Si mon premier billet dressait un état des lieux plutôt pessimiste, celui-ci vous donnera du souffle ! L’Afrique, sa croissance et son potentiel, attirent des réels ambitions économiques et académiques. Les besoins sont énormes et plusieurs pays comme le Ghana, le Maroc ou l’Afrique du sud se sont positionnés comme les plaques tournantes de ce nouveau développement.
L’Afrique a de l’avenir. Aujourd’hui, pour un futur cadre, il n’est plus question de s’expatrier pour se former mais de rester sur place. C’est un signal fort. La croissance dans le secteur privé tire le développement du continent et même celui de la planète. McKinsey et BCG ont montré, dans de récentes études (2010 et 2013), la naissance d’un véritable consommateur africain et le développement de grandes entreprises sur le continent, d’origine africaine ou filiales de grands groupes européens y compris français comme Bolloré Africa Logistics. A tel point que des cabinets de recrutement sont à l’œuvre pour fournir les compétences et les managers qui manquent actuellement ! Le récent Rapport du Sénat du 29 octobre 2013 montre également bien que l’Afrique est un marché important pour la France.
Plus question non plus d’embaucher les yeux fermés des expatriés. L’heure est au recrutement de talents locaux. Ils connaissent les marchés et leur coût reste encore inférieur à celui d’un « expat ». Les agences locales de recrutement (Jobinainfrica, Africa Search , African Talent…) tout comme les « grandes marques » ont également investi ce marché prometteur (Michael Page, Robert Walters…). L’essor des services numériques après celui de la téléphonie offre également une réelle opportunité, celle de gagner une génération dans le développement du continent.
Portes d’entrées continentales, les hubs aériens sont en train de se développer en Afrique à l’image de Casablanca, Joannesbourg mais aussi Nairobi et Addis-Abbeba. C’est un autre indicateur de croissance et de développement des flux de d’activités et de personnes.
Les académiques sont de la partie. On ne compte plus les initiatives ! De nombreuses universités étrangères s’installent sur le continent : CEIBS et New York University au Ghana, d’autres en Afrique du sud… Le réseau des écoles de business se structure autour de l’Association of African Business Schools ou du Global Business School Network, des initiatives privées portent également des projets de création ou de rachat d’écoles (par Laureate). Le Maroc déjà bien installé dans certains secteurs de la finance et de l’industrie, se positionne comme un hub à l’échelle continentale comprenant une forte dimension académique.
D’importants organismes d’accréditation tels que l’EFMD et l’AACSB organisent des conférences sur l’Afrique – je participe d’ailleurs à celle de l’EFMD actuellement, dont le thème est « Entrepreneurship and management education in Africa »
Pour moi qui assiste depuis l’origine à cette conférence (sur l’Afrique), je note avec satisfaction que les participants africains sont de plus en plus nombreux. Il y a une véritable prise de conscience et une volonté de se développer
Je pense aussi au Deans Accross Frontiers (EFMD) qui anime son réseau y compris en Afrique. Le classement des écoles de management par le magazine Jeune Afrique s’installe progressivement dans le paysage. Le CAMES (Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur) favorise la coopération entre Etats et systèmes éducatifs en Afrique. Petit à petit, on le constate, les systèmes d’assurance qualité et de collaboration entre Etats se mettent en place. C’est une évolution très positive.
Des soutiens financiers. Ces développements ne peuvent s’affranchir de la mise en place de systèmes de financement pérennes. La Banque Mondiale y travaille tout comme l’AUF (Agence Universitaire de la Francophonie) par ses bourses et appels d’offres. Le magazine Forbes Africa valorise les nouveaux leaders économiques et financiers du continent, tout comme le CEO Africa Forum qui se tiendra en mars 2014 (Genève) pour la 2ème fois.
Grenoble Ecole de Management y croit. Notre approche est progressive, faite d’humilité. Nous n’appliquons pas de schémas pré formatés. Nous sommes fondateurs avec notre partenaire de l’ESCA de Casablanca de l’INSEAM, réseau de business-schools en Afrique (Cameroun, Côte d’Ivoire, Togo, Bénin, Burkina, Madagascar et Tunisie) associant également une école de design (Strate College) et L’Institut Portuaire de l’EM Normandie. L’objectif ? Rassembler tous les maillons de la chaîne de valeur, de la conception à l’expédition, en passant par la production. Autre objectif, proposer une formation de management de haut niveau à des Africains pour des entreprises en Afrique, traitant de problématiques locales. Notre prochain colloque se tiendra en février 2014 sur le thème de l’entrepreneuriat. Plus d’infos sur l’ISEAM (Slide Share).
A la semaine prochaine.
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