Nous sommes bien mal placés pour donner des conseils à la Grèce… Même si la France bénéficie du fameux « AAA », note qui lui permet d’emprunter allègrement, aux meilleurs taux, sur les marchés financiers, nos fondamentaux économiques et sociaux restent fragiles. Nous devons relever trois défis.
Stopper le laxisme budgétaire.
Ce mode de gestion bien français fonctionne selon l’équation du célèbre mathématicien Aprèsmoiledéluge : un problème = une rallonge budgétaire = déficit public = dette. Equation simplissime dont l’inconnue reste à la charge des générations futures … A force d’aveuglement, un scénario à la grecque n’est donc pas exclu pour notre pays. Sommes-nous prêts à en assumer les conséquences, et à sortir du chacun pour soi ? Aujourd’hui, nous sommes satisfaits d’une réduction du déficit de l’Etat, passé au 31 mars 2010, de plus de 40 milliards à 20 milliards d’euros par rapport à 2009. C’est une bonne nouvelle mais quid de la dette publique* qui se situe au-delà des 1500 milliards soit 25 000 € sur la tête chaque français ?
Désamorcer les bombes que sont la Sécurité sociale et les retraites. Des enjeux colossaux auxquels de simples « mesurettes » ne permettront pas de répondre. Nous tiendrons tout au plus encore 20 ans avant de voir s’effondrer l’ensemble de l’édifice. Oui, nous vivons dans un relatif confort mais il ne satisfait plus personne. De déremboursements en franchises diverses, on détricote la sécurité sociale, un dispositif génial qui n’aura bientôt plus aucun sens. Cela ne relève-t-il pas d’une illusion culturelle bien hexagonale qui rend aveugles aux évidences économiques et financières ?
Renforcer l’Europe dans la mondialisation. Premier challenge : limiter la contagion. Les « Pigs » ou « cochons » comme les médias anglo-saxons aiment à les railler sont les quatre pays les plus fragiles économiquement de la zone Euro (Portugal, Irlande, Grèce, Espagne). Leur chute entrainerait avec eux celle de la monnaie unique. L’Europe doit donc se fixer comme objectif prioritaire le sauvetage des comptes publics de ces pays. En est-elle capable ? J’en doute compte tenu de ses difficultés à relever son deuxième challenge : la gouvernance intégrée. A cela, deux explications : l’Europe traverse une crise de croissance qui la rend momentanément inopérante. Scénario plutôt rassurant puisqu’elle n’existe que depuis 50 ans et que ses institutions politiques se mettent progressivement en place. Ou cette situation n’est finalement que le résultat de l’inconséquence de notre classe politique condamnée à gérer dans l’urgence le long terme ! Hypothèse inquiétante à l’heure où aucun leader politique ne nous propose un véritable projet pour l’Europe, en pleine période de mutation à l’échelle planétaire. Dans les deux cas, un changement de logiciel, de manière de penser s’impose !
L’heure est donc à l’élaboration d’un état des lieux réaliste, à la pédagogie, aux explications claires. Objectif : construire et partager à nouveau un projet commun, à la fois réaliste et mobilisateur.
Pour en débattre, rendez-vous au 2ème festival de géopolitique qui se tiendra à Grenoble Ecole de Management les 28, 29 et 30 mai prochains avec une accroche : « Vive la France quand même ! ».
*La dette publique est l’ensemble des engagements financiers pris sous formes d’emprunts par l’État, les collectivités et les organismes qui en dépendent directement (certaines entreprises publiques, sécurité sociale, etc.).