorisations d’ouvertures…
@mabherve : Je ne souhaite pas, bien au contraire, que les régions se désengagent de l’enseignement supérieur. Elles doivent continuer à jouer le rôle de facilitateur que je décris. C’est uniquement sur la question de la certification que je ne pense pas qu’elles doivent s’engager, afin notamment de ne pas multiplier les guichets.
@germain.lacoste : Bien sûr, vous avez raison ! D’ailleurs, la situation par rapport à l’apprentissage varie grandement d’une région à l’autre, en fonction de sa politique, du nombre d’établissements concernés, etc…
Et nous le savons bien à l’ESC Grenoble, qui a été pionnière chez les écoles de commerce, en ouvrant, quelques mois après l’ESSEC, sa filière d’apprentissage.