Les crises à répétition qui affectent les systèmes de financement de l’enseignement supérieur dans le monde (Grande-Bretagne, Québec, Amérique du sud…) sont autant de signes avant-coureurs. Sans réforme profonde de ses modes de financement, le point de rupture sera rapidement atteint.
Parmi les 10 questions essentielles que doivent se poser, aujourd’hui, les dirigeants de la planète, je place, sans hésiter, le financement de l’éducation dans les toutes premières. Pourquoi ? D’abord parce qu’il y a urgence. La population mondiale étudiante augmente régulièrement, plaçant l’éducation comme moteur d’ascension sociale et d’émancipation de l’individu. Les gouvernements ont également bien compris son importance en termes de développement économique, d’innovation et de géopolitique… Sauf que le système bloque. La demande excède largement l’offre et les risques de rupture apparaissent au grand jour. Selon l’UNESCO, l’enseignement supérieur accueillera 262 millions d’étudiants en 2025, contre 97 millions en 2000 et 153 millions en 2007.
Imaginez, rien que pour la Chine, ce que le pays va devoir investir pour passer d’une économie de main d’œuvre à une économie de la connaissance ! Enthousiasmant et inquiétant !
Revenons les pieds sur terre. L’éducation a un coût mais la « non éducation » aura un prix bien plus élevé ! Nos jeunes générations aspirent à la connaissance et notre responsabilité est d’éviter les frustrations et les violences sociales qu’engendrerait la rupture du système. Deux modes de financement cohabitent actuellement mais ils ont atteint leurs limites. L’invisible : la communauté nationale finance l’éducation par les impôts qu’elle prélève. Au vu de l’état des finances publiques dans le monde, c’est une source qui va se tarir. Le visible : les frais de scolarité sont payés par les familles et les étudiants avec des aides (bourses). C’est le modèle anglo-saxon que la crise économique en occident met à mal.
Soit nous arrivons à une refonte globale soit nous serons obligés de vivre un système à deux vitesses en sélectionnant de manière drastique les étudiants, par le mérite ou par l’argent. La deuxième solution serait, bien sûr, la pire. Barak Obama a bien saisi les enjeux. Il visite actuellement les campus américains et discute avec des étudiants inquiets de voir leurs droits d’inscription augmenter plus vite que l’inflation. Et que dire des crises canadiennes et britanniques ? Je le répète, l’éducation est une valeur ajoutée pour un pays et ses citoyens. Elle a donc un coût !
En France, d’importants efforts ont été réalisés mais si nous voulons que le plus grand nombre accède à l’éducation et aille le plus loin possible dans les études, nous devons réfléchir rapidement à la question de leur financement. J’aurai l’occasion de revenir sur ce thème qui me passionne dans mes prochains posts. Mais place au débat et aux propositions comme je l’ai fait dans mon Livre blanc intitulé « Former les dirigeants de 2030, mode d’emploi en six étapes » !
Il me semble que la question du financement ne peut aller sans une réelle refonte de l’orientation et de la formation des lycéens.
Financer les études des jeunes génération, oui !, mais en travaillant à résoudre le problème de l’échec en premier cycle…
En quoi la selection des etudiants « de maniere drastique […] par le merite » est-il une mauvaise chose? N’est-ce pas ce qui est impose par le systeme des Concours Prepa et qui assure une certain prestige aux Grandes Ecoles?
Oui et je crois que c’est une des priorités du nouveau gouvernement.