Consulté par un Think Tank bien connu,l’Institut Montaigne, à l’occasion de la rédaction de son récent rapport sur l’échec scolaire à l’école primaire, j’ai volontiers répondu à l’appel. Les grandes écoles sont, en effet, en bout de chaîne éducative, et nous pouvons, à ce titre, apporter notre témoignage. Les écoles maternelles et primaires souvent considérées comme les réussites de notre système éducatif ne sont pas assez étudiées*. Elles ne sont pas exemptes de défauts.
Dès le primaire apparaissent, en effet, les premières difficultés d’apprentissage, accentuées par les inégalités sociales. Les fondamentaux (écrire-lire-compter) n’étant plus systématiquement acquis, perturbent le cursus de l’enfant jusqu’à l’âge adulte. La réussite de l’éducation dans les cycles II et III de l’école primaire est donc LA priorité. Manquer cette marche hypothèque les capacités du citoyen en devenir à s’adapter à un monde de plus en plus compétitif, en perpétuel mutation. Le problème doit donc être traité très en amont.
Deux propositions fortes. Parmi les cinq grandes idées de réforme avancées dans le rapport de l’Institut Montaigne, deux sont capitales :
– Mettre en œuvre une gouvernance efficace des écoles primaires. Les directeurs d’école doivent disposer d’un réel pouvoir. Ils sont actuellement cantonnés à des tâches administratives et seules les personnes de bonne volonté prennent des initiatives. La direction d’une école primaire doit avoir la capacité de donner des orientations, d’animer son équipe, de proposer des idées et des solutions spécifiques. Chaque établissement est unique, vit dans un contexte unique, en fonction de sa localisation et des catégories sociales qui le fréquentent. Cette initiative nécessite la mise en œuvre d’un décret relatif aux EPEP (Etablissement public d’enseignement primaire)** qui donne plus d’autonomie aux écoles.
– Prendre en charge efficacement les élèves en difficulté. A la sortie de l’école primaire, si les acquis ne sont pas négociables, les responsabilités ne peuvent peser sur les épaules d’enfants de 5 à 10 ans ! Il faut donc corriger ces carences en amont. Comment ? En développant une plus grande proximité professeurs/élèves, en ciblant les moyens sur les élèves en difficulté, en formant les professeurs des écoles de manière plus efficace. Est-il responsable de laisser entrer dans le secondaire des enfants lestés d’importantes lacunes ? Une question qui se pose à la société toute entière et qui devra trouver réponse rapidement. Sauf à accepter un gâchis éducatif, générationnel et social sans précédent.
*on ne sait pas assez que 20% d’une classe d’âge quitte, chaque année, l’école primaire sans aucune formation scolaire soit 150 000 enfants sans véritable perspective d’avenir.
* *prévu par la loi relative aux libertés et responsabilités locales du 13 août 2004.
Consulter/télécharger le rapport sur le site de l’Institut Montaigne.
Trop de jeunes sont en souffrance et cherchent plus un échappatoire qu’une orientation scolaire parfois.