La coupe du monde de football en Afrique (…du sud) donne une nouvelle dimension à cet événement planétaire. Même si le choix du pays n’est peut-être qu’un « non-choix », il réintroduit sur l’échiquier international ce continent oublié. L’équipe de France et son staff ont donc une pression supplémentaire pour faire bonne figure et corriger une image écornée. Espérons que la fête soit réussie !
Seul candidat.
Vraisemblablement le seul pays parmi les 53 états africains capable d’accueillir une compétition de cette envergure, l’Afrique du Sud n’en n’est cependant pas à son coup d’essai. La coupe du monde du ballon ovale s’est tenue en 1995 sous ses auspices. Son équipe a d’ailleurs remporté le trophée Web Ellis à cette occasion. Réussira-t-elle le même exploit pour le ballon rond ? La probabilité est faible car le foot n’est pas leur sport national.
Pays industriel, la pointe sud du continent a les moyens humains, techniques et logistiques pour garantir le bon fonctionnement de la compétition. Un risque qu’elle peut assumer au regard d’une pression médiatique et populaire sans égal. L’Afrique est un gisement de talents mais elle a du mal à passer le cap par son manque de structures. Le pays de Nelson Mandela va offrir (enfin !) au continent africain une place au soleil des grandes messes sportives internationales*.
Le bât blesse côté sécurité. Les équipes joueront-elles en totale sérénité ? C’est encore difficile à dire. Les résultats de l’équipe hôte seront un bon baromètre des tensions qui pourraient surgir.
Côté France.
Comme il y a peu de chances que de grosses équipes aillent au tapis dès le premier tour, j’espère que nous suivrons les Français quelques semaines… En tant que supporter de l’équipe de France, je suis affligé car la frontière qui sépare un bon et un mauvais match est devenue si ténue… L’équipe aura-t-elle un moral de conquérant ? J’en doute ! Il faut dire que rien ne vient lui apporter de quoi se construire. L’image du foot n’est pas bonne : violences récurrentes, toute puissance de l’argent, scabreuses aventures de certains joueurs. Pas facile de s’identifier à cette équipe.
Le comportement du sélectionneur, Raymond Domenech laisse aussi à désirer. Aucun employeur ne pourrait supporter ses frasques ! Annonce de son mariage en direct alors que l’équipe de France est en déroute lors de l’Euro 2008, annonce de 30 sélectionnés pour cette coupe du monde, chiffre en contradiction avec les attentes de la Fédération, négociation personnelle de ses contrats. Sidérant !
La fédération, elle-même, accumule les bourdes : maintien de Domenech malgré une évaluation insuffisante et un Euro 2008 catastrophique, erreurs de communication manifestes comme sur l’annonce de la prime de 300.000 € par joueur s’ils gagnent la coupe, annonce du successeur du sélectionneur actuel (Laurent Blanc).
Au passage, une info qui a détruit le club ! C’est insupportable. Comment ces joueurs et le staff peuvent être compris et aimés ? On apprend tous les jours à nos étudiants à devenir de bons managers, la Fédération française de foot, c’est l’inverse !
Dernier épisode de la saga : le coup de gueule – certes très opportuniste – mais juste de la secrétaire d’Etat aux Sports, Rama Yade, sur le choix de la résidence de luxe en Afrique du sud de l’équipe de France. Comment un éducateur bénévole reçoit-il une telle information ? Mal vraisemblablement !
Du rêve.
Comme tout le monde leur tombe dessus, je tempèrerais mon jugement car l’équipe de 1998 était également fortement critiquée avant de réaliser un exploit. Il suffirait d’une bonne entame pour que la magie reprenne le dessus et que l’équipe aille loin dans la compétition. Il faudrait simplement que les joueurs décident de se surpasser pour le maillot de l’équipe nationale comme ils le font dans leurs clubs respectifs. J’ai été marqué par cette phrase de Didier Deschamps : « Avant d’être reconnu et de devenir un bon joueur, je gagnais 1000 franc par mois dans le centre de formation de mon club. » A méditer.
Espérons que cette Coupe du monde nous réserve quelques grands moments de jeu, d’émotion, de passion et de surprise. La seule présence de Nelson Mandela lors du premier match sera une image forte. Imaginons déjà la prochaine édition de la Coupe en Afrique. Au Maroc ? Ce serait magnifique.
*On notera que l’Angola a organisé la coupe d’Afrique au mois de janvier dernier.