Le blog de Jean-François FIORINA

Numérique Parc

Fuite sur l’épreuve de mathématiques du bac S via un site de jeux en ligne, fraudes massives sur examen de BTS à Villepinte, création de l’école de l’internet par les stars de la toile française (Granjon, Niel, Simoncini…). Ces trois informations  – ajoutées au fait que vous lisez le 100ème post de ce blog – me donnent l’occasion d’affirmer, à nouveau, l’omniprésence de la technologie et de son corolaire, l’accélération vertigineuse du temps. Qu’impliquent ces évolutions qui vont plus vite que le temps d’adaptation de l’humain ?

Cinq conséquences.

De nouvelles façons de travailler.
Prenons l’exemple de l’information. Ses flux et sa recherche sont devenus instantanés et désordonnés. Tous les articles de la presse quotidienne nationale et internationale sont en ligne, ainsi que toutes les actualités institutionnelles voire… personnelles via les réseaux sociaux… L’info en tant que telle n’a plus le pouvoir. C’est sa sélection, sa qualité, sa synthèse et sa source qui font la différence. Et cela demande méthode, formation et disponibilité pour tirer le meilleur parti de ce nouvel environnement.

De nouveaux métiers.
Du hacker génial et conspué de l’Internet, nous sommes passés à une phase de professionnalisation qui prend des formes très variables… de wikileaks, créé par l’informaticien et ancien hacker, Julian Assange, à un marketing numérique de plus en plus structuré et efficace dont la figure de proue actuelle est le community manager. Le premier diffuse des informations diplomatiques confidentielles et non triées, sans l’accord des chancelleries ! Le second, professionnel polyvalent de la communication, de l’animation, de la veille et de la technique web/réseaux sociaux organise l’empreinte numérique des organisations sur la toile en s’adressant à toutes les cibles (clients, salariés, grand public, pouvoirs publics…). Pas une page « emplois » sans lire une offre concernant ces nouveaux « magiciens » du numérique.

De nouvelles entreprises.
Elles fleurissent sur le socle de croissance maintenant bien installé* de l’internet, de la téléphonie et des réseaux sociaux. Les entreprises traditionnelles de l’informatique et du web s’étoffent ou mutent vers de nouveaux marchés de conseil et d’accompagnement, de services, de réalisation multimédia, de design, de nouveau journalisme (comme le data journalism. Des jeunes entrepreneurs sans complexes se lancent sur les traces de « leurs aînés » dont Mark Zuckerberg, du haut de ses 27 ans est leur emblème.

De nouveaux modèles économiques.
Le petit français qui fait rêver les Américains avec la réussite du modèle commercial de www.vente-privée.com, c’est possible ! Ce concept de la vente de produits de marque à prix négociés déboule, cette année, aux Etats-Unis, en partenariat avec American Express. Autre exemple avec Amazon dont le volume des ventes de ebooks dépasse celui de livres papier. Jeff Bezos, patron charismatique de l’entreprise, pense désormais « qu’aucun secteur n’échappera à la vague du commerce électronique tout en restant persuadé que seuls les modèles pensés dans la durée fonctionneront. » (Les Echos, 24/25 juin 2011).

De nouvelles formes de management.
La prise de décision devient permanente et ultra rapide, sous la un flux d’informations toujours plus important. Il faut s’adapter à ce changement avec une difficulté supplémentaire, marquer la difficile frontière entre vie privée et vie publique.

Comment faire face en tant qu’éducateur ?

Mettre en perspective et faire comprendre ces mutations technologiques.
Le temps de l’apprentissage à l’école, parenthèse exceptionnelle, doit permettre de prendre de la hauteur, de construire pour chacun une vision à long terme tant pour l’individu que pour les produits ou services à inventer. Je crois que cette vision est gage de création de valeur et d’usage

Apprendre où est le mal.
Je fais référence ici à mon billet sur le plagiat : ce qui pose problème à un professeur ne traverse pas forcément de la même manière l’esprit d’un étudiant. Si certains enfreignent délibérément les règles d’autres ne semblent pas situer les limites de la fraude aux examens, par exemple. Ni de l’utilisation abusive des réseaux sociaux ou des jeux en ligne.

Intégrer l’utilisation des nouveaux outils numériques.
Les tablettes surpassent tous les objets multimédias crées depuis l’an 2000. A mon sens, il s’agit d’une véritable rupture. Couplées avec d’autres outils comme les tableaux interactifs, ces objets installent une nouvelle manière d’enseigner et témoignent d’un changement radical. L’interaction directe entre les étudiants et le professeur via le tableau numérique devient possible lors d’un cours en présentiel ou à distance, les uns prenant la main sur la présentation des autres pour commenter, poser des questions, se tromper… L’arrivée de la génération « Z », née à l’ère de l’Internet, constitue la première génération multi dimensionnelle. Elle marque la fin du raisonnement linéaire dans lequel nous avons été majoritairement élevés. Un défi passionnant mais qu’il faut intégrer, nous enseignants, tout en restant fermes sur les fondamentaux que sont la culture générale, le développement de l’esprit critique et le respect de l’autre.

* De 1980 à 2008, la croissance de l’économie française provient à hauteur de 26 % du numérique selon une étude COE-Rexecode (http://www.coe-rexecode.fr/public/Analyses-et-previsions/Lettre-de-Coe-Rexecode/L-economie-numerique-et-la-croissance), confirmée par un récent rapport McKinsey. Cependant cette part est moins importante en France qu’aux Etats-Unis (39%), au Japon ou en Allemagne.

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