Le blog de Jean-François FIORINA

3 questions stratégiques pour l’école du futur

A l’heure du débat sur la loi d’Orientation de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, je souhaite aborder 3 questions stratégiques et d’actualité sur l’école du futur : Quelle segmentation des établissements supérieurs ? Quid de la V.A.E. dans cette révolution ? Que penser de la polémique sur les cursus en langue anglaise 

Choisir son positionnement. Comme l’a décrit le rapport Christensen and Eyring sur l’avenir de l’enseignement supérieur, la clarté du positionnement des établissements est devenu l’élément clé de leur réussite, avec une dimension numérique prépondérante. A mon sens, elle se construit autour de 4 paramètres :

  • La recherche et la création de nouveaux contenus pédagogiques. Qu’est-ce que j’enseigne ? En s’appuyant sur quels modules ? A quel rythme ? Dans quelle alternance entre le présentiel et la distance ? Ces questions sous tendent une remise en cause des formes pédagogiques, avec une transformation partielle ou totale du cours traditionnel vers des formes de storytelling et d’une modification de la posture des acteurs (professeurs, assistants, élèves, professionnels…).
  • La diffusion des savoirs. Le MOOC est-il en passe de devenir le nouvel outil de diffusion du savoir par son universalité et son accessibilité ? Barack Obama rappelait récemment dans le discours de l’Union que toutes les options devaient être étudiées pour sortir de l’étau dans lequel l’enseignement supérieur (et les étudiants) étaient pris, entre inéluctable massification et manque de financements.
  •  La dissémination des savoirs. Quelle nouvelle répartition entre formations initiale et continue ?
  • La certification. Sommes-nous engagés dans un changement de logique, de la connaissance vers  la compétence, fort justement valorisé par les entreprises. J’ai déjà beaucoup parlé de cette question qui détermine le fonctionnement du bon tandem diplôme-certifications dont les écoles (et tout particulièrement les « grandes ») sont les garantes vis-à-vis de leurs étudiants et de leurs futurs employeurs. C’est un enjeu de taille.

Il n’y a pas de formule magique. Les établissements doivent maintenant changer de logiciel et composer avec ces paramètres stratégiques, se positionner sur ces 4 axes pour les plus dotés, sur des niches pour les autres.

Avec une question essentielle ? Quelle est la légitimité de mon positionnement vis-à-vis de l’externe ? Par rapport à mes valeurs, mes publics, mon histoire… Un paradigme régulièrement rappelé par les anciens élèves. Toute distorsion entre un ADN revendiqué et son environnement tant local qu’international cause d’importants dégâts. Nous serons également obligés de communiquer massivement sur ces choix pour exister. C’est un saut qualitatif à accompagner pas une marchandisation des établissements.

Jouer la VAE ?  Nouvelle concurrence pour les écoles ? A regarder l’ambitieuse politique de Validation des Acquis de l’Expérience en matière de recrutement/diplomation proposée par l’enseigne Mac Donald’s, on peut se demander si cette démarche constitue un risque ou une opportunité pour nos écoles.

C’est un ascenseur social efficace puisque l’intégration dans l’entreprise s’effectue très rapidement, c’est donc un argument massif. Tout comme le montant réduit de cette diplomation par rapport à un schéma classique. Même si l’enseignement a nécessairement un coût…

Pour nous, écoles de management, notre rôle est de coupler à ce type de dispositif, une ingénierie de formation plus sophistiquée et/ou de la compléter par un deuxième diplôme de management plus poussé pour ceux qui souhaitent évoluer de manière plus ambitieuse.

De toute manière, ces nouvelles pratiques nous interrogent. On voit bien de nouvelles logiques se mettre en place. Nous devons nous y adapter et exploiter l’ensemble des possibles.

Des cursus supérieurs en anglais ? Je suis surpris du manichéisme des réactions récentes sur la question des cursus en anglais dans les Universités françaises. Si nous souhaitons attirer des talents sur notre territoire, cette offre de services sera essentielle. Nous devons proposer des diplômes en langue anglaise. Et éviter ce faux-débat. A l’heure de l’internationalisation et du rapport Fekl (« Sécuriser les parcours des ressortissants étrangers en France »), ces cursus favorisent le bon positionnement de la France. Il n’empêche pas de transmettre les valeurs de la culture française et de sa langue. Les étrangers y seront d’autant plus sensibles que le français ne leur sera pas imposé. Ne nous tirons pas une (seconde) balle dans le pied !

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