Le blog de Jean-François FIORINA

Qu’est-ce qu’une grande école de commerce ? #2

La définition d’une grande école s’écrit de manière factuelle, réglementaire et historique. Le billet de la semaine dernière y était consacré. Elle s’écrit également par les défis qu’elle doit relever. C’est le fil conducteur de ce texte. En matière de business schools, nous sommes mondialement reconnus (cf World Economic Forum ). Je m’en réjouis. Mais quels sont ces défis ?

 

  • Réseaux et alliances.

La qualité de grande école se mesure à l’aune des réseaux auxquels elle appartient, aux partenariats et alliances qu’elle tisse. Elle montre ainsi son ouverture et son influence dans un monde digital où la présence et la puissance de la marque se cultivent au quotidien.

Des réseaux à la fois professionnels, académiques, de recherche. Mais également locaux et internationaux. Une grande école de management s’inscrit dans son paysage local comme acteur de la création d’entreprise et de la diversité, tout comme dans son environnement international en tissant des liens avec d’autres campus ou entreprises mondialisés.

  • Statut et conquête.

Le statut de grande école n’est pas une assurance vie ! Il peut, au contraire, être remis en cause à tout moment dans un contexte de forte concurrence. Gérer un établissement d’envergure internationale impose une remise en cause et une mobilisation permanentes pour aller de l’avant. Nos Livres Blancs sur la formation des managers de 2030 et sur la stratégie d’accréditation internationale d’une grande école de commerce (avec la Conférence des Grandes Ecoles) illustrent bien ces exigences. Réfléchir à sa mission, bien la remplir, l’évaluer, créer une gouvernance efficace et participative favorisent le développement, la crédibilité et la visibilité d’un établissement.

  • Le grand bain de la mondialisation.

Traversez les couloirs d’une business school ou d’une école d’ingénieurs et vous voyagerez à travers le monde. Peut-être ne croiserez-vous aucun étudiant hexagonal ! Le « terrain de jeu » d’une grande école est devenu planétaire avec pour objectif de recruter les meilleurs talents, étudiants ou professeurs. Ils passeront par la France ou peut-être par d’autres campus affiliés.

Les cursus s’internationalisent. Ils engoblent maintenant toute la planète y compris l’Afrique dont les leaders émergent (cf mes deux précédents posts). La croissance économique de ce continent et le développement des réseaux participent à cet essor. La bascule est faite ! On compte désormais plus d’étudiants dans les pays émergents qu’en Occident. L’Enseignement supérieur s’impose comme un acteur clé de la géopolitique et de la géoéconomie mondiale.

  • Intense concurrence.

Les business schools sont vraisemblablement l’un des secteurs où la concurrence est la plus intense. Elle ne provient plus seulement des écoles entre elles mais de nombre d’institutions, l’université en tête. Avec des modèles économiques très divers…

  • Nœud financier.

L’éducation a un coût, je le rappelle régulièrement. La grande majorité des business schools financent leur développement par les revenus qu’elles génèrent. Pour certaines, les droits d’inscription et les ressources propres (hors tutelle) couvrent plus de 90% de leur budget. C’est par leur créativité qu’elles poursuivent leur développement et offrent toujours plus de services malgré les contraintes. Pour d’autres types de grandes écoles, sous tutelle publique, les enjeux sont de nature différente. Elles tirent leur financement essentiellement de subsides publics.

  • L’école se conjugue au futur.

Il n’échappe à personne que la vague numérique bouleverse la donne éducative. Bien loin de supprimer le prof et sa pédagogie, elle offre de nouvelles perspectives dont il faut tenir compte. La grande école se situe bien souvent à l’avant-garde de ces mutations (MOOC, serious games, etc). Elle doit les intégrer dans son ADN, recruter la ressource professorale adéquate ce qui n’est pas évident, proposer des services de plus en plus pointus… Et prouver que sa mission essentielle est bien préparer les nouvelles générations pour répondre, de manière pertinente, aux demandes des entreprises.

L’ère digitale donne toute sa puissance à la visibilité de la marque « grande école » tout en l’exposant de plus en plus à la critique, aux commentaires et à la concurrence. On le voit bien l’école du futur, c’est bien plus que de nouvelles technologies à maîtriser. Les étudiants achètent une marque et une promesse qu’il faut tenir. Des voix s’élèvent aux Etats-Unis (cf mon post avec Pierre-Yves Sanséau professeur à GEM, après un échange aux USA) pour se demander si les études supérieures remplissent encore bien leur mission. Et s’il est encore pertinent de tenter de suivre un cursus universitaire à tout prix.

Afin de poursuivre leur développement, les business schools seront amenées à devenir des « schools for business » ! Encore plus proches des attentes des parties prenantes, étudiantes et économiques. Avec la nécessité de s’impliquer de manière beaucoup plus intime dans la société.

  • Responsabilité sociétale et environnementale.

Ces composantes d’un monde en devenir font partie, à la fois de la politique des établissements mais également de temps d’enseignements. Les grandes écoles ont vocation à innover, à trouver de nouveaux chemins de croissance et de responsabilité vis-à-vis de la planète et de la société.

Une élite doit voir plus loin que l’horizon, se projeter vers l’avenir, mobiliser les énergies. Nos jeunes sont enthousiastes, ils sont force de proposition et de motivation. Nous avons la chance d’avoir de belles ressources dans nos établissements ! A nous de leur donner les armes pour comprendre le monde complexe dans lequel ils vivent. A nous de les aider à révéler leurs talents et leur esprit critique. Le monde de demain en a besoin.

J’aurais pu parler de bien d’autres enjeux que la situation de crise et de concurrence nous rappelle régulièrement. Mais mon propos est bien de rester positif, de puiser dans la lecture de cette crise, les informations et les ressources pour rebondir. De toute manière, si nous ralentissons, nous serons fragilisés…

 

Commentaires (2)

  1. Pingback: Qu’est-ce qu’une grande écol...

  2. capitole

    Une grande école de commerce se définit effectivement par les défis qu’elle doit relever. Pour cela, il est question de mettre en place une batterie de mesures qui visent son meilleur positionnement dans la sphère académique et professionnelle.

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