Beaucoup d’actualité en cette période de rentrée avec la publication du rapport de l’OCDE sur l’éducation, les Assises nationales de l’enseignement, les annonces de fusion/regroupement d’écoles de commerce…
Si le rapport de l’OCDE 2012, n’est pas révolutionnaire, il rappelle justement l’importance stratégique et économique de l’éducation – dès le plus jeune âge – pour un pays. Les Etats de la zone ont globalement maintenu leurs dépenses (publiques et privées) dans une période de ralentissement économiquement : les jeunes diplômés résistent mieux à la crise que les non qualifiés (mobilité sociale, rémunérations), l’enseignement supérieur booste la croissance (les Etats qui investissent dans les études supérieures d’un individu récupèrent entre 2,5 et 4,5 fois la mise en impôts sur le revenu et autres).
Cette dépense globale a principalement été financée par les efforts des individus (au Royaume Uni 70% des dépenses sont assurées par les familles) et par des investisseurs privés. J’ai souvent tiré le signal d’alarme pour attirer l’attention sur cet épineux problème car nous sommes arrivés à la limite du système. Si aucune décision ferme n’est prise nous ne pourrons continuer ainsi.
Le constat est là.
Sur un marché où les formations publiques sont saturées face à la croissance du nombre des étudiants, il devient difficile de maintenir un niveau qualitatif suffisant. Ce sont les formations et les privés financements qui se développent.
Des grands groupes investissent le marché de l’éducation à coups de créations pures ou de rachats d’établissements. Je pense à IONIS en France ou à Laureate aux Etats-Unis.
Notre système éducatif manque également de réactivité et de souplesse pour répondre à la demande de nouveaux marchés. L’économie numérique peine, par exemple, à recruter de nouvelles compétences métier sous tension. Ce sont les entrepreneurs du secteur que se sont attelés à la création d’écoles de techniciens, de développeurs et de marketeurs du net !
Les coûts d’éducation augmentent, c’est une évidence pour les raisons suivantes :
- nous sommes dans une économie de services où l’information, l’accompagnement, l’action sociale, l’aide au logement font la différence entre les pays et les établissements,
- le coût de recrutement d’un étudiant augmente du fait d’un périmètre devenu mondial,
- la qualité a également un coût croissant. Il faut, aujourd’hui, constituer des équipes pour répondre à des études et évaluations de plus en plus pointues (accréditions, classements),
- la gestion de plus en plus personnalisée des parcours génère des coûts importants. Nous sommes passés d’une logique de promotions à une logique d’individualisation des parcours.
- les coûts pédagogiques vont s’envoler pour recruter les meilleurs professeurs et les professionnels en activité les plus pertinents. Il s’agit également de doter les établissements d’équipements numériques onéreux capables de mettre en réseau les salles de classe à l’international.
Nous sommes désormais sur un marché mondial de l’éducation où l’exigence de qualité et la croissance du nombre des étudiants impliquent de nouveaux financements. Qui va payer ? Aujourd’hui, deux systèmes – déjà sous tension – cohabitent :
- un système « invisible » (public) financé par l’impôt et le contribuable avec un trop plein d’étudiants peu motivés, mal orientés. Un système qui génère de l’aigreur de jeunes en échec et un coût de retraitement social onéreux pour la collectivité.
- un système « visible » (privé) financé principalement par les étudiants et leur famille qui a atteint ses limites, faute de subventions publiques.
A force de saupoudrage, nous courons à l’échec alors que des pays comme l’Australie, le Canada, les USA et la Grande-Bretagne réinvestissent massivement dans l’enseignement supérieur.
Des solutions sont pourtant à portée de main. Nous avons proposé au cours de la campagne des présidentielles des solutions rassemblées dans un libre blanc. J’en rappelle les points essentiels :
- établir un véritable « contrat » entre l’Etat, les grandes écoles et les étudiants (et ouvrir le financement des écoles aux grandes entreprises publiques et privées),
- mettre en place un partenariat employeur/étudiant afin d’alléger le coût des études et impliquer les entreprises dans le suivi de leurs futurs collaborateurs au sein des écoles,
- responsabiliser les étudiants sur le coût de leur formation par un « crédit enseignement » financé par l’Etat avec lequel ils pourraient adapter leur parcours en fonction de leurs aspirations.
Terminons cette semaine par une note positive et un peu de patriotisme local. Grenoble est la deuxième ville de France où il fait bon étudier (classement du magazine L’Etudiant). Au-delà de nos divergences locales, l’écosystème de l’enseignement supérieur grenoblois fonctionne en mettant au cœur de ses préoccupations, l’étudiant. Des accords de coopération entre établissements (ESC/Universités) nous apportent des profils que nous n’aurions jamais recrutés sans entraver la libre stratégie des partenaires.