Le blog de Jean-François FIORINA

Le « made in France » est mort, vive le « made in France » !

Dans la logique de notre précédent entretien avec le président de Strate Collège Designers, la question de la relecture des cycles de conception / production / administration des produits s’invite au débat. Qu’est-ce qu’aujourd’hui un produit « made in France »? Existe-t-il encore et sur quelles bases ? Le député Yves Jégo dans son rapport « En finir avec la mondialisation anonyme », a tenté de faire le point.

Plus de questions que de réponses.
Yves Jégo n’apporte aucune solution concrète… Il reconnaît que la notion d’origine d’un produit s’est dissoute dans l’océan de la mondialisation. Le constat actuel de l’impossibilité matérielle du marquage produit se double du manque de transparence des entreprises. Il faudrait donc résoudre le problème en choisissant parmi une panoplie de 10 propositions croisant nouveaux règlements communautaires, textes législatifs renforcés, et mesures associatives et volontaires (mobilisation des consommateurs, labels…). Je ne partage pas cet avis.

La valeur ajoutée, critère essentiel.
La création et la défense efficaces d’un « made in France » ne se résument pas à un nouvel arsenal douanier. Il repose sur la valeur ajoutée de nos produits et services. Et j’en vois principalement deux :

–          la valeur ajoutée traditionnelle liée à un terroir, à un territoire, à une histoire. J’aime prendre l’exemple de la tour Eiffel qui est bien un marqueur de notre capacité à attirer des touristes du monde entier. Mais les souvenirs vendus à ses pieds seront peut-être « made in China » !

–          la valeur ajoutée liée à l’innovation, à l’immatériel. C’est ce qui nous donnera sur le plan stratégique un coup d’avance. Et c’est ici que l’arsenal juridique doit pleinement jouer son rôle pour défendre nos avancées technologiques, nos brevets et nos entreprises. L’essentiel réside dans la création de nouveaux produits et la protection de l’intelligence. La France doit devenir le laboratoire mondial de la  R&D pour éviter le déclin.

Je considère donc que le débat de l’origine vu sous un angle purement règlementaire n’est que combat d’arrière-garde. Gardons à l’esprit que la vitesse des entreprises d’aujourd’hui sera toujours plus grande que celle des législations !

Des conséquences territoriales.
Penser ces changements à l’échelle d’un pays voire d’un continent pose la question de la juste répartition géographique de la richesse. Et, là encore, valeurs ajoutées industrielles, touristiques, agricoles, intellectuelles, technologiques doivent trouver leur équilibre.

Le changement de notre logiciel de pensée est inéluctable pour appréhender les nouveaux cycles de conception-production-administration de nos biens et services. Cette mutation doit être expliquée puisqu’elle entraîne de sévères conséquences humaines liées aux délocalisations. Faut-il accepter de produire des biens sur un territoire pour les exporter à l’autre bout du monde, entraînant des coûts de transport et environnementaux colossaux, en complète contradiction avec les fondamentaux du développement durable ? A l’inverse, ne faut-il pas relocaliser certaines fabrications, faute de main d’œuvre qualifiée et sûre dans les pays émergents ?

Ce nouvel écosystème mondial du cycle de la valeur est donc à inventer. Il est au cœur d’enjeux géopolitiques et géostratégiques planétaires. Et constitue le seul moyen de faire accepter, en France, la mondialisation à l’œuvre depuis plus de vingt ans…

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