Je reviens sur un événement qui date de quelques semaines mais qui est important à mes yeux…
Pendant le Congrès annuel de la Conférence des Grandes Ecoles, début octobre, Valérie Pécresse, Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, a mis l’accent sur deux axes fondamentaux pour notre pays sur lesquels je souhaite revenir :
- l’impérieuse nécessité d’un enseignement supérieur d’excellence, ouvert sur le monde,
- une diversité accrue en matière de recrutement dans les grandes écoles.
Enseignement supérieur, facteur de compétitivité
Pour la Ministre, le maintien de notre pays dans le peloton de tête mondial passe par le développement d’un enseignement supérieur d’excellence. Une réalité, d’ailleurs, sans lien avec la taille des Etats… et qui ne doit pas masquer nos faiblesses. Toutes les grandes études le montrent (OCDE , ONU), l’enseignement supérieur et la recherche sont des facteurs de compétitivité de demain et des enjeux stratégiques devenus incontournables. Un postulat encore plus vrai pour les pays occidentaux et l’Union européenne, en particulier.
Une population mieux éduquée, ouverte sur le monde, l’accent mis sur la connaissance et la recherche augmentent la richesse globale des nations. C’est également un enjeu diplomatique et géopolitique. Il y a urgence. Toutes les formules qui vont au-delà des échanges pédagogiques et de la « simple » présence d’étudiants étrangers dans nos classes doivent se développer : délocalisation de campus, coproduction de programmes… J’ai récemment remarqué dans Les Echos une publicité pour le site « étudiererauquebec.fr » qui propose aux lycéens et étudiants français de participer à des réunions d’information en région pour partir étudier au Québec…
Les états sont donc en demande de profils internationaux de bon niveau mais également les entreprises. Les écoles de management ont relevé le défi depuis la chute du mur de Berlin mais atteignent, aujourd’hui, leur limite en matière de financement. Comme je l’ai souvent écrit, les entreprises vont devoir s’engager ans avec nous en construisant des plans de contractualisation de 3 à 5, compte tenu du peu d’implication de l’Etat. C’est la seule solution pour leur fournir, ainsi qu’aux étudiants, des services de qualité. Je rappelle que nos résultats au plan mondial sont excellents mais le coup de sifflet de la mi-temps a retenti. Gagnerons-nous le match même avec cette avance substantielle ? J’aimerais savoir ce qu’en pense notre Ministre…
Sélection, valeur cardinale
« Le concours est la pire des solutions à l’exception de toutes les autres » rappelait Valérie Pécresse lors du même Congrès. Maintenir cette garantie de qualité est essentiel, tout en l’aménageant pour l’ouvrir à la diversité. Comment ? En modifiant les modalités d’évaluation mais tous les candidats doivent passer par la case concours. Ne serait-ce que pour qu’ils puissent se regarder dans les yeux une fois sur les bancs de l’école. Nous sommes très concernés à l’ESC Grenoble. Nous disposons de plusieurs voies d’accès au concours, à la fois classiques (prépas) et ouvertes (concours Passerelle, concours Post-Bac…).
« Sortons de la sélection par l’échec pour aller vers la sélection par l’orientation. » Là encore, j’abonde dans le sens de la ministre. Je ne cesse de le répéter, la nature de l’orientation actuelle nous prive de talents et brise des générations entières.
Autre point important abordé : sortir de la dualité écoles/universités. Petit cocorico grenoblois : nous y sommes parvenus pour peu que l’idéologie reste au vestiaire et que l’intérêt de l’étudiant soit mis au cœur du dispositif. Je parlerais même de « modèle grenoblois » puisque nous avons lancé une demi-douzaine de doubles-diplômes avec les universités environnantes (Lettres, Droit, Histoire, Mathématiques, Sciences Politiques).