Chaque année la motivation des étudiants pour rejoindre telle ou telle entreprise est analysée dans des études* qui portent souvent les mêmes noms – à forte valeur d’image – sur les plus hautes marches du podium : grandes enseignes de luxe, du cosmétique, de l’informatique-médias, de la banque et du conseil, de l’énergie. Des agences de placement voient le jour et notent les entreprises. Mais comment conseillez nos étudiants dans leur choix ? Faut-il coûte que coûte les orienter vers ces entreprises « préférées » ? Tout n’est pas écrit… Quel sera, par exemple, l’impact de la crise bancaire sur leur choix ?
Génération zapping.
Au-delà du déclaratif qui donne toujours une longueur d’avance au plus « belles marques », je pense que plusieurs facteurs vont bousculer l’ordre établi. D’abord générationnels – on a beaucoup parlé de la génération Y** – qui marque une relation plus distante à l’employeur, « L’Oréal, je le vaux bien mais pas toute ma vie ! ». Cette génération « zapping » ne s’impose plus un parcours obligé, la rupture n’est plus taboue. Dans leur cursus à l’école, les choix évoluent au fil du temps. L’entreprise préférée de la première année ne sera pas forcément celle de la 3ème : la vision des grandes entreprises idéales évolue ainsi dans leur manière de les aborder plus que dans les choix annoncés.
Créer sa propre entreprise.
La vague du web 2.0 offre de nouvelles opportunités aux jeunes créateurs. Les risques financiers sont plus limités que dans l’économie traditionnelle et les modèles à inventer. Cette orientation vers la création répond aux exigences d’autonomie, de responsabilité et de réussite d’une bonne partie de nos jeunes.
Vers d’autres horizons.
Je remarque également une évolution vers des entreprises à forte dimension sociale ou éthique que sont les ONG (Organisations non gouvernementales), par exemple. Elles offrent très vite des postes à responsabilité et la possibilité de voyager. D’autres s’orientent vers les collectivités locales, un marché nouveau pour les ESC. Outre le choix de la sécurité, de la qualité de vie, de la proximité ou des avantages qu’ils procurent, ces postes ne sont pas dénués d’intérêt. Les étudiants rapportent des situations complexes où le manager joue pleinement son rôle.
TPE/PME : les grandes perdantes.
Outre-Rhin, c’est la voie royale, l’innovation, l’export, l’emploi… Chez nous, le doute, l’incompréhension réciproque… Du côté de l’entreprise, c’est le risque d’embaucher un « sur diplômé » qui est mis en avant avec son corolaire, le risque de ne pas exploiter ses capacités et de générer de la frustration. De l’autre un déficit d’image, un manque de visibilité et de plan de carrière pour le jeune arrivé. Dommage, car c’est là que se situent les gisements de l’emploi de demain.
Et quid des entreprises étrangères ?
Demain ce seront les entreprises des BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) qui embaucheront nos jeunes diplômés ou les étudiants étrangers que nous aurons formés ! Tout reste à faire pour faire connaître à ces entreprises les qualités des nos jeunes étudiants, et pour les aider à exister auprès d’eux par une politique marque-employeur plus efficace.
*Palmarès des entreprises préférées 2011 :
Agence Universum (2011) :
1-LVMH
2-L’Oréal
3-Apple
4-Google
5-Canal +
6-BNP Paribas
TNS Sofres 2011 :
Commerciaux :
1- BNP Paribas (+4 places par rapport à 2010-2011)
2- Société générale (+5)
3- KPMG (+4)
3- Deloitte / Deloitte et Touche (+6)
5- Price Waterhouse Coopers (+4)
5- Ernst & Young (+2)
7- Danone (-2)
8- HSBC (+2)
8- Google (+4)
8- Mac Kinsey (+1)
8- Canal Plus (+2)
Ingénieurs :
1- Total (+1)
2- EDF (-7)
2- EADS – EADS/Aérospatiale (+1)
2 – GDF-Suez (-4)
2- BNP Paribas (+4)
6 -Société générale (+3)
7- Areva (-4)
8- PSA Peugeot Citroën (+1)
8- Thalès (-3)
8- Véolia / Véolia environnement (+1)
8- Orange / France Télécom (-1)
8- Google (-1)
8- Nestlé (-1)
** A noter la parution de l’ouvrage de Monique Dagnaud, Génération Y. Les jeunes et les réseaux sociaux, de la dérision à la subversion. Presse de Sciences Po. 2011.