Visite privée de Mohamed VI à Paris ce vendredi, renforcement de son positionnement géopolitique et stratégique, workshop du réseau des ESC marocaines auquel nous participons fin mai, le Maroc est à la Une ces prochaines semaines. Une occasion qui m’est donnée de faire le point sur ce pays dont la politique en matière d’enseignement supérieur est exemplaire.
Contrairement à la Tunisie qui forme 10 fois plus de diplômés que son marché ne peut absorber ou à l’Egypte en pleine (re)construction, le Maroc compte parmi les bons élèves de la zone arabo-musulmane. Le royaume a pris un tournant stratégique comme le Qatar ou Dubai en positionnant l’éducation, la recherche et l’innovation comme autant de relais de croissance et de rayonnement. Casablanca est à cette image, un hub complet : économique, financier, universitaire et aéroportuaire*, tout comme Tanger sur le plan industriel ou Rabat sur les plans administratif et éducatif.
Pour faire face à sa forte croissance démographique et accompagner ses ambitions économiques (tourisme, énergie…), le secteur des grandes écoles privées se développe. Je citerais les quatre grandes écoles de commerce que sont l’ESCA, HEM, l’ISCAE et l’ESC Marrakech. Cette stratégie qui supplée aux difficultés du secteur public à intégrer les flux démographiques a aussi un revers, celle de voir se multiplier les écoles de niveau inégal. La régulation par le marché jouera, ici, son rôle…
Un enjeu géopolitique. Le Maroc compte de belles entreprises tournées vers la conquête des marchés africains. C’est une porte d’entrée vers le grand sud. Mais la guerre des talents y fait rage et les entreprises manquent de cadres expérimentés. Elles éprouvent des difficultés à fidéliser leur personnel toujours attiré par de meilleurs salaires en Europe ou dans les pays du Golfe. Ce phénomène, dans certains secteurs, tend à diminuer. Dans les grands centres industriels à Casa ou Tanger, les multinationales commencent à payer leurs managers au « tarif » européen.
L’ESC Grenoble est implantée au Maroc depuis longtemps. Nous coproduisons avec l’ESCA (Ecole de management de Casa) des formations (initiale et continue) et avons décidé d’aller plus loin en créant l’INSEAM (Institut Euro-Africain de Management), réseau de business-schools en Afrique, pour les Africains et pour les entreprises de ce continent. C’est à la fois un véritable enjeu géopolitique pour la France et son rayonnement international, et un rôle que doit tenir le directeur d’une grande école pour tisser des partenariats dans la durée. Fin mai, nous organisons un workshop INSEAM dont l’objectif est de mettre en place, avec nos partenaires, une ingénierie de développement qui garantit la qualité des formations du réseau.
Je me déplace chaque trimestre au Maroc et, chaque fois j’ai une impression de mouvement, de croissance et d’évolution. Pour l’anecdote, il est moins cher d’aller de Lyon à Casa que de faire un Paris-Grenoble ! Notre école a pour vocation de fournir aux entreprises de bons professionnels aux entreprises marocaines mais également de recruter des talents à l’échelle de la planète, et le Maroc et l’Afrique n’en manquent pas. Notre présence est également une manière de les recruter sans les difficultés que nous avons connues récemment sur le plan réglementaire.
*La RAM (Royal Air Maroc) permet ainsi de voyager en Afrique (Mauritanie, Sénégal…) sans passer par les aéroports européens.
article très intéressant .
merci beaucoup .