L’entreprise change. Le regard que portent sur elle le grand public, les étudiants ou les salariés évolue. Dire que nous changeons de paradigme est, peut –être, un peu fort mais plusieurs indicateurs laissent à penser que son image et son rôle redeviennent positifs à quelques conditions, cependant.
Les consommateurs
Aux yeux du grand public, le baromètre trimestriel Posternak-IFOP marque une embellie de l’image de l’entreprise. Considérée comme « seul espoir de sortie de crise. Ils (les Français) veulent leur dire qu’ils sont derrière elles pour y parvenir » précise Claude Posternak. Même si cette tendance doit être confirmée, elle montre une amélioration, certes hétérogène, selon les secteurs d’activité. Paradoxalement, la grande distribution remonte dans le baromètre saluant ses efforts pour limiter l’impact des prix sur le pouvoir d’achat. En tête, avec les meilleurs indices d’image, Yves Rocher, Airbus, Leclerc ou le Crédit Mutuel se positionnent. Un savant mélange de succes story aéronautique, d’entreprise familiale et locale, de banque mutualiste et de grand distributeur orienté prix.
Les étudiants
Côté étudiants en management ou écoles d’ingénieur, c’est le réalisme qui prime pour l’ensemble du périmètre européen selon la dernière étude Trendence effectuée sur une population de 317 000 étudiants : pas de secteur d’activité surcotée mais une tendance à la sécurité avec le maintien des technologiques (Apple, IBM, MSN) et de bonnes performances des entreprises industrielles allemandes, en tension sur le marché de l’emploi (Siemens, Bosch, Porsche, Volkswagen). On note de belles performances des grandes entreprises où l’Etat joue un rôle clé comme la SNCF et, plus surprenant, la percée de la Commission européenne qui offre de bons salaires, une stabilité et « des perspectives de carrières illimitées » selon David Bearfield, directeur général de l’Office européen de recrutement du personnel de l’Union européenne. Même si les prétentions salariales sont revues à la baisse et que la perspective de s’exiler passe la barre des 30%, l’importance de pouvoir évoluer et de se former dans l’entreprise de ses rêves reste forte.
Les salariés
De nouvelles manières de travailler, de concevoir des produits et tout simplement de se projeter dans son travail émergent. Plusieurs études montrent qu’une politique RSE/RSO* clairement affichée constitue non seulement un outil de management interne efficace mais surtout un facteur d’implication et de motivation supplémentaire des salariés dans leur travail.
Autre tendance de fond révélée lors des Designers Days, ce mois-ci à Paris, le retour à l’essentiel. « Nous disposons de quatre fois plus d’objets chez nous que dans les années 60, on arrive à saturation » explique René-Jacques Mayer, président des Designers Days. Avec son corolaire, l’envie de faire soi-même, de valoriser les savoir faire sans trop de technologie, de donner une deuxième vie aux objets (l’up-cycling) u d’utiliser les outils de la modernité pour mieux travailler ensemble ou à distance.
Nous sommes au cœur de ces mutations. Et notre rôle, en tant qu’école, est de faire en sorte que les étudiants et les entreprises se rencontrent de manière optimale, comprennent et intègrent ces changements dont ils sont, eux-mêmes, les acteurs, dans une perspective de création de valeur et de sens pour les entreprises et la société.
*La RSO ou Responsabilité Sociétale des Organisations a récemment bousculé la notion de RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) un peu plus restrictive. Il s’agit de la « responsabilité d’une organisation vis-à-vis des impacts de ses décisions et activités sur la société et sur l’environnement, se traduisant par un comportement éthique et transparent qui contribue au développement durable, à la santé et au bien-être de la société ; prend en compte les attentes des parties prenantes; respecte les lois en vigueur et qui est en accord avec les normes internationales de comportement; et qui est intégré dans l’ensemble de l’organisation et mis en œuvre dans ses relations » (selon ISO 26000).