Le blog de Jean-François FIORINA

Où en est l’enseignement supérieur en Afrique ? (1)

J’observe avec intérêt les évolutions de ce continent en matière d’enseignement supérieur. Il y a tant de choses à dire ! L’actualité le confirme avec 3 événements d’importance (les conférences « Afrique » de l’EFMD  et de l’AACSB, le sommet France/Afrique sur la sécurité). J’ai donc décidé de dédier deux articles à l’Afrique : celui que vous lisez est un état des lieux, assez pessimiste, de l’offre et des enjeux ; le second traitera, la semaine prochaine, des initiatives, sources de réjouissance !

Quel constat ?

Le paysage de l’enseignement supérieur africain, au sens large (Afrique noire et Maghreb), traverse une phase de profondes mutations dont je résume les enjeux en quatre points :

  • Massification et explosion démographique 

A la fois richesse et difficulté, la grande jeunesse du continent (étude INED, sept.2013) fait affluer les demandes d’accession à l’enseignement supérieur dans des proportions difficilement gérables pour nombre d’Etats. Que faire ? L’environnement socio démographique évoluant drastiquement, il devrait en être de même pour les structures de l’enseignement supérieur en Afrique.

Dans ce contexte, on assiste à l’explosion du nombre d’établissements sans contrôle qualité, délivrant quelquefois de faux diplômes…

  • Ascension sociale à sens unique

Perçu comme un élément d’ascension sociale, le diplôme de l’enseignement supérieur ne reste accessible qu’à une catégorie sociale restreinte. Ce phénomène crée à la fois des tensions internes et une fuite des talents vers l’étranger.

L’exode des étudiants d’Afrique noire vers le Maghreb, l’Europe ou les Etats-Unis est en augmentation. Tous ceux qui en ont les moyens suivent un master ou un doctorat à l’étranger. Sans compter les enfants des classes dirigeantes qui se retrouvent en Suisse, aux Etats-Unis ou en Angleterre.

Les très bons seront également « chassés » par les grandes marques universitaires internationales, repérés plus facilement avec l’essor des MOOC.

  • Difficultés de financement récurrentes               

L’accroissement des effectifs étudiants croise la courbe descendante des dépenses consacrées à l’enseignement supérieur… équation impossible. Parent pauvre du développement, l’enseignement supérieur traverse une crise de financement très délicate.

  • Tremplin à sens unique vers le service public 

Trop souvent considéré comme le sésame d’entrée dans la seule carrière de fonctionnaire, le diplôme de l’enseignement supérieur ne tient, aujourd’hui, plus ses promesses. Le goulot d’étranglement par manque de postes suscite l’exaspération et la désillusion de classes d’âge complètes dans certains pays. Elles prennent conscience du manque total de perspectives, diplôme de (trop) haut niveau en poche. Un phénomène qui donne lieu à de très fortes tensions et a participé aux soulèvements comme en Tunisie. Dans ce pays, 42% des 15-24 ans sont au chômage (source : Jeune Afrique, oct-nov. 2013).

Ce tableau, certes sans concession et plutôt pessimiste, ne témoigne pas de l’extraordinaire dynamisme de la jeunesse d’Afrique et certains pays font figure d’exemples (Sénégal, Maroc). Les choses changent, les systèmes du passé mutent. Le fort sentiment d’africanité, l’émergence d’entreprises et de leaders sur ce continent, offrent de réelles perspectives.

Alors rendez-vous la semaine prochaine pour les découvrir !

 

Commentaires (3)

  1. Annemijn PERRIN

    I do not think that this is entirely true. The needs to be a clear link between in a countries economic development and the jobs that it requires for the industries to develop the country.

    Take an example like Liberia where a clear focus is put on STEM to ensure an economic growth (jobs are a lot technical sectors) for the country. The country today does not need a lot of business skilled people but more technically focussed people. it is therefore important to align the programs that are proposed to the needs of the country at a Government level, which does not exclude management/social studies but it does require quotas for sectors. But countries like Ghana, Nigeria, Botswana etc are all going in this direction. I would therefore say that there is a real opportunity for the Engineering schools in the Higher Education sector but also for the Higher Education sector for Educational development to concentrate on the STEM subject and to develop the curriculum needed.

    It is true that less money is left aside for HE, but also note that a lot of the budget goes to Secondary Education and Primary Education to ensure a better input into the system in the future, as it is well known that if you have a badly qualified input to do not get a great output.

  2. Pingback: Où en est l’enseignement sup&eacut...

  3. Jean-François Fiorina (Auteur de l'article)

    Good evening, my next post will make the focus on good practices and successes. What you’re talking about is one of the directions where goods results are attended. I also think that higher educational hubs which gathered talents on a special field in the same area also bring good results. Regards

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