Alors que Geneviève Fioraso et Manuel Valls préparent une nouvelle mouture de la loi sur l’accueil des étudiants étrangers en France, nous pâtissons encore des conséquences calamiteuses de la circulaire Guéant. Pourquoi est-ce un sujet fondamental ?
Massification. C’est une réalité historique, le nombre d’étudiants dans les BRIC dépasse maintenant celui de l’OCDE. L’internationalisation de l’enseignement supérieur s’est imposée comme un facteur de compétitivité incontournable. A la fois parce qu’elle constitue un élément d’appui au développement à l’étranger des entreprises françaises en leur fournissant des compétences souhaitées et parce qu’elle donne une dimension internationale à nos étudiants.
Stratégie d’accueil. Cette massification pose la question de l’accueil des étudiants étrangers. Cela reste une galère ! Nous sommes dans les admissions et c’est un parcours du combattant. L’idée d’un guichet unique circule. Pourquoi ne pas simplifier les procédures. Nous sommes prêts à travailler avec les autorités… Mis à part la Grande-Bretagne, aucun pays ne doit surmonter de telles barrières à l’entrée des étudiants. Les flux internationaux[1] des talents irriguent la planète. Ils doivent aussi converger vers la France au risque de voir les meilleurs éléments se former chez nos concurrents. Car les plus mobiles sont les plus talentueux. La concurrence est rude et nous risquons d’accueillir ceux qui auront échoué ailleurs… En tant que business school, nous sommes en concurrence à l’échelle mondiale avec des écoles capables de déclencher une bourse en 24h pour recruter un candidat !
Mais cette compétition dépasse celle des établissements. Elle concerne les pays. La Chine monte en gamme. Sa stratégie de réexportation industrielle risque de s’appliquer à la matière grise et à l’éducation[2].
Je vois une limite à cet engouement pour l’éducation supérieure. Parmi les cinq défis qu’il doit relever pour réussir cette mutation, j’ai souligné[3], dans mes précédents posts, la nécessaire « assurance qualité » des formations pour garantir un accès efficace au marché du travail. Mais également l’importance de la question du financement et des risques de déclassement inhérents à une massification mal gérée. Comment expliquer à un Bachelor qu’il devra chercher un emploi niveau Graduate compte tenu de son parcours et de sa spécialité ?
Et s’il n’y a pas de métiers à la clé, je ne vois pas comment nous pourrons gérer la frustration des générations montantes. Nous devons garder en tête l’utilité sociale, professionnelle et personnelle des formations supérieures. Sinon…
[1] Coréens, Chinois et Indiens sont les plus mobiles.
[2] Les trois phases de la réexportation : phase d’accueil, puis barrières à l’entrée (on conserve seulement les bons éléments avec classement des établissements cf Classement de Shanghai) et phase d’installation et de développement à l’étranger.
[3] Les cinq défis de l’enseignement supérieur : Apprendre à apprendre/Gérer la croissance/Financement/ Assurance qualité/Gestion du déclassement.
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